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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 48 (Septembre 1902)
DOI article:
Mauclair, Camille: Jacques-Émile Blanche
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0254

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L'ART DECORATIF

Manet et de Stevens. H fréquenta quelque
temps chez Manet, déjà malade et près de
sa douloureuse hn prématurée. Il avait passé
par l'atelier de M. Gervex, à l'époque où
cet artiste donnait, avec les Co777777zz7zz'u7zfex,
le et certains nus, de belles espérances
auxquelles ont est peiné d'avoir dû renoncer
aujourd'hui. Là, d'ailleurs, M. Blanche ne
dut pas apprendre grand'chose, le parisianisme
et la vogue de son maître étant déjà beau-

coup trop brillants et superficiels pour ne
pas intimider sa nature nuancée de mélan-
colie et éprise de discrétion silencieuse. La
superbe franchise, si large et si saine, de
Manet, la précision un peu morne mais si
sérieusement picturale, si racée, de Stevens,
laisseront plutôt des souvenirs perceptibles
dans son œuvre récente. M. Blanche connut
à Londres l'illustre Whistler, qui, s'inté-
ressant à ses débuts, consentit à le conseiller


RÉVEIL DE LA PETITE PRINCESSE

et à lui donner le plus précieux des exemples
en travaülant devant lui. A partir de ce
moment, la personnalité de l'artiste s'élabora,
non sans peine. II devait en effet passer plu-
sieurs années à produire des œuvres qu'ins-
pirait son admiration immédiate pour des
amis contemporains qui lui semblaient avoir
trouvé du nouveau, et il devait, presque
desservi par la modestie, travaillant avec
peine, ne s'apercevoir que plus tard, en
mûrissant son œuvre, que son admiration
s'adressait, à travers ses amis, aux maîtres
dont ils n'étaient que les reflets. Cette évo-
lution difficile, nous l'avons tous accomplie
de vingt à trente ans, et les plus sages sont
ceux qui ont commencé seulement à cet âge
à montrer leurs tableaux ou leurs livres.
Mais ce n'est pas toujours possible, non
seulement à cause des nécessités matérielles
qui donnent au travail une obligation et une
sanction si urgentes, mais encore à cause
du besoin qu'éprouve tout artiste de mon-
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trer ce qu'il fait, de consulter, de fortifier
sa conscience par des références étrangères.
Le jour où toute cette période hésitante est
close, où l'on se trouve en présence de
quelques notions claires, où l'on comprend
dans les maîtres ce qui ne s'enseigne pas,
où on les débarrasse de tout le respect con-
venu pour leur en vouer un autre plus sin-
cère, l'hommage d'une digne continuation
de leurs immortelles et simples lois, — ce
jour-là on touche à une joie spéciale, celle
de mesurer exactement les rapports de son
talent et de sa vocation.
M. Blanche avait « la vocation ", le dé-
sir très net de séparer son goût des belles
choses de son vœu d'en peindre, l'amour de
l'effort pour l'effort, le besoin d'une certi-
tude morale construite sur le travail. Rien
de tout cela d'ailleurs ne nous eût dotés
d'un beau peintre, si ce volontaire n'avait
eu aussi une sensibilité aiguë et un don
vivace que développa et fortifia l'heureuse
 
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