L’ART DÉCORATIF
composa tout entier à Venise ? Dans ce décor
d’une splendide nuit d’été, le dialogue, d’a-
bord entrecoupé et inquiet, ab utit à l’ex-
tase de ce duo : « O nuit sereine, ô nuit
profonde!...» Et le son lointain des fan-
fares de chasse, avec tout son cortège .d’in-
volontaires suggestions, est une transposition
des sérénades du canal. Tout le troisième
Parmi toutes les manifestations de la
poésie de Venise, il en est qui n’ont pas
été de notre temps aussi exploitées par 1 s
peintres qu’elles mériteraient de l’être : >e
veux parler des fêtes vénitiennes.
Sans doute, à Venise, dans la belle
CI-I. COTTET
Sur le baleail du Lido (Photographie Crevaux)
acte du drame, bien qu’achevé en Suisse,
se ressent lui-même profondément de la
longue et délicieuse absorption du poison
de Venise. Ce mélange de torpeur et d’ar-
dente magnificence, qui nous envahit sur la
lagune, se traduit psychologiquement par
les alternatives de fièvre et de langueur;
c’est dire que tout ce qui fait la passion
est contenu là. Nous avons à Venise la
constante révélation d’harmonies passion-
nées, et nul cadre n’était plus propice à
faire éclore la crise tragique de Tristan, à
déchaîner cet entraînement à la fois fréné-
tique et fataliste des sens.
saison, c’est tous les jours fête, et il ne se
passe pas de soir où il n’y ait musique et
illuminations sur le Grand Canal. Mais la
Ville a gardé des temps anciens le goût
des solennités fastueuses, des beaux spec-
tacles de liesse populaire. Les peintr
du Palais Ducal nous conservent
quelques-unes des cérémonies oîi osait
le doge, prise de posses -ion < .• - .•'gr.es
ou réception d’ambassadeurs ; et nous sa-
vons le cortège triomphal qui célébrait les
symboliques noces du Sérénissime et de
l’Adriatique.
Aujourd’hui encore, chaque dimanche,
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composa tout entier à Venise ? Dans ce décor
d’une splendide nuit d’été, le dialogue, d’a-
bord entrecoupé et inquiet, ab utit à l’ex-
tase de ce duo : « O nuit sereine, ô nuit
profonde!...» Et le son lointain des fan-
fares de chasse, avec tout son cortège .d’in-
volontaires suggestions, est une transposition
des sérénades du canal. Tout le troisième
Parmi toutes les manifestations de la
poésie de Venise, il en est qui n’ont pas
été de notre temps aussi exploitées par 1 s
peintres qu’elles mériteraient de l’être : >e
veux parler des fêtes vénitiennes.
Sans doute, à Venise, dans la belle
CI-I. COTTET
Sur le baleail du Lido (Photographie Crevaux)
acte du drame, bien qu’achevé en Suisse,
se ressent lui-même profondément de la
longue et délicieuse absorption du poison
de Venise. Ce mélange de torpeur et d’ar-
dente magnificence, qui nous envahit sur la
lagune, se traduit psychologiquement par
les alternatives de fièvre et de langueur;
c’est dire que tout ce qui fait la passion
est contenu là. Nous avons à Venise la
constante révélation d’harmonies passion-
nées, et nul cadre n’était plus propice à
faire éclore la crise tragique de Tristan, à
déchaîner cet entraînement à la fois fréné-
tique et fataliste des sens.
saison, c’est tous les jours fête, et il ne se
passe pas de soir où il n’y ait musique et
illuminations sur le Grand Canal. Mais la
Ville a gardé des temps anciens le goût
des solennités fastueuses, des beaux spec-
tacles de liesse populaire. Les peintr
du Palais Ducal nous conservent
quelques-unes des cérémonies oîi osait
le doge, prise de posses -ion < .• - .•'gr.es
ou réception d’ambassadeurs ; et nous sa-
vons le cortège triomphal qui célébrait les
symboliques noces du Sérénissime et de
l’Adriatique.
Aujourd’hui encore, chaque dimanche,
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