ALFRED ROLE
pied à des vachères, des vendeuses de sa-
lade ou des plâtriers appelés par leurs noms
disgracieux, ou même par celui de leur pro-
fession. De toutes ces effigies, mis à part la
douloureuse Afuz*c/zzzzzde A? iz<?zV et un vieux
Afuçozz admirable, s'impose
au Musée du Luxembourg
la plus considérable, ALtzzdu
LuztzAz*m, y<?zvz?zêz*<?. C'est,
là encore, l'influence franche
de Manet qui se révèle, mais
de ce Manet délicatement
gris et tendre qu'on n'a
guère voulu voir au temps
où il n'était bruit que de
ses l'zo/ezzcex. Debout dans
la brume cendrée du petit
matin, sur le fond d'un ver-
ger où se profile une vache,
la jeune femme rose et
fraîche, vêtue de gris et de
blanc, s'avance, un de ses
bras nus jusqu'au coude s'é-
cartant du corps pour équi-
librer le poids du seau de
lait que porte l'autre. Tout
se fond dans une gamme
de valeurs infiniment déli-
cates, moites de rosée : le
visage est riant, paisible,
sans joliesse et sans brutale
accentuation; l'ensemble de
ce beau morceau est une
des choses les plus savantes
dans la spontanéité que l'art
actuel puisse revendiquer.
Vérité, simplicité, largeur,
tout y concourt et c'est la
devise qui résumerait l'artiste
lui-même. ALzzzdu est de
1888; l'année suivante, Azz
LVé et lVDz/htPutz 74t7m<?<3M,
nu jusqu'à la ceinture, peint
en plein soleil, avec un torse
étonnant de couleur, tenant
par sa corde l'énorme ani-
mal blanc et roux, certi-
fiaient en M. Roll, l'union de ses deux gran-
des tendances de coloriste et de réaliste po-
pulaire. Diverses autres oeuvres moins impor-
tantes suivirent, desquelles on retiendra surtout
un Luâuz.zz*ug*e et une petite toile, un homme
au dos nu, monté sur un gros cheval, où
l'étude de la peau dans une lumière de plein-
air, presque blafarde, a peut-être trouvé sa
définitive et indépassable expression. Enfin,
l'épisode titré OzzrmzVz\y de /u ?ez*z*e redevient
émouvant, douloureux, résigné et sombre :
ces êtres couleur de terreau, courbés sous la
Poz*m<2d &z peùzmo Dmzzoye
passivité du destin, faits de la boue qu'ils
tourmentent avant d'y rentrer, laissent bien
loin derrière eux le réalisme pur et simple :
pour moi, quand j'ai eu connaissance des
tragiques visions de Maxime Gorki, j'ai vu
à l'instant émerger de mes souvenirs cette
toile, comme l'expression d'une âme iden-
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pied à des vachères, des vendeuses de sa-
lade ou des plâtriers appelés par leurs noms
disgracieux, ou même par celui de leur pro-
fession. De toutes ces effigies, mis à part la
douloureuse Afuz*c/zzzzzde A? iz<?zV et un vieux
Afuçozz admirable, s'impose
au Musée du Luxembourg
la plus considérable, ALtzzdu
LuztzAz*m, y<?zvz?zêz*<?. C'est,
là encore, l'influence franche
de Manet qui se révèle, mais
de ce Manet délicatement
gris et tendre qu'on n'a
guère voulu voir au temps
où il n'était bruit que de
ses l'zo/ezzcex. Debout dans
la brume cendrée du petit
matin, sur le fond d'un ver-
ger où se profile une vache,
la jeune femme rose et
fraîche, vêtue de gris et de
blanc, s'avance, un de ses
bras nus jusqu'au coude s'é-
cartant du corps pour équi-
librer le poids du seau de
lait que porte l'autre. Tout
se fond dans une gamme
de valeurs infiniment déli-
cates, moites de rosée : le
visage est riant, paisible,
sans joliesse et sans brutale
accentuation; l'ensemble de
ce beau morceau est une
des choses les plus savantes
dans la spontanéité que l'art
actuel puisse revendiquer.
Vérité, simplicité, largeur,
tout y concourt et c'est la
devise qui résumerait l'artiste
lui-même. ALzzzdu est de
1888; l'année suivante, Azz
LVé et lVDz/htPutz 74t7m<?<3M,
nu jusqu'à la ceinture, peint
en plein soleil, avec un torse
étonnant de couleur, tenant
par sa corde l'énorme ani-
mal blanc et roux, certi-
fiaient en M. Roll, l'union de ses deux gran-
des tendances de coloriste et de réaliste po-
pulaire. Diverses autres oeuvres moins impor-
tantes suivirent, desquelles on retiendra surtout
un Luâuz.zz*ug*e et une petite toile, un homme
au dos nu, monté sur un gros cheval, où
l'étude de la peau dans une lumière de plein-
air, presque blafarde, a peut-être trouvé sa
définitive et indépassable expression. Enfin,
l'épisode titré OzzrmzVz\y de /u ?ez*z*e redevient
émouvant, douloureux, résigné et sombre :
ces êtres couleur de terreau, courbés sous la
Poz*m<2d &z peùzmo Dmzzoye
passivité du destin, faits de la boue qu'ils
tourmentent avant d'y rentrer, laissent bien
loin derrière eux le réalisme pur et simple :
pour moi, quand j'ai eu connaissance des
tragiques visions de Maxime Gorki, j'ai vu
à l'instant émerger de mes souvenirs cette
toile, comme l'expression d'une âme iden-
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