Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 48 (Septembre 1902)
DOI article:
Thomas, Albert: La sculpture d'appartement
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0281

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
SEPTEMBRE 1902


rituri te salutant ! « Voilà comment ii intitule
son oeuvre. C'est le salut qu'adressaient jadis
à l'Autocrator les gladiateurs antiques avant
de tomber sur l'arêne. Mais c'est l'expression
d'une autre âme, d'une autre civilisation,
l'«avex suprême jeté, non plus au bord du
néant, mais au seuil d'une existence meil-
leure. L'obstinée
croyance, le mys-
ticisme naïf de la
race bretonne —
qu'il avait déjà tra-
duits dans (de Vœu"
d'une façon fort
touchante — l'ar-
tiste les a cette fois
magnifiquement ex-
primés. Œuvre de
fervent ou bien
oeuvre de psycho-
logue, la statuette
de Théodore Rivière
est grande vraiment,
plus grande que
toutes les immenses
« machines x dont
je parlais en com-
mençant. Elle dé-
passe même le pou-
voir de suggestion
de la sculpture.Elle
a la vertu de l'œu-
vre littéraire. C'est
un sonnet à l'ordon-
nance parfaite, au
rythme sûr, aux
rimes d'or et le der-
nier vers laisse en
GAROET
nous une impression
qui se prolonge et s'exalte à l'infini. Les
arts plastiques, basés sur l'imitation de la forme
concrète, ne permettent pas ordinairement à
l'imagination un pareil essor. Seuls les vers
des poètes résonnent si longtemps et si loin.
Le geste du prêtre breton égale « le geste
auguste du semeur » et celui qui élargit
jusqu'aux astres la fin de « Booz endormi H.
Est-ce à dire que la création de Théodore
Rivière soit en dehors des conditions de la
statuaire? Je ne le crois pas. Elle me semble,
au contraire, les réunir toutes : équilibre de
la masse, simplicité de la silhouette, exécution
à la fois large et précise, discrétion rare
enfin dans la polychromie. Baudelaire pré-

tend que toute sculpture qui n'est pas monu-
mentale, qui ne vise pas à compléter une
architecture est «un art de caraïbe". «Sitôt
que la scuplture consent à être vue de près,
écrit-il dans son Salon de i8q6, il n'est pas
de minuties et de puérilités que n'ose le
sculpteur, et qui dépassent victorieusement

(Emaux de Laiique) BACCHANTE
tous les calumets et les fétiches. Quand elle
est devenue un art de salon ou de chambre
à coucher, on voit apparaître les caraïbes
delà dentelle..., et les caraïbes de la ride
et de la verrue..., puis les caraïbes du chenet,
de la pendule, de l'écritoire..." Combien
d'artistes, par leur souci ridicule du fini,
méritent de nos jours l'épithète de « caraïbes T
Théodore Rivière, lui, ne la mérite pas. Il
modèle aussi largement qu'il conçoit, se
préoccupe avant tout de la ligne et du geste,
il subordonne le détail à l'ensemble et ne
s'attarde qu'au trait caractéristique. De plus,
je l'ai dit, il combine avec un goût exquis
le marbre, l'or, le bronze, l'ivoire, l'onyx, les

249
 
Annotationen