L'ART DÉCORATIF
douce comme on en rêve dans ie bercement
des dots. Par terre, sans couvrir ia totaiité
du point de Hongrie, un tapis de Jorrand,
d'aspect vert ciair mêlé de jaune de Naples
et de blanc gris, représente des ciguës sty-
lisées, feuilles dressées, vastes ombelles en
panaches.
Si bien que la coloration totale de cette
pièce figure un camaïeu havane clair, com-
mençant par la blancheur du bois de frêne
ciré des lambris et des meubles, pour atteindre
le mordoré deux tons du grès du poêle, en
passant par les valeurs du parquet, des ri-
deaux, des cuivres mats et du pochoir.
Dans le fumoir, le lambris, beaucoup
plus sombre, formé de plans verticaux ter-
minés par un décor de carrés enclosant un
rond boutonné, garnit le pourtour, joignant
une cheminée de même bois, — du noyer
ciré de Nouvelle-Calédonie, — d'une cha-
leur de ton extraordinaire, à pilastres carrés
ornés de lunaires en cuivre repoussé de
Schncck, terminés de plateaux également
carrés soutenus d'archivoltes. Le contre-
chœur est orné du même motif de lunaires
métalliques. Ces plateaux supérieurs portent
des vases de goût, le dessus du coffre de la
cheminée, — retrait éclairé d'une glace à
biseaux, — un sphinx accroupi, grès de
Muller. Le coin de gauche est occupé par
une banquette faisant corps avec le lambris,
recouverte d'un maroquin grenat foncé, ainsi
que les chaises et fauteuils, de lignes très
simples, à dossiers en éventail.
Deux lustres en cuivre suspendus à
l'extrémité de grands bras à pivots, de chez
Bing, qui permettent de les amener l'un au
milieu de la table de jeu, l'autre devant la
bibliothèque ou le piano, dont je juge inu-
tile de parler, possèdent un dispositif curieux.
Dans une sorte de cage en étoffes lé-
gères, vaste ombrelle creuse rappelant la
tonalité de l'ensemble, dessous crème (ou
blanc passé), sont enfermées les lampes. Au
centre une poignée de cuivre permet de ré-
duire ou d'augmenter l'intensité de l'éclai-
rage.
Les bois des meubles, du lambris et de
la cheminée, sont, ai-je dit, en noyer verni
de Nouvelle-Calédonie, d'une expressive cha-
leur de ton. Un tapis complet vieux rose
abrite le parquet. Une porte étroite ouvre
sur l'antichambre, avec le thème des boise-
ries et un vitrail de Socard en nuances
vertes, opalines et laiteuses, un belvédère
grec dans un parc. Le fond, le raccord de
tout ceci, est un papier de tenture rouge-
brun avec frise de Francis Jourdain, paysage
de même palette, pans de maisons bleuâtres,
clartés lunaires, sous les volutes du tabac.
La coloration générale de cet ensemble
est plus foncée que celle de l'autre pièce.
C'est un camaïeu vieux rose et rouge, monté
de ton en une savante gradation. Pour un
fumoir, le symbole est explicite. Ce n'est
pas une trouvaille merveilleuse, mais encore
fallait-il y songer. Et M. Selmersheim n'y a
pas manqué.
LÉON RlOTOR.
TONY SELMERSHEIM Z,M3?re
200
douce comme on en rêve dans ie bercement
des dots. Par terre, sans couvrir ia totaiité
du point de Hongrie, un tapis de Jorrand,
d'aspect vert ciair mêlé de jaune de Naples
et de blanc gris, représente des ciguës sty-
lisées, feuilles dressées, vastes ombelles en
panaches.
Si bien que la coloration totale de cette
pièce figure un camaïeu havane clair, com-
mençant par la blancheur du bois de frêne
ciré des lambris et des meubles, pour atteindre
le mordoré deux tons du grès du poêle, en
passant par les valeurs du parquet, des ri-
deaux, des cuivres mats et du pochoir.
Dans le fumoir, le lambris, beaucoup
plus sombre, formé de plans verticaux ter-
minés par un décor de carrés enclosant un
rond boutonné, garnit le pourtour, joignant
une cheminée de même bois, — du noyer
ciré de Nouvelle-Calédonie, — d'une cha-
leur de ton extraordinaire, à pilastres carrés
ornés de lunaires en cuivre repoussé de
Schncck, terminés de plateaux également
carrés soutenus d'archivoltes. Le contre-
chœur est orné du même motif de lunaires
métalliques. Ces plateaux supérieurs portent
des vases de goût, le dessus du coffre de la
cheminée, — retrait éclairé d'une glace à
biseaux, — un sphinx accroupi, grès de
Muller. Le coin de gauche est occupé par
une banquette faisant corps avec le lambris,
recouverte d'un maroquin grenat foncé, ainsi
que les chaises et fauteuils, de lignes très
simples, à dossiers en éventail.
Deux lustres en cuivre suspendus à
l'extrémité de grands bras à pivots, de chez
Bing, qui permettent de les amener l'un au
milieu de la table de jeu, l'autre devant la
bibliothèque ou le piano, dont je juge inu-
tile de parler, possèdent un dispositif curieux.
Dans une sorte de cage en étoffes lé-
gères, vaste ombrelle creuse rappelant la
tonalité de l'ensemble, dessous crème (ou
blanc passé), sont enfermées les lampes. Au
centre une poignée de cuivre permet de ré-
duire ou d'augmenter l'intensité de l'éclai-
rage.
Les bois des meubles, du lambris et de
la cheminée, sont, ai-je dit, en noyer verni
de Nouvelle-Calédonie, d'une expressive cha-
leur de ton. Un tapis complet vieux rose
abrite le parquet. Une porte étroite ouvre
sur l'antichambre, avec le thème des boise-
ries et un vitrail de Socard en nuances
vertes, opalines et laiteuses, un belvédère
grec dans un parc. Le fond, le raccord de
tout ceci, est un papier de tenture rouge-
brun avec frise de Francis Jourdain, paysage
de même palette, pans de maisons bleuâtres,
clartés lunaires, sous les volutes du tabac.
La coloration générale de cet ensemble
est plus foncée que celle de l'autre pièce.
C'est un camaïeu vieux rose et rouge, monté
de ton en une savante gradation. Pour un
fumoir, le symbole est explicite. Ce n'est
pas une trouvaille merveilleuse, mais encore
fallait-il y songer. Et M. Selmersheim n'y a
pas manqué.
LÉON RlOTOR.
TONY SELMERSHEIM Z,M3?re
200