L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (4,2.1902)

MICHELE

LA DÉCORATION DES CHAMBRES D'ENFANTS

T) ÉSERVER aux enfants, dans la maison, un
domaine privé, où tout soit disposé
pour eux, pour éveiller leur imagination et
leurs goûts en même temps que pour favo-
riser leurs jeux et se prêter aux exigences
de leur régime, c'est une habitude qui nous
est venue d'Angleterre. Le nom anglais
s'est même imposé, et l'on a acclimaté
chez nous la «nursery)), ou la nourrice est

souveraine intendante comme la cuisinière
devant ses fourneaux.
Nous avions bien la chambre d'enfants,
mais sa conception n'entrainait point chez
nous, sinon le même désir de coquetterie,
du moins la même recherche pour l'appro-
prier à ses habitants, la mettre à leur portée
et à leur niveau.
En France, où une jeune mère tient


LOVATELLI

FRISE

avec grande raison à se mêler davantage
elle-même de l'éducation de ses bébés, au
lieu de les laisser diriger par leur bonne, il
me semble que le tact et le goût maternels
peuvent inspirer un aménagement encore
plus prévenant et attachant pour les petits.
On sait quelle imagination avide de
visions et de couleurs les enfants ouvrent,
dès leurs premières années, à tout ce qui
les entoure. Ces premières années ne sau-

raient être pour eux enchantées de trop
belles images ; il semble que la mémoire en
reste flottante sur toute la vie, que nos pre-
mières visions impriment en nous leurs
couleurs pour toujours. Mais à cause de
cette sensibilité d'impression, il importe que
les premières images qui frappent les yeux
des enfants, qui encadrent et suscitent leurs
premières sensations, ne soient pas capables
de fausser irrémédiablement leur juste sen-