L'ART DÉCORATIF
Tantôt il sera dominé par de hautes mon-
tagnes bleues, tantôt il dominera lui-même
la plaine ou la mer. Grenade offre tout
d'abord au peintre un sujet d'innombrables
études; soit qu'il gravisse le plateau de la
Sierra de! Sol pour peindre l'Alhambra, soit
d'arcades de feuillage formées par des ifs
contournés et taillés bizarrement. Des oran-
gers, des cyprès, sont plantés sur chaque
bord ; au pied de l'un de ces cyprès qui est
d'une monstrueuse grosseur, et qui remonte
au temps des Mores, la favorite de Boabdil,
qu'il aille vers un sommet parallèle, jusqu'au
Généralife, maison de plaisance des rois
maures, soit qu'il s'arrête dans l'ombreux
et frais ravin qui les sépare avec ses bois
d'orangers et de lauriers-roses, les motifs
ne lui manquent pas. Aussi Rusiuol a-t-il
souvent peint ces endroits chers à Théophile
Gautier. « Le véritable charme du Généralife,
écrivait ce dernier, ce sont ses jardins et
ses eaux. Un canal revêtu de marbre occupe
toute la longueur de l'enclos, et roule ses
dots abondants et rapides sous une suite
s'il faut en croire la légende, prouva souvent
que les verrous et les grilles sont de minces
garants de la vertu des femmes. Ce qu'il y
a de certain, c'est qu'il est très gros et fort
vieux. La perspective est terminée par une
galerie portique à jets d'eau, à colonnes de
marbre, comme le patio des myrtes de l'Al-
hambra. Le canal fait un coude et vous entrez
dans d'autres enceintes ornées de pièces d'eau,
et dont les murs conservent des traces de
fresques du XVL siècle, représentant des ar-
chitectures rustiques et des points de vue. x
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Tantôt il sera dominé par de hautes mon-
tagnes bleues, tantôt il dominera lui-même
la plaine ou la mer. Grenade offre tout
d'abord au peintre un sujet d'innombrables
études; soit qu'il gravisse le plateau de la
Sierra de! Sol pour peindre l'Alhambra, soit
d'arcades de feuillage formées par des ifs
contournés et taillés bizarrement. Des oran-
gers, des cyprès, sont plantés sur chaque
bord ; au pied de l'un de ces cyprès qui est
d'une monstrueuse grosseur, et qui remonte
au temps des Mores, la favorite de Boabdil,
qu'il aille vers un sommet parallèle, jusqu'au
Généralife, maison de plaisance des rois
maures, soit qu'il s'arrête dans l'ombreux
et frais ravin qui les sépare avec ses bois
d'orangers et de lauriers-roses, les motifs
ne lui manquent pas. Aussi Rusiuol a-t-il
souvent peint ces endroits chers à Théophile
Gautier. « Le véritable charme du Généralife,
écrivait ce dernier, ce sont ses jardins et
ses eaux. Un canal revêtu de marbre occupe
toute la longueur de l'enclos, et roule ses
dots abondants et rapides sous une suite
s'il faut en croire la légende, prouva souvent
que les verrous et les grilles sont de minces
garants de la vertu des femmes. Ce qu'il y
a de certain, c'est qu'il est très gros et fort
vieux. La perspective est terminée par une
galerie portique à jets d'eau, à colonnes de
marbre, comme le patio des myrtes de l'Al-
hambra. Le canal fait un coude et vous entrez
dans d'autres enceintes ornées de pièces d'eau,
et dont les murs conservent des traces de
fresques du XVL siècle, représentant des ar-
chitectures rustiques et des points de vue. x
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