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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

DOI issue:
No. 60 (16 Juin 1888) – No. 69 (18 Août 1888)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25561#0044
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L’ART FRANÇAIS

Circé sur le rivage de la mer, offrant à boire aux compagnons
d’Ulysse. D’autres encore ont interprété àleur gré cette ingénieuse
imagination des poètes et particulièrement le récit d’Homère.

Nous ne pensons pas que M. Chalon ait copié un maître quel-
conque. Sa peinture est tout à fait personnelle, et malgré son
étrangeté qui fait un peu songer à M. Gustave Moreau, cet artiste
doit être définitivement classé parmi les quelques esprits vraiment
inventifs de notre temps.

Dans cet ordre d’idées, comment ne point admirer les deux
compositions allégoriques de M. Fantin-Latour ? Ce mélomane
enthousiaste poursuit la série de ses paraphrases des grandes pages
des maîtres de l’harmonie. Il s’est inspiré, cette fois, de Y Or du
Rhin et de la Damnation de Faust.

NOS ILLUSTRATIONS

La statue du sergent Bobillot, que l’on voit à notre première
page, est l’œuvre du sculpteur Paris. Les inscriptions suivantes
seront gravées sur le piédestal du monument :

i° Sur la face antérieure du piédestal : Au sergent Bobillot et à
ses compagnons d’armes des armées de terre et de mer morts pour la
Patrie en Extrême-Orient (Souscription nationale).

2° Sur le côté gauche, le texte de l’ordre du jour du général
Brière de l’Isle félicitant de leur héroïque défense les officiers et
soldats de la garnison de Tuyen-Quan et les marins de la canon-
nière la Mitrailleuse.

3° Sur le côté droit, les noms des membres du conseil de dé-
fense de Tuyen-Quan, parmi lesquels figurait le sergent Bobillot
en qualité de chef du génie.

4° Sur la face postérieure du piédestal, les paroles suivantes du
du commandant Dominé : « Les Chinois avaient pratiqué une
mine qui fit brèche à l’enceinte, ils donnèrent l’assaut et furent
repoussés. Le sergent Bobillot fait boucher la brèche sous le feu
de l’ennemi. »

L’inauguration de cette magnifique statue doit avoir lieu le
15 juillet, à l’angle des boulevards Richard-Lenoir et Voltaire.

Des deux autres illustrations qm forment le présent numéro
de ? Art Français, l’une est la reproduction de cette charmante
et navrante scène de M. Gaston La Touche : l’Accouchée, dont
nous avons parlé au cours de notre étude sur les paysans au Salon.
Nos - lecteurs pourront, dès maintenant, se convaincre que nos
éloges n’avaient rien d’excessif.

L’autre est un paysage remarquable d’un jeune peintre de
grand avenir, M. Odier, et qui représente les Bords de la Loire.
Il se recommande surtout par la franchise de l’exécution, par la
science des valeurs, par le sentiment des masses, toutes qualités
assez rares en un temps oài la plupart des jeunes paysagistes
tombent volontiers dans l’analyse infinitésimale.

Nous sommes heureux de rappeler que les tableaux de MM. La
Touche et Odierontobtenu, le premier, une médaille de deuxième,
et le second, une médaille de troisième classe. F. j.

DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES

La distribution des récompenses aux exposants du Salon a eu lieu lundi
dernier, à dix heures du matin, au Palais de l’Industrie, sous la prési-
dence de M. Lockroy, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-
Arts, assisté de MM. Bailly, président de la Société des Artistes français ;
Kœmpffen, Larroumet, Meissonier, de Vuillefroy, Tony Bobert-Fleury,
.Iules Comte, Roger Ballu, Charles Yriarte, Armand Dayot, Roger Marx,
Duez, Gervex, etc.

M. Bailly a ouvert la séance par une allocution où il a surtout défendu
la Société des Artistes français contre les accusations de « mercantilisme »
qu’on lui a adressées à plusieurs reprises. Il a protesté également contre
les prétentions de l’Assistance publique qui voudrait prélever, sur les
recettes des expositions annuelles, le droit des pauvres. M. Bailly a déclaré
que la Société ne se soumettrait jamais à ces exigences.

M. Lockroy a prononcé, ensuite, un important discours, souvent inter-
rompu par les applaudissements, discours d’esthéticien et de patriote. Le
ministre aaflirmé que toute la sollicitude de l’Etat était acquise à la Société
dps Artistes, attendu que « c’est surtout par l’éclat de ses œuvres désin-
téressées, artistiques, scientifiques ou littéraires, qu’une nation rayonne
et conquiert des sympathies ».

Toute œuvre d'art exprime quelque chose d’inexprimable pour la littérature
et qui déborde le sujet. Cela tient à ce que l’artiste 11e peut s’abstraire de son
milieu ni s’isoler de son temps. L’école moderne reflète bien la société mo-
derne, avec ses aspirations si diverses, son travail incessant, ses retours vers
le passé, ses élans vers l’inconnu, sa recherche passionnée du vrai qui, pour
l’art comme pour la science, semble être devenu un idéal.

En ce qui concerne l’Exposition de 1889, le ministre a rappelé que le
regretté Castagnarv rêvait, pour cette grande manifestation, la glorification
et le triomphe de l’art français.

