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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

DOI issue:
No. 80 (3. Novembre 1888) – No. 89 (5 Janvier 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25561#0133
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L’ART FRANÇAIS

« Si je suis admis à exposer » est admirable, nest-ce pas ?
Espérons que non seulement M. Bracquemond sera admis, mais
que ses merveilleux travaux, parmi lesquels le Battant de porte et
le David, seront l’objet d’une récompense en rapport avec leur
mérite exceptionnel.

Comme on l’a vu par les quelques lignes ci-dessus, le projet
d’une Exposition historique de l’Estampe du siècle est d’une
clarté parfaite. Nous le recommandons à l’attention de M. Antonin
Proust, et nous rappellerons à ce propos que déjà, le 20 octobre
1887, une « Exposition des graveurs du xixe siècle » avait été
tentée dans la galerie Georges Petit. Là aussi, on se proposait de
représenter « cent ans de travail».— « C’est, disait le prospectus,
le xixe siècle, un des plus illustres par ses œuvres, qui présente ce
qu’il a Elit dans l’art de la gravure ». L’intéressante manifestation
ne passa point inaperçue. Les journaux d’art, à la suite de Y Art
français, en ont rendu compte, mais elle ne pouvait être en quel-
que sorte que la préface de celle de 1889.

Rappelons aussi le grand succès obtenu par les œuvres de la
gravure française à l’Exposition internationale de Vienne et à
celle de Dusseldorf. Cette fois, la Ga~elte de Cologne elle-même
rendit un éclatant hommage à nos artistes, qu’elle reconnut su-
périeurs aux graveurs allemands.

« Cette pénétration du style des maîtres, qui se remarque dans
tous les ouvrages de Gaillard, caractérise la plupart des autres
graveurs français. Nous la retrouvons dans les planches de Didier,
d’après Holbein, qui rendent si étonnamment l’original qu'on
pourrait les croire gravées par Elolbein lui-même, — dans les
gravures de Français, d’après Fra Fiesole, Henri Lehmann et
autres, •— dans les admirables copies de Rembrandt, de Waltner,
et enfin dans de nombreux artistes, de moindre mérite, qu’il n’est
pas nécessaire de nommer ici. »

Ainsi s’exprimait, en parlant des graveurs français, un journal
dont on connaît pourtant la haine systématique à l’égard de tout
ce qui touche à notre pays.

Il semble qu’avec de tels états de services, la gravure ait quelque
droit à figurer, en 1889, dans l’Exposition rétrospective de l’art
français !

M GUSTAVE MOREAU

17Académie dos Beaux-Arts a élu, dans sa séance du 24 novembre,
M. Gustave Moreau, en remplacement de Gustave Boulanger.

Le nouvel académicien avait pour concurrents MM. Henner, Jean-Paul
Laurens, Jules Lefebvre et E. Lévy.

M. Gustave Moreau est le peintre symboliste d'Orphée et de Œdipe et
le Splnnx. 11 est né à Paris, en 1826. Ancien élève de l’école des Beaux-
Arts, il passa quelque temps dans l'atelier Picot et débuta, au Salon de
1852, par une Pie ta qui ne l'ut pas autrement remarquée. L’année suivante,
un de ses tableaux, un épisode du Cantique des Cantiques, lut acquis par
l’Etat et envoyé au musée de Dijon. Son autre ouvrage, où l’on devinait
le peintre d’avenir, représentait Darius fuyant après la bataille'd'Arbelies.

M. Gustave Moreau remporta un très vif succès à l’Exposition univer-
selle de 1855 avec les Athéniens livrés au Minotaure dans le labyrinthe
de Crète, mais son triomphe définitif date de 1864. G’est cette année-là
qu’il exposa Œdipe et le Sphinx, l’œuvre maîtresse qui devait établir sa
réputation.

Depuis, M. Moreau a donné successivement Jason, le Jeune homme et
la Mort, Orphée déchiré par les Ménudcs, Diomède dévoré par ses che-
vaux, Prométhée, Jupiter et Europe, Hercule et l’Hydre de J^erne,
Salomé,le Sphinx deviné, Galathée, Hélène,rie., et Jeune fille retrouvant
la tête et la lyre d’Orphée, actuellement au musée du Luxembourg.

M. Gustave Moreau a obtenu trois médailles, en 1864, 1865 et 1869, et
une médaille de 2e classe à l'Exposition universelle de 1878.

Il est officier de la Légion d’honneur.

Nos Illustrations

Un sentiment poignant a inspiré le tableau de Mme Laurent : Tendresse
maternelle. O11 pense, en le voyant, à ce beau vers de François Coppée :

La Lédct de M. Alfred Bramtot, est une nouvelle variation exécutée sur
un thème qui demanderait à être rajeuni. Ce serait, toutefois, une étude
curieuse que celle des innombrables interprétations de l’aventure de Léda
séduite par Jupiter. Depuis les statues antiques qui représentent l’épouse
de Tyndare, caressant le cygne divin, jusqu’à la fameuse toile de Galimard
a 1 égard de laquelle Napoléon III manifesta, pour la première fois peut-
être, des sentiments artistiques ! combien de Lédas accroupies, debout, ou
couchées... Raphaël, Michel-Ange, le Gorrège, le Tintoret, Titien, etc., et
de nos jours, Paul Baudry, Muller Boutibonne, Gaston Saint-Pierre,
Edouard de Beaumont, etc. ont tour à tour donné à la voluptueuse Léda
plus ou moins de cette « majestueuse impudeur » dont parle Paul de
Saint-Victor.

