DOI Heft:
No. 60 (16 Juin 1888) – No. 69 (18 Août 1888)
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Deuxième année. — N" 05
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
•21 Juillet 1888
L’ART FRANÇAIS
JU finir jPTrtistiquf JEficblunnaïniirr
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glyptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paius : un an, 9 francs; six mois, 5 francs.
— Départements : un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
Salon de 1888
NOS ILLUSTRATIONS
Le groupe en plâtre que
nous donnons à notre pre-
mière page est le modèle
du monument élevé à Lyon
à la mémoire des Enfants
du Rhône (1870-1871), et
inauguré le 30 octobre der-
nier.
C’est l’œuvre d’un scul-
pteur de talent, M. Etienne
Pagnv, lyonnais, lui aussi,
comme les héros qu’il a
voulu glorifier.
Emergeant d’une poi-
gnée de braves tous résolus
à mourir pour elle, l’image
de la Patrie s’élance, agi-
tant d’une main le drapeau
menacé, et de l’autre indi-
quant les positions de l’en-
nemi.
L’un des combattants
vient d’être atteint d’une
balle; il s’affaisse, serrant
encore son arme, désor-
mais inutile, en ses doigts
contractés par la souffrance.
A ses côtés, un de ses ca-
marades se dresse, énergi-
que, prêt à le venger.
Derrière eux, un clairon
sonne la charge.
L’allure générale du
groupe est vraiment hé-
roïque, et d’une unité de
mouvement qui ne va pas
sans une certaine grandeur.
Le tableau de M. Ma-
rius Roy, A la salle d'ar-
mes, la,leçon de la veille, est
également d’un beau ca-
ractère martial.
La leçon de la veille,
vous le savez, c’est la leçon
d’armes que l’on prend la
veille d’une rencontre. Dès
lors, cette simple leçon de-
vient une sorte de répéti-
tion du duel imminent.
Du reste, M. Marius
Roy a pris la peine de com-
menter lui-même son ta-
bleau :
« L’autorisation est ar-
rivée, dit-il, l’affaire a lieu
demain, au petit jour, sous
les remparts. Le 5edragons
va soutenir son honneur
contre le 2e chasseurs à
pied.
» Au milieu de l’émoi
du quartier, le vieux maître
d’armes s’apprête, avec un
calme apparent; il est sou-
cieux de la partie qui va se
jouer et sent la gravité des
conseils qu’il va donner.
Impatient, ardent et fier,
lejeunesous-officierattend ;
Advienne que pourra ! On
ne meurt qu’une fois. »
Tout cela est vrai, et le
peintre a parfaitement ex-
primé l’intention de l’ob-
servateur. Il a donné à son
maître d’armes la mine
soucieuse et grave qu’il
fallait. Il a campé fièrement
le duelliste de demain, qui,
sans jactance, est prêt à
risquer sa vie pour l’hon-
neur.
M. Marius Roy est l’un
de nos jeunes peintres mi-
litaires qui promettent le
plus, et dont les débuts ont
été particulièrement bril-
lants.
'ELovembre ! de M. Emile
Adan, est une page de
poésie automnale toute im-
prégnée de l’exquise sen-
teur des bois. C’est l’heure
où les feuillagesjaruniss’en-
volent sur l’aile des brises
aiguës et vont joncher les
allées mélancoliques. Une
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
•21 Juillet 1888
L’ART FRANÇAIS
JU finir jPTrtistiquf JEficblunnaïniirr
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glyptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paius : un an, 9 francs; six mois, 5 francs.
— Départements : un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
Salon de 1888
NOS ILLUSTRATIONS
Le groupe en plâtre que
nous donnons à notre pre-
mière page est le modèle
du monument élevé à Lyon
à la mémoire des Enfants
du Rhône (1870-1871), et
inauguré le 30 octobre der-
nier.
C’est l’œuvre d’un scul-
pteur de talent, M. Etienne
Pagnv, lyonnais, lui aussi,
comme les héros qu’il a
voulu glorifier.
Emergeant d’une poi-
gnée de braves tous résolus
à mourir pour elle, l’image
de la Patrie s’élance, agi-
tant d’une main le drapeau
menacé, et de l’autre indi-
quant les positions de l’en-
nemi.
L’un des combattants
vient d’être atteint d’une
balle; il s’affaisse, serrant
encore son arme, désor-
mais inutile, en ses doigts
contractés par la souffrance.
A ses côtés, un de ses ca-
marades se dresse, énergi-
que, prêt à le venger.
Derrière eux, un clairon
sonne la charge.
L’allure générale du
groupe est vraiment hé-
roïque, et d’une unité de
mouvement qui ne va pas
sans une certaine grandeur.
Le tableau de M. Ma-
rius Roy, A la salle d'ar-
mes, la,leçon de la veille, est
également d’un beau ca-
ractère martial.
La leçon de la veille,
vous le savez, c’est la leçon
d’armes que l’on prend la
veille d’une rencontre. Dès
lors, cette simple leçon de-
vient une sorte de répéti-
tion du duel imminent.
Du reste, M. Marius
Roy a pris la peine de com-
menter lui-même son ta-
bleau :
« L’autorisation est ar-
rivée, dit-il, l’affaire a lieu
demain, au petit jour, sous
les remparts. Le 5edragons
va soutenir son honneur
contre le 2e chasseurs à
pied.
» Au milieu de l’émoi
du quartier, le vieux maître
d’armes s’apprête, avec un
calme apparent; il est sou-
cieux de la partie qui va se
jouer et sent la gravité des
conseils qu’il va donner.
Impatient, ardent et fier,
lejeunesous-officierattend ;
Advienne que pourra ! On
ne meurt qu’une fois. »
Tout cela est vrai, et le
peintre a parfaitement ex-
primé l’intention de l’ob-
servateur. Il a donné à son
maître d’armes la mine
soucieuse et grave qu’il
fallait. Il a campé fièrement
le duelliste de demain, qui,
sans jactance, est prêt à
risquer sa vie pour l’hon-
neur.
M. Marius Roy est l’un
de nos jeunes peintres mi-
litaires qui promettent le
plus, et dont les débuts ont
été particulièrement bril-
lants.
'ELovembre ! de M. Emile
Adan, est une page de
poésie automnale toute im-
prégnée de l’exquise sen-
teur des bois. C’est l’heure
où les feuillagesjaruniss’en-
volent sur l’aile des brises
aiguës et vont joncher les
allées mélancoliques. Une