« Il avait raison », dit M. Lockroy en terminant.

L’art français, un peu dédaigné, même en France, a toujours conservé une
physionomie particulière. Il peut, revendiquer les qualités les plus hautes et
les plus charmantes : la grâce, l’élégance, la finesse, la gravité qui sont comme
le cachet de notre génie ; il est parfois rempli de naturel et de simplicité
comme nos vieux fabliaux, parfois plein de grandeur comme nos chansons de
gestes.

Le pays qui a produit des sculpteurs tels, que Puget, Coustou, Boudon, des
peintres comme Watteau, Poussin, Lesueur, Chardin, a sa place marquée
dans l’histoire de l'art. Mais, depuis un siècle surtout, la France semble avoir
pris le pas sur les autres nations. Tous nos maîtres modernes, depuis David,
seront représentés dans notre exposition rétrospective. Elle synthétisera ainsi
une époque glorieuse pour la France. Elle sera un objet d’études pour le cri-
tique ; pour vous, un noble sujet d’émulation. Nous retrouverons là, devant
tant d’œuvres consacrées par l’admiration universelle, le souvenir apaisé de
grandes luttes artistiques, les efforts de générations successives, les chefs-
d’œuvre impérissables de nos vieux maîtres. Et les étrangers, en quittant le
palais du Champ de Mars, s’étonneront, à coup sùr, de ce qu’il renfermera de
richesses, de ce qu'il contiendra d’immortalité.

Auprès des anciennes œuvres seront les œuvres actuelles, celles qui sont
dues aux artistes vivants. Là aussi je ne doute point du succès. La France
trouve des rivales partout, qu’il s’agisse de science, d’industrie, de commerce,
d’inventions guerrières ; mais elle a, dans ie domaine des arts, conservé sa
souveraineté. Il est sans doute de grands artistes en Europe, mais nulle part,
peut-être une pareille réunion d’artistes, tant de talents divers, tant de génies
différents. En aucun pays, la vie artistique n’est plus intense, l’amour des cho-
ses de l’esprit poussé plus loin. La preuve en est que nos tableaux, nos sculp-
tures comme nos livres s'éparpillent dans le monde entier, et par là nous
exerçons encore un pouvoir qu’il semble impossible qu’on nous puisse ravir.
Vos œuvres l'attesteront, messieurs; que dis-je? elfes l’attestent déjà, puisque
plusieurs nations, et des plus puissantes, qui devaient entrer dans )a lice et
concourir au moins pour les beaux-arts, renoncent à lutter contre vous.

Ah ! combien ces œuvres nous sont obères et précieuses ! Après tant de
malheurs qui l'ont accablée, la France ne doit-elle pas se montrer plus jalouse
que jamais de sa supériorité artistique? Ne la doit-elle pas considérer comme
un signe indéniable de sa fécondité et de sa puissance, du rang qu’elle occupe
encore parmi les nations.

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jfCHOS ^Artistiques

Complétons la liste des acquisitions de l’État, que nous avons publiée :

.Sculpture. — MM. Aubé (François Boucher); Levasseur (Après le combat);
Ai/.clin (Arjaret IsmaëlJ ; — Michel [la Fortune); Valton (Lionne blessée);
lléguine ( Buste de Corot); Steiner (Père nourricier); Ringel (la Saga); Pueeh
(Muse d'André Chénier); Lahatut (Roland à Roncevaux).

X

Honoré de Balzac, qui n’a pas été membre de l’Académie française, 11a pas
encore de statue.

La Société des gens de lettres, reprenant un projet élaboré jadis par Emma-
nuel Gonzalès, vient d'ouvrir une souscription pour l’érection d un monument
à fauteur de la Comédie humaine.

X

Un peintre de talent, M. Théodore Maillot, a succombé, la semaine dernière,
à une maladie de cœur, à l’âge de 62 ans.

Elève de Picot et de Drolling, Théodore Maillot avait obtenu le prix de Rome
en 1854, et, au Salon de 1867, une médaille qui l’avait mis hors concours.

Son œuvre consiste surtout en des peintures murales très estimées, notamment
celles qui décorent la chapelle Sainte-Geneviève, au Panthéon.

On a également de lui de nombreuses toiles, exposées aux divers Salons et
la plupart acquises par l'Etat pour les musées de province, telles que le Christ
et la Samaritaine, Saint-Rémy, etc.

Il était chevalier de la Légion d’honneur depuis 1870.

X

Le comité du monument de Gambetta nous adresse la note suivante :

« L’inauguration du monument est définitivement fixée au 13 juillet, a trois
heures de l’après-midi. .

» Dès aujourd’hui, les sociétés, comités, cercles politiques, les délégations des
conseils généraux et des conseils municipaux qui désirent y assister sont priés
de se faire inscrire, avant le 5 juillet, an siège du Comité, 53, rue de la Chaussee-

d’Antin. . „ . , ,. . ,

» M. Eugène Pitou, secrétaire général de la République française, est adjoint

au Comité. ., .......

«Pour tous renseignements, s’adresser au siege du Comité, de 11 heures a

midi et de 5 heures à 6 heures 1/2 ». _

- Le gérant : SILVESTRE

parjSi _ Glyptographie SILVESTRE & G'*, rue Oberkampf, 97
 
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