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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

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Koechlin, Raymond: L' art japonais et l'art moderne: à propos de la vente Hayashi
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0157

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L'ART DÉCORATIF

avons un peu intimement fréquentés ; c'est elle
qui réprima tout ce que leur fantaisie aurait
pu avoir d'excessif. Toute leur ambition fut de
donner aux objets qu'ils étaient chargés de fa-
çonner ou de décorer la forme et l'ornemen-
tation les mieux appropriées à leur destination ;
ils y réussirent à merveille, et nous ne con-
naissons pas, aux beaux temps de l'art du
Japon, de bol à thé où il ne soit agréable

le tour de force pour l'amour du tour de
force; au contraire, c'est l'unique culte de
son art moderne, et c'est là ce qui frappa
surtout l'Europe quand elle fut entrée en
contact avec lui. On vit dans le Japonais
un partisan convaincu de la théorie de l'art
pour l'art, qui, en matière d'art décoratif,
est la plus absurde de toutes celles qui se
pourront imaginer, et cette fausse conception


COLLECTION HAYASHI
de boire, d'écritoire de laqrte avec laquelle on
n'aurait pu écrire, ou de garde de sabre qui
aurait nui par son décor à l'arme dont elle
devait augmenter la solidité. L'utile passait
avant le brillant. A la vérité, quand les tra-
ditions séculaires du Japon vinrent à s'af-
faiblir, quand, au siècle dernier, le parfait
équilibre qui régnait dans cette civilisation
se rompit et que, malgré les barrières qui
subsistaient encore, l'induence de l'Europe
commença à se faire sentir, cette parfaite
mesure qui avait été la marque de l'art
japonais disparttt, et le malheur voulut que
ce furent des objets de ces époques de
décadence qui tombèrent d'abord sous les
yettx de nos artistes. Le Japonais est un
ouvrier d'une habileté merveilleuse; mais
dans les périodes de grand style, elle ne
l'avait jamais entraîné, et il ne pratiqua pas

gâte en partie le bien que sa rencontre avec
le Japon devait faire à l'art moderne.
Des expositions comme celles des col-
lections Hayashi, la réunion dans les musées
d'œuvres bien choisies, ainsi que commence
à le faire le Louvre, dans des galeries hélas
trop peu garnies encore, et aussi, il faut le
dire, trop peu connues et visitées du public
et surtout des artistes ; tout cela pourra
contribuer à remettre l'art contemporain
dans la voie que lui trace le véritable art
japonais. Grâce à lui, il s'est débarrassé des
anciennes stylisations qui avaient fait leur
temps; grâce à lui, il a rouvert sur la
nature des yettx plus frais et il a su s'en
inspirer, — car la sincérité du naturalisme
dans son décor est une qualité que le Japo-
nais, même aux plus tristes moments de
décadence, n'avait jamais perdue. Quel ser-

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