DOI article:
Thomas, Albert: La sculpture aux Salons, 2
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.34208#0054
L'ART DECORATIF
pières, au pli des lèvres, le secret de destins
obscurs, et, dans ces flâneries, apprennent à
connaître la forme vivante aussi bien que
les instincts et les âmes. Car les corps s'at-
E. GAUDISSARD
firment dans l'atmosphère avec leur struc-
ture et leur mécanisme, avec les déviations
causées par les métiers, avec les tares de la
misère et de l'âne. Ezz Acvée de M. d'Hou-
dain, nonobstant l'académique nudité des
trois hommes suspendus à la barre, témoigne
un peu de cette recherche de réalisme mo-
derne, et surtout leTozzz^zzoz? de M. Torre
y Berastegui, où vibre l'accent des
revendications sociales, l'Ah'ver de
M. Cordona, groupant près de
leur mère deux petits grelottants,
LÆàz/hzzf, bas-relief cordial de M.
Charles Mathieu, leDé&ziraLz/z'he
Aezàze de M. Lambert, le Tzzzzc/zezzz*
de M. Nivet, long, maigre, la faux
à l'épaule, tenant la cruche de
terre, marchant dans l'hébétude
du soleil, l'Æzz/hzzf zzzzz/zzhc de M.
Peyronnet et la AMûezvzz'fé pas-
sionnée de M. Szymanowski, et
le Crzzzzh-Pèz'c de M. Muscat, et
la Æo/zM de M. Gaudissard, de
silhouette simple, d'expression
heureuse, et le Auzzz <yzzofzhze;z de
Mme Berthe Girardet, dont je me
suis plu à louer dernièrement, ici
même, l'ordonnance discrètement
pathétique, l'émotion pure et la
tendre pitié. Lu Eezztzg de M. Birot
est, je crois bien, l'œuvre la plus
prenante en ce genre. Une femme
en grand deuil s'avance, la main
droite à la taille, la main gauche
laissant pendre un bouquet de chry-
santhèmes. Le crêpe coule d'un
côté tout le long du grave visage
aux bandeaux lisses, aux traits
comme effacés par l'habitude des
larmes. En dépit de ses dimen-
sions de nature, ce plâtre patiné
légèrement de rouge a fait pro-
noncer le nom de "Tanagra». Et,
vraiment, il y a là un sens de la
draperie, une sobriété éloquente
qui rappellent les coroplastes
antiques.
Maintenant, ce sont des œu-
vres estimables que recomman-
dent, faute d'une émotion très
vive, soit une science sûre et un
tact irréprochable, comme le
Lzz Bonze T/'z'zzce Lfczzrz h'Or/ézzzzv de Mer-
cié, expirant sans geste mélodra-
matique sur la carte de la mystérieuse Asie,
comme le Co/ozze/ de Erémiet,
soit un joli sens décoratif et une poésie rê-
veuse, comme les Lfzzrzzzozzzex de M. Peyre,
38
pières, au pli des lèvres, le secret de destins
obscurs, et, dans ces flâneries, apprennent à
connaître la forme vivante aussi bien que
les instincts et les âmes. Car les corps s'at-
E. GAUDISSARD
firment dans l'atmosphère avec leur struc-
ture et leur mécanisme, avec les déviations
causées par les métiers, avec les tares de la
misère et de l'âne. Ezz Acvée de M. d'Hou-
dain, nonobstant l'académique nudité des
trois hommes suspendus à la barre, témoigne
un peu de cette recherche de réalisme mo-
derne, et surtout leTozzz^zzoz? de M. Torre
y Berastegui, où vibre l'accent des
revendications sociales, l'Ah'ver de
M. Cordona, groupant près de
leur mère deux petits grelottants,
LÆàz/hzzf, bas-relief cordial de M.
Charles Mathieu, leDé&ziraLz/z'he
Aezàze de M. Lambert, le Tzzzzc/zezzz*
de M. Nivet, long, maigre, la faux
à l'épaule, tenant la cruche de
terre, marchant dans l'hébétude
du soleil, l'Æzz/hzzf zzzzz/zzhc de M.
Peyronnet et la AMûezvzz'fé pas-
sionnée de M. Szymanowski, et
le Crzzzzh-Pèz'c de M. Muscat, et
la Æo/zM de M. Gaudissard, de
silhouette simple, d'expression
heureuse, et le Auzzz <yzzofzhze;z de
Mme Berthe Girardet, dont je me
suis plu à louer dernièrement, ici
même, l'ordonnance discrètement
pathétique, l'émotion pure et la
tendre pitié. Lu Eezztzg de M. Birot
est, je crois bien, l'œuvre la plus
prenante en ce genre. Une femme
en grand deuil s'avance, la main
droite à la taille, la main gauche
laissant pendre un bouquet de chry-
santhèmes. Le crêpe coule d'un
côté tout le long du grave visage
aux bandeaux lisses, aux traits
comme effacés par l'habitude des
larmes. En dépit de ses dimen-
sions de nature, ce plâtre patiné
légèrement de rouge a fait pro-
noncer le nom de "Tanagra». Et,
vraiment, il y a là un sens de la
draperie, une sobriété éloquente
qui rappellent les coroplastes
antiques.
Maintenant, ce sont des œu-
vres estimables que recomman-
dent, faute d'une émotion très
vive, soit une science sûre et un
tact irréprochable, comme le
Lzz Bonze T/'z'zzce Lfczzrz h'Or/ézzzzv de Mer-
cié, expirant sans geste mélodra-
matique sur la carte de la mystérieuse Asie,
comme le Co/ozze/ de Erémiet,
soit un joli sens décoratif et une poésie rê-
veuse, comme les Lfzzrzzzozzzex de M. Peyre,
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