La Léda de M. Bramtot, précisément, n’a rien d'impudique. Son regard
trahit plutôt la surprise qu’autre chose. Et, franchement, les façons du
cygne ont de quoi surprendre une grande et honneste dame comme la
fille d(' Theslius I Ajoutons que, comme peinture, ce tableau n’est nulle-
ment inférieur aux autres ouvrages de l’excellent artiste.

M. Jimenez a traité, avec une finesse de notation vraiment extraordi-
naire, un sujet qu’on n’est plus guère habitué à voir « rétréci» dans des
cadres aussi petits que le sien. Le peintre espagnol nous montre des
paysannes, assises ou couchées dans l'herbe, en train de prendre leur re-
pas de midi. Gela est d’une couleur assez puissante, et d’un dessin cor-
rect, précis, presque minutieux. Nous devons constater que la Collation a
été l’un deî tableaux-les plus remarqués du Salon.

pCHOs Artistiques

Le Journal officiel a publié, le 20 novembre, le îcglement concernant les
entrées à l'Exposition universelle de 1889.

X

Notre excellent confrère de Y Evénement, M. Gonzague Privât, vient d'avoir
la douleur de perdre sa leinme.

X

Nous avons également le regret d’àoprendre la mort de M. Arène, père de
notre excellent ami et confrère, M. Paul Arène, et de M. Jules Arène, consul, à la
douleur desquels nous prenons la plus vive part.

X

Le jury chargé déjuger le concours ouvert, en vue d'établir le diplôme qui
sera adopté pour l'Expo.-ition universelle de 1889 s'est réuni, le 19 novembre,
à I I Intel de Ville.

Voici, par ordre alphabétique, les noms des concurrents qu'il a admis au
concours de second degré: MM. Louis Bonnier, architecte, n° P.8; Henri Danger,
pensionnaire de l'Ecole de ltome, n° 44; Daniel Dupuis, graveur, et G. Du val,
architecte, n° 85; Pierre-Victor Galland, peintre, n° 69; Michel Lançon, sculp-
teur, ii" 99.

X

La Société libre des artistes français s'est réunie eu assemblée générale sous
la présidence de M. Bartholdi et a procédé à l’élection de son comité pour
1888-1889.

Ont été élus, dans la section de sculpture : MM. Bartholdi, Oliva, Paris, Ma-
thurin-Moreau, Letéuvre, Etienne Leroux, Roubeau jeune. Boisseau, Double-
mard, Turcan, Perret, Croisy, Morice, Vaudet, Rodiu. Suppléants : MM. Guil-
bert, Levillain, Jetot, Lépousé, Bouché et Blanchard.

X

M. Roll a reçu, du consel municpal d’Agen, la commande d'un tableau
commémoratif du passage dans cette ville de M. Carnot, président de ta Répu-
blique.

Ge tableau est destinéà Tllôtel de Ville d'Agen.

X

M. Louis Chevalier, paysagiste distingué, exposait, ces jours-ci, chez M. Ja-
cob, 23, rue de Provence, une série d'études de plein air qui vont partir à des-
tination de l’Angleterre. Les sites reproduits par M. Chevalier sont les bords de
l'Oise à l lle-Adarn.

L’artiste excelle à rendre le calme des rives ensoleillées, dans les hauts io-
seaux desquelles stationnent les gros bateaux de pèche, ou les embarcations
élégantes du vachting.

X

A l'hôtel Drouot, a en lieu la vente des tableaux et des meubles qui garnis-
saient l'atelier de Félix Dupuis, tué en duel dans les conditions que l'on
connaît.

Cette vente, qui était faite par autorité de justice, à la requête des créanciers,
n'a produit que 3,127 fr. 50.

Nous nous joignons à nos confrères qui ont annoncé qu'une vente de bien-
faisance s'organisait pour venir en aide à la veuve de ce peintre, mort dans des
conditions si malheureuses. Les artistes, auxquels on ne lait jamais en vam appel
quand il s'agit de soulager une infortuné, auront à honneur de ne point laisser
dans la détresse la veuve de leur ancien camarade. Les dons sont reçus chez
M. Bloche, expert, et chez M. Sarrus, commissaire-priseur.

X

Le peintre russe, Michel Zicliy, vient d'être chargé par le czar de faire un
grand tableau représentant la terrible .catastrophe du chemin de fer de Borki.
° Le peintre Michel Zicliy se trouvait, comme on lésait, dans Je train impérial
qui a déraillé.

Le gé.ant : SILYESTHE

«Ma mère sois bénie entre toutes les femmes !

Paris, — Glyplograptiie SILYESTIîE & C.le, rue Obcikampf, !17
 
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