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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 49 (Octobre 1902)
DOI article:
Thomas, Albert: Camille Lefèvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0324

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L'ART DECORATIF

de portraits et d'études du plus pénétrant
réalisme , Heures féminines surprises en
leurs moments d'abandon , joignant à
la saveur, à la blonde douceur de la chair
une hnesse pensive, une acuité qui sont
bien de notre époque. Le ((Travailleur



des champs ", placide et têtu, retroussant sa
manche, exposé au dernier Salon, prouve
que, sous l'influence de Constantin Meunier,
dont il reconnaissait l'humanité puissante,
de Camille Lefèvre, dont il suivait les origi-
nales recherches, Dalou s'acheminait vers
une compréhension nouvelle de la vie. Mais

ses grandes compositions demeurent tradi-
tionnelles. Elles répètent les formules du
XVIL siècle et du XVIIL. Ce sont les
mêmes agencements majestueux et parfois
théâtraux, les mêmes attributs, les mêmes
exhibitions de muscles, les mêmes raccourcis
surprenants, les mêmes envolements de dra-
perie et la même emphase d'apothéose. Dans
le monument de Delacroix, si le visage du
peintre, brûlant de génie et de fièvre, té-
moigne d'une rare divination psychique, les
figures qui l'accompagnent, malgré l'entraî-
nante hardiesse de leur mouvement en spi-
rale, procèdent d'un symbolisme en somme
assez suranné. Le «Triomphe de Silènes,
débordant de joie païenne, heure néanmoins
l'exercice de rhétorique. Ainsi des oeuvres à
visées humanitaires : Dalou jetait dans le
moule de l'allégorie classique les pitiés, les
espoirs, les hertés que lui inspirait le peuple,
mais, sous ce travestissement, le peuple ne
pouvait les reconnaître, en deviner la sin-
cérité et la généreuse chaleur. Le « Triomphe
de la Républiques, création d'une pensée
fervente, semble surtout un admirable mor-
ceau littéraire, un superbe développement
oratoire ; un critique a dit spirituellement :
quelque chose comme un discours de Gam-
betta, mais mieux écrit et dont la forme
mériterait d'étre conservée. Le monument
entrepris par Dalou pour la glorification du
tribun, confié aux soins de Camille Lefèvre,
ce sera, tout naturellement, « quelque chose
comme un discours de Gambetta )>. Il s'élè-
vera sur une des places de Marseille ; il
mesurera 6"\5o en hauteur. Il aura, certes,
une autre allure que l'incohérente pièce
montée qui déshonore le Louvre, sa per-
spective de noblesse et de faste. L'avocat
patriote apparaîtra au sommet, piété for-
tement, croisant les bras, secouant la cri-
nière, défiant tous les ennemis. On retrouvera
bien là son air de lion et l'accent de son
héroïque faconde. A la base du socle, entas-
sement de trophées : sabres, cuirasses, fusils
et drapeaux. A droite et à gauche, les iné-
luctables allégories: « iSyO)), «iSypo. La
maquette de cette dernière a été complètement
achevée par Dalou. Elle représente la Sagesse
relevant la République. Le groupe évi-
demment ne manque ni de robustesse ni de
grandeur. Mais la Sagesse porte le casque
de Minerve et son égide. De l'autre groupe:
« iSyO)), symbolisant la Résistance, il n'exis-

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