L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,2.1906)

Carton de H. MARCEL MAGNE C/;æ:/r (/zg. rg)

illustres maîtres du XVD siècle, quand ils
créaient des vitraux dans des cathédrales
ou des églises construites au XID ou au
XIID siècles : ils ne s'amusaient pas à imiter,
sous prétexte d'harmonie, des oeuvres d'une
civilisation morte. Il en est ainsi de nos
jours. Lors même que l'église est ancienne,
c'est une erreur que de vouloir la garnir de
vitraux truqués, imitant les vitraux anciens.
Je crois en avoir fait la démonstration
dans un des monuments historiques de la
région parisienne, l'église de Bougival, où
j'ai pu, grâce à la collaboration d'artistes
tels que le statuaire René de Saint-Marceaux,
le mosaïste Guilbert Martin, le ferronnier
Robert, les peintres verriers Delon et Lau-
monnerie, reconstituer par des oeuvres d'art
le mobilier d'une ancienne église, mobilier
moderne s'accordant avec le monument an-
cien.
J'ai été secondé dans cette œuvre par
l'un de mes fils, Marcel Magne, qui a com-
posé les cartons des trente verrières de
l'église de Bougival, coopérant ainsi à une
œuvre d'ensemble et contribuant à son
unité.
Dans le chœur sont cinq verrières de la
vie de la Vierge, et dans les fenêtres hautes
de la nef se déroule la vision de l'Apoca-
lypse (fïg. p et 10).
L'artiste s'est dégagé des formules an-
ciennes, cherchant à rendre le caractère
dramatique du sujet.
D'autres vitraux ont été exécutés suc-
cessivement sur ses cartons pour la cathé-
drale d'Autun (vitrail du Sacré-Cœur), pour
le transept de l'église de Nantilly à Saumur
(vitrail de l'Assomption), pour une abside
de l'église Sainte-Croix de Bordeaux (la
Vierge, patronne des marins), pour l'église
de Locronan (vitrail de la rencontre de
Jeanne d'Arc et du connétable de Richemont);
celui-ci, d'une coloration très intense, et riche
en précieux détails, a été particulièrement
apprécié (hg. t 1).
Il eut été vraiment regrettable à notre
epoque de continuer à placer dans nos mo-
numents religieux, comme on l'a fait trop
longtemps, des caricatures de vitraux an-
ciens, exécutés industriellement et dont le
seul mérite est d'arriver à l'harmonie par la
« décoloration H.
A cet égard on ne pouvait que déplorer
qu'un monument religieux de l'importance

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