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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

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No. 70 (25 Août 1888) – No. 79 (27 Octobre 1888)
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L’ART FRANÇAIS

Salon de 1888

NOS ILLUSTRATIONS

Nous reproduisons, à notre deuxième page, le Camille Desmoulins
de M. Barrias, épisode de l’épopée révolutionnaire.

«Un jeune homme, Camille Desmoulins, sort du café de
Foy, saute sur une table, tire l’épée, montre un pistolet : « Aux
armes! les Allemands du Champ-de-Mars entreront ce soir
dans Paris pour égorger les ^habitants! Arborons une cocarde! »
Il arrache une feuille d’arbre et la met à son chapeau; tout le
monde en fait autant. Les arbres sont dépouillés. »

C’est ce passage de XHistoire de la Révolution française, de
Michelet, que M. Barrias a interprété. Son tableau ne manque
pas de chaleur. Il est d’un dessin heurté, rapide, fougueux, et
d’une couleur à l’avenant.

Nous reverrons certainement cette toile à l’exposition de
889, et nous aurons l’occasion d’en parler à nouveau.

Notre troisième illustration est la reproduction de En pleins
champs, de M. Georges Laugée.

Le tableau, ici, procède directement de l’observation. Le
peintre a vu, et bien vu, l’éparpillement des moissonneurs et des
moissonneuses dans les champs entièrement récoltés; il a assisté
à l’élaboration des gerbes dernières.

Bientôt tous ces travailleurs vont rentrer à la ferme, et la mois-
son sera terminée. Aussi, chacun se hâte-t-il de ramasser les rares
épis gisants sur le sol.

Les mouvements sont justes, et les attitudes variées — j’insiste
sur cette épithète — bien que tous les personnages aient unifor-
mément le corps ployé en deux. Et, certes, ce n’était pas chose
facile que d’éviter la monotonie avec des données comme celles-là.

Le tableau de M. Laugée est curieux, précisément parce qu’on
n’y sent pas le souci de la «composition ». lia l’imprévu de la
réalité.

Il est, de plus, une actualité. F. j.

LE PLAFOND DE L’ODÉON

M. Jean-Paul Laurens n'a envoyé, au Salon de 1888, que deux petites
toiles, une simple carte de visite pour un artiste aux grandes conceptions.

On se demandait ce que faisait AL Jean-Paul Laurens; un de nos con-
frères nous apprend que le célèbre peintre des Emmures de Carcassonne
est. sur le point de terminer un plafond pour l'Odéon, et que ce plafond
sera en place pour la réouverture de ce théâtre, le 15 septembre.

Lu plafond de théâtre?... Oui; cela semble contradictoire avec le talent
de AL Jean-Paul Laurens; cela est cependant, et il parait que la surprise
se transformera en admiration, car le peintre a complètement modifié sa
manière; au lieu de scènes austères et passionnées, il a peint des sym-
phonies idéales; au lieu d’hommes aux regards durs, aux costumes
sombres, des femmes aux physionomies souriantes et — toutes nues.

En fait d'hommes, quelques bustes d’auteurs dramatiques dans les
encoignures et sur les rebords du plafond; au milieu, des femmes, tou-
jours îles femmes; mais, ici encore, la monotonie est habilement évitée
à Faille des attitudes et des draperies.

L’auteur a imaginé une toile de fond d'une scène, sur laquelle quel-,
ques silhouettes paraissent: c'est un des côtés du plafond. Les fées du
théâtre relèvent cette toile et s’échappent, formant une sorte de farandole
aérienne qui, tout en étant poétique et idéale, donne la sensation de la
vérité*.

Tout est précis dans Pieuvre nouvelle de AT. Jean-Paul Laurens. mais
en même temps l’ensemble est harmonieux, les détails sont charmants;
la part faite à la comédie et au proverbe amoureux est grande, en effet ;
Fauteur a tenu compte du genre de l’Odéon, théâtre de la fantaisie ; le
drame et la tragédie n’y sont pas oubliés toutefois, ils sont représentés
par une femme qui vient de tuer une autre femme échevelée, une sorte
de furie.

Eu résumé, nous croyons que Pieuvre nouvelle de AL Jean-Paul Lau-
rens lui fera grand honneur; mais pour la juger définitivement, il faudra
la voir à la place qu’elle doit occuper au plafond de la salle de spectacle
de Ptblêmi.

LE MUSÉE DU BARûO

Dans l’une des dernières séances trimestrielles des cinq classes de
l’Institut, AL Georges Perrot, membre de l’Académie des inscriptions et
belles-lettres, a donné lecture d’un intéressant travail sur le musée du
Danlo, qui a été inauguré au mois de mai dernier, à Tunis.

Ce musée, le seul que nous possédions sur Je territoire africain, car
ceux d’Alger et de Constantine ne sont à vrai dire qu’à l’état embryon-
naire, a été installé dans un ancien harem cPAclnnet-Bey, qui régna sur
la Tunisie jusqu’en 1807.

Le monument est Pieuvre d’un architecte italien ; il y a beaucoup à dire
et surtout à redire sur sa construction qui, suivant l’expression pittores-
que de AL Perrot, sent la sucrerie et Je pastillage par suite des détails de
mauvais goût qu on y relève. Néanmoins, ■comme c’est à des ouvriers in-
digènes qu a été abandonnée la décoration intérieure, on y voit de très
beaux motifs de décoration arabe, qui rappellent ceux de EAlhambra.

