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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

DOI issue:
No. 80 (3. Novembre 1888) – No. 89 (5 Janvier 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25561#0145
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L’ART FRANÇAIS

gasins où tant de statues du moyen-âge attendent le bon plaisir de l’ad-
ministration supérieure. Le moment est venu de créer enfin, au Louvre,
le musée de la sculpture française du moyen-âge.

Le même musée a acquis, à la vente Baslini, à Milan, un portrait de
Morono, signé. Ce tableau rappelle beaucoup les Vénitiens, surtout le
Titien; il est fort beau, en excellent état. Le personnage est un homme
âgé, vêtu de noir, assis de profil dans un grand fauteuil pliant garni de
velours rougè, les deux mains sur les genoux.

Parmi les trop rares peintures françaises du quinzième siècle qu’a pu
réunir jusqu’à présent le musée du Louvre, figure un panneau, aussi
intéressant pour les historiens que pour les artistes, représentant Pierre
de Bourbon, sire deBeaujeu, vu à mi-corps, les mains jointes, ayant près
de lui, debout, saint Pierre, son patron. La disposition des personnages
permettait de constater que cette peinture devait avoir son pendant, et
qu’elle avait formé, à l’origine, le volet d’un triptyque. Le second volet,
reproduisant la femme de Pierre Beaujeu, Anne de France, fille de
Louis XI, accompagnée de saint Jean l’Evangéliste, avait été retrouvé, il
y a quelque temps, par un amateur distingué, M. Maciet, qui vient d'en
faire don au musée du Louvre. M. Maciet a ajouté à sa libéralité en en-
voyant au Louvre deux autres petits tableaux des anciennes écoles natio-
nales : un Jésus sur les genoux de la Vierge et un Portrait d’homme,
et un dessin à la sanguine, par Théodore Rousseau, pour le tableau de la
Lisière de forêt que possède le musée.

Nous ne quitterons pas notre musée national sans annoncer que les
travaux commencés depuis quelque temps, en vue de l’exposition des
joyaux de la couronne, touchent à leur terme. L’installation nouvelle
consiste en un coffre monumental sculpté dans le style décoratif dè la
salle d’Apollon. Ce coffre est surmonté d’une cage vitrée élégamment dé-
corée, qui, grâce à un ingénieux mécanisme, sera redescendue tous les
jours dans la caisse métallique qui doit lui servir de coffre de sûreté. Le
tout est entouré d’une grille en fer ouvragé fort jolie. Outre les bijoux
historiques conservés par l’Etat : la «broche reliquaire », le « Régent »,
le « Mazarin », la « montre du dey d’Alger », le «grand rubis chimère»,
le « dragon perle et émail » et le « petit éléphant de Danemark », l’expo-
sition comprend les objets précieux employés sous les régimes anciens
aux cérémonies du sacre : «la main de justice», le «sceptre royal»,
«l’épée du sacre» «l’agrafe du manteau de saint Louis», la «couronne
de Charlemagne » et le « cradème royal du sacre de Louis XV». Le
public sera admis à visiter cette exposition vers les premiers jours de
janvier.

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Nos Illustrations

Nous n’avons pu que mentionner, dans notre dernier numéro, les deux
ouvrages reproduits : En Normandie, par M. Veyrassat, et Entre deux
dangers, par M. E. Dupain.

L’accueil très favorable fait à ces deux jolies pages par les lecteurs de
Y Art français prouve qu’elles méritaient mieux qu’une simple mention.
M. Veyrassat est, en effet, un des rares peintres « personnels » qui nous
restent. Quant à M. Dupain, son « genre » est fort apprécié du public des
expositions, qui a toujours aimé les hommes d’esprit.

Quant aux illustrations du présent numéro, nous ne saurions trop ap-
peler votre attention sur l’admirable symbolisation que M. Fantin-Latour
intitule l’Or du Rhin, œuvre de grande harmonie, qui participe autant de
la musique que de la peinture.

Il y a un caractère saisissant dans chacune des figures de gens de mer
que M. Somme, groupe sous ce titre : Repos.

Enfin, la statue de la Muse champêtre par M. Pierre Rambaud, que
nous donnons à notre première page, unit le charme de la vie réelle à la
grâce des nymphes antiques s’exerçant, dans le silence des bois mysté-
rieux, à répéter, sur la flûte, le chant divin de Philomèle.

JiCHOS /Artistiques

Le monde artiste a appris avec une piofonde douleur la mort de Mme la du-
chesse de Galbera, qui avait fait un si noble usage de sou immense fortune, et
qui avait, outre des œuvres de bienfaisance dont personne, n’ignore le nom-
bre et l’importance, créé au Trocadéro le musée dont la construction est à peu
près achevée et qui portera son nom vénéré.

X

M. Sisley vient de réunir, dans la galerie Georges Petit, plusieurs tableaux et
pastels d’un vif intérêt. Nous citerons notamment : les Hautes eaux au pont de
Moret, la Rue à Moret, la Cabane abandonnée, le Vieux' moulin, Soleil cou-
chant, etc.

X

Le sculpteur Barrias, chargé du monument destiné au tombeau du peintre

Guillaumet, y travadle avec activité. Ce monument doit représenter une jeune
fileuse arabe appuyée d’une main sur un socle. De l’autre elle effeuille des
jasmins, fleur préférée des Orientales. Le médaillon de l’artiste est enchâssé
dans la pierre tombale.

