L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (5,2.1903)

LA RELIURE
AU PAVILLON
DE MARSAN

T IN bibliophile parisien, M. Henri Mo-
^ J nod, a eu la très heureuse idée de
s'adresser à un certain nombre de relieurs,
en conhant à chacun un ouvrage à revêtir
dans la pleine liberté de son inspiration.
C'est le résultat de cette sorte de compé-
tition qui a donné matière, au Musée des
Arts Décoratifs, à une petite exposition.
L'exemple est en effet utile à signaler, et
c'est par une pareille initiative privée,
grâce à certains amateurs s'intéressant
réellement aux arts appliqués, désireux
de vivre eux-mêmes dans la compagnie
de belles choses, que les manifestations
de notre renaissance pourront être le plus
efficaces. N'est-ce pas là, en effet, jouer le
rôle véritable de Mécène: le Mécène ne
doit pas seulement acquérir les œuvres
qu'il voit produites; il doit en susciter
la production, et s'il est nécessaire, pour

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la plus sûre valeur de l'œuvre, de laisser
toute indépendance à l'artiste, le choix
même des artistes à qui l'on s'adresse
indique un sentiment, une tendance.
Cette initiative vaudrait d'êlre répan-
due du haut en bas de l'échelle des arts
industriels, c'est-à-dire qu'elle devrait
aller des menus bibelots d'amateurs à la
construction et à l'aménagement de toute
une demeure. A l'avant-dernier Salon,
M. le baron Vitta admettait ainsi le public
à juger de tout un ensemble de décoration
intérieure longuement réalisé, et qui, s'il
n'était pas fait pour plaire généralement,
était aussi profitable pour les défauts que
pour les qualités qu'il pouvait mettre en
évidence.
Dans le groupement des reliures exé-
cutées pour M. Monod, une partie des
auteurs n'a pas fait grand effort d'imagi-
nation. Plusieurs se sont bornés à exé-
cuter un habillage discret et solide, à
choisir Dur maroquin, à disposer des
hlets ou des petits fers. Peut-être ont-ils
eu raison, car c'est là la reliure la plus
logique pour des livres de lecture courante.
Mais il est évident cependant que, dans