Le musée du liardo, par la nature de ses collections, est destiné à être
plutôt archéologique qu’artistique. Il ne faut pas compter trouver sur la
terre tunisienne ces statues de dieux ou de déesses, ces oeuvres retrou-
vées eu Grèce, en Italie et même en France, qui témoignent d’un art si
pur.

En revanche, le sol africain promet de nombreuses images d’empereurs
et d’impératrices.

A ce sujet, AL Perrot a fait une révélation qui est bien d’actualité :

On se moque parfois, a-t-il dit, de la manie que nous avons depuis quelques
années de multiplier les statues sur les places publiques de nos villes, d'en
élever a des grands hommes dont, beaucoup n'auront peut-être déjà plus même
deux lignes a leur nom dans les dictionnaires biographiques du vingtième siè-
cle; e était bien autre chose dans l empire romain.

Pour faire honneur à la célébrité, on n'avait pas alors la ressource de l'efli-
gie rep'oduife à des milliers d'exemplaires dans le journal illustré ou de la
photographie exposée aux vitrines des . magasins, c’était le marbre qui était
ch ngé de payer à lui seul toutes les dettes, celles du respect dvuastique et celles
de la vanité.

AL Perrot- ajoute qu’il est inouï de calculer le nombre de mètres cubes
de carrare qui ont dû être employés à cet usage, rien que sur la terre
africaine. Le moindre gouverneur de province avait une dizaine de bustes
ou de statues, érigés en son honneur. Ouant aux empereurs tels qu’Au-
guste ou Trajan, c’est par centaine qu’il fallait compter les images les re-
présentant.

Ce musée du Bardo nous intéresse particulièrement, parce que c’est en
grande partie à l’activité et à l’intelligence de nos officiers que l’on doit
les œuvres qui y figurent.

Ge sont, par exemple, les officiers du 4e régiment de tirailleurs indigè-
nes qui ont mis au jour la grande mosaïque de Sousse, réputée dans le
monde savant, et qui représente Neptune apaisant les flots irrités.

Nous ne pouvons oublier, à ce sujet, que le Louvre possède également
une grande mosaïque découverte aux environs de Tyr par AL Renan.

Cette, découverte remonte à 1801 ; en 1802, on a exposé cette mosaïque
au palais de l’Industrie où elle a fait merveille. Depuis,on n’en a plus
entendu parler.

Où eu sont les morceaux ? Pourquoi ne lui trouve-t-on pas une place
au musée du Louvre ? Ne serait-ce pas un digne pendant aux fresques de
la Susiane rapportées par AL et AI111» Dieulaloy ?

-^~—4*^-7--

Jôchos ^Artistiques

Eue transposition de mise eu pages nous a fait attribuer à M. ALtrsal, dans
notre numéro du IX août, le dessin intitulé* La Farandole.

Ge dessin qui, du reste, a été très remarqué, est l’œuvre de M. IV. lsnard.

X

Le musée du Luxembourg vient d’être fermé pendant quelques jours, pour
permettre le déblaiement de la façade et le remaniement des toiles et dés
sculptures à l’intérieur. L’Etat a, en ellef, attribué au .Musée du Luxembourg
les œuvres suivantes, acquises au dernier Salon :

Peinture : Boudin, Correlle rosse dans les eaux do Havre; Bulanil, Tireurs
d’arbalète; ].buvant. Al ai Irise d’enfanls ; Détaillé, le llère; Dufour, Vue d’A-
vignon; llarpignies. Lin torrent, dans leVar; Henner, Sainl Sébastien; Bapin,
le Soir 1ï Droittat; Pioll, Manda Larnélrie; Zakarian, Figues et raisins.
Aquarelle : Toudou/.e, Lue fête sous Henri IV.

Sculpture : Peinte, Orphée endormant Cerbère (bronze); Bodin, Tète de
femme (marbre); Tu rca n, T Aveugle et le para! g ligue (groupe en marbre).

Mais, parmi ces ouvrages, ceux de MAL Dawant, Détaillé, Dufour, Ilenncr,
Boll, Peinte et Turcan ne seront pas placés immédiatement dans les salles du
musée, car ils doivent ligurer à l’Exposition de '188!). En outre, le tableau de
AJ. Bapin est actuellement à Anvers.

l' X

Le jury d’admission et de récompenses delà troisième Exposition internatio-
nale de Jllauc et Xoir s’est réuni, la semaine dernière, chez son président, AI. Eu-
gène Guillaume, membre de l'Institut. AL E. Bernard, directeur-administrateur
rie l’Exposition, a soumis au jury diverses modilications tendant à agrandir le
cadre et la portée du lllunc et 'Xoir. Le jury, après avoir approuvé les dispo-
sitions prises par AL Bernard, a déridé en outre qu'une travée sérail réservée
à litre purement giacieux, dans l’exposition, à tous nos grands journaux illus-
trés. qui trouveront là une occasion de montrer an public leurs différents pro-
cédés de reproduction en même temps qu'un nombre choisi des originaux de
leurs collaborateurs. G'es’t là une idée neuve et pratique qui aura, nous en
avons la certitude, l'approbation de tous ceux qui s’intéressent aux questions d’art.

Nous rappelons que les envois doivent être adressés au Pavillon de la ville
ile Paris du 1er au 10 septembre.

I.o ci» mit : SII.VKSTPiE

Paris,

Gfv|ilugia|iliii‘ SlhVKSTI’ili i O. ", rue Olieikani|if, 1)7
 
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