X

Le nouveau musée que la ville de Paris a créé, rue La Fontaine, à Auteuil,
et dont l’inauguration a eu lieu il y a huit mois, était destiné à être agrandi ; le
projet vient, en effet, de recevoir un commencement d’exécution. Depuis quel-
ques jours, terrassiers et maçons sont à l’œuvre, et avant la fin de la semaine
qui commence les premiers travaux de maçonnerie seront hors de terre. La
nouvelle construction, partant du pavillon central, se développera sur une lon-
gueur d’environ vingt-deux mètres, en bordure de la rue La Fontaine. Elle se
composera d’un rez-de-chaussée et d’un étage devant former deux galeries et
deux salles séparées. Au rez-de-chaussée sera exposée une superbe collection
d’œuvres de sculpture se rapportant exclusivement à 1 histoire de Paris. Le
premier étage sera réservé à une exposition de riches tapisseries appartenant
à la Ville et pour la plupart inconnues du public. La nouvelle construction
sera terminée dans un délai de quatre mois. Elle coûtera environ 50,000 francs.
Toutes les mesures sont prises pour que cette nouvelle section du musée d’Au-
teuil puisse être ouverte au mois de mai 1889.

X

Le 4 novembre a eu lieu, au Grand-Théâtre, à Saint-Etienne, une réunion en
vue de poser les bases d une Société d’art et d’industrie de la Loire, et d’orga-
niser un grand musée industriel, artistique et commercial pour l’extension de
l’industrie régionale; 1,800 personnes y assistaient. Le préfet de la Loire pré-
sidait, assisté de M. Henry Havard, délégué du ministre des Beaux-Arts, du
maire de Saint-Etienne, des présidents de la chambre et du tribunal de com-
merce, et de nombreuses autorités. Le préfet a prononcé un discours faisant
ressortir l’utilité de la société projetée pour la prospérité régionale. M. Havard
a dit quelques paroles d’adhésion et d’encouragement au nom du ministre des
Beaux-Arts, puis le maire et le président du tribunal de commerce ont promis
leur participation entière et effective.

La réunion s’est terminée par une conférence de M. Marius Vachon, promo-
teur de la société et du musée projetés.

X

Nous apprenons que de belles œuvres du Poussin, fort admirées à Rome dans
l’église de Saint-Martin-des-Monts, sont, en ce moment, dans le plus grand
péril.

Pour le percement d’une rue nouvelle, on a mis à nu les fondements de cette
église ; les murs se disloquent ; on a dû cesser d’y faire les offices. Dans la
nef de droite l’une des fresques du Poussin est tombée en miettes; les vingt-
trois autres semblent aussi fort compromises, si l’édilité romaine ne remédie
très promptement au mal.

X

Un journal a annoncé que la famille de M. Van Prael avait décidé de garder
la merveilleuse collection de tableaux qu’a laissée l’ex-ministre de la maison
du roi des Belges. Nous croyons savoir que cette collection sera exposée à Pa-
ris en 1889, M. Devaux, l’héritier de M. Van Praet, ayant promis d’envoyer les
piincipaux tableaux de cette galerie à l’exposition rétrospective de l’ait fran-
çais du siècle.

X

Le comité de l’Association des artistes peintres et sculpteurs de Vienne, in-
vité par un comité parisien à la tête duquel se trouve M. Munckacsy à pren-
dre part à l’Exposition universelle de Paris, a répondu par un refus.Cette déci-
sion a été prise à l’unanimité des membres présents.

X

Le correspondant de Berlin d’un de nos confrères a vu, dans l'atelier du sculp-
teur Reinhold Begas, la maquette de la tombe de Frédéric III, telle qu’elle a été
approuvée par l’empereur Guillaume et l’impératrice Frédéric, et telle qu’elle
sera édifiée dans l’église de la Paix, à Potsdam.

Pour exaucer un désir du mort, on a été obligé de refaire la tombe du cardinal
Tavera, qui se trouve à Tolède. Un sarcophage assez haut, orn •, sur les quatre
laces, de bas-reliefs rappelant les épisodes de la vie de Frédéric III et, aux quatre
coins, d’aigles auxailes fermées.

Sur le sommet du sarcophage repose l’empereur, étendu sur son manteau de
cuirassier ; il porte l’uniforme et la cuirasse du même régiment, avec tous ses
ordres, les mains sont ramenées sur la poitrine et tiennent la couronne de
lauriers que l’impératrice a mise dans smi cercueil. Sur les pieds est jeté le
manteau impérial, qui retombe sur le sarcophage.

Tout le monument est très simple et très imposant.

X

Un savant égyptologue viennois, M. Grau, a trouvé récemment une collée
tion de portraits funéraires en fouillant les tombeaux égyptiens; tous ces por
traits sont peints à la détrempe ou à l'encaustique. Il y a à peu près soixante
dix portraits d'hommes et de femmes gréco-égyptiens, les uns sur bois, les
autres sur toiles, tous d'une fraîcheur surprenante, bien qu’âgés de deux mille
ans. On dirait des peintures à l’huile presque modernes, G’est une véritable
révélation, un étonnement qui, bon gré, mal gré, fait songer à une habile con-
trefaçon. Cependant, les savants les plus compétents, parmi lesquels l’égypto-
logue Ebers, le peintre berlinois Wenzel, se sont déjà prononcés sur l'authen-
ticité absolue. Ce sont bien là les portraits de gens morts cent cinquante
ans avant Jésus-Christ, et c'est la tombe qui en a conservé l’éclat et la première
fraîcheur.

Le Gérant : SILVESTRE

Paris. — Giyptographle SILVESTRE 4 Cu, rue Oberkauipf, 97
 
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