L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,1.1906)

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LE DESSIN ET SON ENSE1GNEMENT

Mesdames, Messieurs,
II est prudent de ma part, en faisant appel
ä votre bienveillante attention, de solli-
citer votre indulgence pour l’inexperience
d’un Conferencier qui va faire aujourd’hui
sa premiere Conference.
Je suis heureux pour ma these, de la
soutenir devant une aussi nömbreuse assis-
tance, parmi laquellc je reconnais des amis
dont les encouragements me sont precieux
et des hommes eminents qui, en repondant
ä mon invitation, m’ont fait grand honneur.
J’exprime aussi ma gratitude ä ceux qui,
n’ayant pu venir, ont bien voulu m’envoyer
des temoignages de Sympathie pour les
idees que je defends.
Je me propose d’etablir aussi nettement
que possible ce qui se fait actuellement
pour Tenseignement du dessin en France,
puis j’essaierai de demontrer ce qui devrait
et ce qui pourrait se faire; mais, avant
d’aborder ces deux questions, je vais exposer
succinctement les considerations generales
utiles ä la clarte du sujet et dire quelques
mots sur la genese des methodes.
Dans ce milieu oü se reunissent artistes
et gens interesses aux choses d’art, nous
1 Conference faite ä l’Ecole pratique d’Ensei-
gnement mutuel des arts, le 7 fevrier.

sommes certainement d’accord pour recon-
naitre l’utilite immediate du dessin au point
de vue industriel et le röle considerable qui
lui appartient dans tous les arts plastiques.
C’est ä ce double point de vue que le
dessin est generalement considere ; mais
j’ajouterai qu’en matiere d’education, l’etude
du dessin peut avoir une influence qui,
pour etre moins immediate et moins tan-
gible que dans l’industrie ou Tart applique,
n’en est cependant pas moins importante :
c’est de contribuer ä atteindre par la cul-
ture du gout l’elevation du sentiment indi-
viduel, c’est-ä-dire une moralite plus haute.
En favorisänt chez l’enfant le develop-
pement du sentiment artistique, Ton prepare
les adolescents et plus tard les hommes ä
trouver dans le spectacle de l’art et des
beautes naturelles des jouissances supe-
rieures, et quand 011 aime le beau, Ton est
predispose ä aimer le bien.
Que fait-on dans ce but? Rien, ou peu
de chose.
M. Ch. Bayet, alors qu’il dirigeait Ten-
seignement primaire, disait que si Ton veut
fonder l’education du peuple sur la morale,
il ne faut pas oublier que le beau en est,
pour le moins, un des elements essentiels.
Mais il disait aussi que le domaine du
beau est encore, en quelque Sorte, un do-
maine reserve.
«C’est, suivant ses expressions, comme
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