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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

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No. 90 (12 Janvier 1889) – No. 99 (16 Mars 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25561#0171
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L’ART FRANÇAIS

du programme, M. Proust a démontré que l’Ecole française affirmera ainsi
une fois de plus, la vitalité> la variété et la puissance du génie national.

« Nous avons, a-t-il dit, la ferme intention de ne pas dépasser le chiffre
de sept ou huit cents ouvrages, chiffre qui nous paraît suffisant pour mon-
trer l’éclat et la puissance de notre art national au cours de ce siècle. Je
ne parle pas, bien entendu, des estampes, dessins, relevés d’architecture,
aquarelles, pastels, gouaches, médailles gravées dont le chiffre considé-
rable vient s’ajouter à ces sept ou huit cents ouvrages qui intéressent la
peinture et Ja sculpture. »

Quant aux proportions de l’emplacement accordé aux différentes sec-
tions des Beaux-Arts, M. Antonin Proust a déclaré que les étrangers
occuperaient, au palais du Champ-de-Mars, un développement de 2,000
mètres de cimaise. L’exposition décennale n’en exigera pas moins, tandis
que 1,100 mètres suffiront à l’exposition rétrospective.

En terminant, M. Proust a insisté sur les conditions d’absolue sécurité
que présentera l’exposition. Artistes et collectionneurs peuvent être ras-
surés. Les fèuvres envoyées au palais des Beaux-Arts ne courront aucun
danger.

--> ^ -— —

OBSÈQUES D’ALEXANDRE CABANEL

Les obsèques d’Alexandre Cabanel, membre de l’Institut, commandeur
de la Légion d’honneur, ont donné lieu à une double cérémonie.

A Paris, à l’issue du service religieux, le cortège s’est rendu à la gare
de Lyon, où plusieurs discours ont été prononcés par MM. Larroumet,
directeur des Beaux-Arts; vicomte Delaborde, au nom de l’Jnstitut ; Paul
Dubois, au nom de l’Ecole des Beaux-Arts; Guillaume, au nom delà
Société des Artistes français; Bouguereau, au nom de l’Association des
Artistes peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs; Hum-
bert, au nom des élèves du maître défunt, et Henry Fouquier, qui parlait
en qualité de président de la Société la Cvjute, dont Cabanel était
membre.

A Montpellier, où le corps avait été transporté pour être inhumé dans
un caveau de famille, les funérailles ont eu lieu en présence d’une foule
émue et recueillie. L’absoute a été donnée, en l’église Saint-Denis, par
monseigneur Decabrières, évêque de Montpellier, qui a prononcé l’oiai-
son funèbre.

Après l'absoute, le cortège s’est dirigé vers le musée Fabre, où MM. Lav-
rac, maire de Montpellier, et Castelnau, représentant la Société artistique,
ont successivement pris la parole. L’inhumation a eu lieu au cimetière
Saint-Lazare.

Ne pouvant, faute d’espace, donner même une analyse de tous ces
discours, nous nous bornons à reproduire le passage essentiel de celui de
M. Bouguereau :

Au milieu des phases variées de l’école moderne, quoiqu’il encourageât avec
bienveillance les tentatives diverses de ses élèves. Cabanel resta lidele à ses
propres convictions, à ses préférences personnelles. Le style pur et sévère de
ses premiers efforts caractérisé son œuvie entière.

Bien qu’il ne craignît pas d’aborder les sujets où la virilité de la pensée et
la puissance d’exécution sont les éléments indispensables et qu’il les rendît
souvent avec une grandeur magistrale, bien que quelques portraits d’hommes
restent parmi les meilleures de ses toiles, son esprit inventif se plaisait à ren-
dre les nuances délicates des sentiments féminins. Il les traita avec un talent
exquis, et c’est par de telles pages que Cabanel prit rang parmi'les immortels.

A côté de cette vieconsaeiée à son art, où certainement le peintre trouva la
récompense de ses fatigues dans l’admiration qui salua son génie, se place la
vie désintéressée du professeur, ce dévouement de toute heure qui absorba une
partie si considérable d’un temps précieux. Le succès de son enseignement
reste un de ses titres les plus dignes, car le maître consciencieux qui encou-
ragea, protégea, aima ses élèves, a eu le bonheur de voir scs'œuvres fructifier.
Plusieurs de ses disciples sont devenus maîtres à leur tour et, en dehors du
cercle si grand de ceux qui reçurent ses instructions personnelles, l'influence
de son exemple sur la jeunesse de son époque a été incalculable pour le bien.

Maintenant tout est fini. La main qui travaillait encore il y a huit jours reste
inerte dans ce cercueil. Nos expositions ne verront plus de toiles nouvelles,
n’écouteront plus les conseils du maître, les amis chercheront en vain le re-
gard sympathique de l’ami ! A l’Institut, à l’école, aux jurys, à l'atelier, au
foyer, il manquera, hélas ! désormais.

Adieu, grand et vaillant artiste, maître dévoué, confrère loyal ! Adieu, ami
bien aimé ! Nos cœurs souffrent de cette séparation ; mais ta' mémoire sera
conservée parmi les plus précieux de nos souvenirs, comme tes œuvres reste-
ront parmi les plus chères de nos gloires !

Nos Illustrations

L’anniversaire, la gracieuse statue exposée par M. Henry Devaulx, a
une origine que nous ne saurions retracer sans une pr ofonde émotion.
L’artiste avait exécuté le médaillon d’une jeune mère récemment enlevée,
par un mal implacable, à l’affection des siens. Ce portrait venait d’être
placé dans le salon lorsqu’une fillette entra. C’était l’enfant de ia morte.
En apercevant le médaillon, l’enfant s’écria ; « Ah ! maman ! » et, se haus-
sant sur la pointe des pieds, baisa pieusement les traits maternels. Ce
mouvement a été surpris par l’artiste, qui l’a fidèlement reproduit. Ajoutons
que Y Anniversaire se trouve en ce moment chez Goùge, l’éditeur bien
connu.

Nous ne pouvons qu’appeler également l’attention de nos lecteurs sur

les trois autres ouvrages reproduits dans le présent numéro : les Bords
du Bhône, par M. Mallet, le Marché aux chevaux, par M. Grandjean, et
Vive la France! par M. Claris, trois succès du dernier Salon.

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EXPOSITION DES AQUARELLISTES

La onzième exposition de la Société d’aquarellistes français vient d’ou-
vrir dans la galerie Georges Petit.

Environ deux cents ouvrages y figurent, signés de Mme Nathaniel de
Rotschildt, de MM. Heilbuth, Harpignies, Georges Jeanniot, Lhermitte,
John Lewis-Brown, Albert Maignan, Worms, Vibert, Edmond Yon, Bes-
nard, Jean Béraud, Friant, Victor Gilbert, Maurice Leloir, Emile Adan,
Robert de Cuvillon, Maurice Courant, Charles Delort, G. Dubufe, Julien
Le Blarjt, Loustaunau, Eugène Lami, Lambert, Adrien Moreau, Eugène
Morand, Jean-Ch. Meissonier, Zuber, Roger Jourdain, O. de.Penne et
Paul Pujol.

Nous reviendrons sur cette exposition. Pour aujourd’hui, nous nous
bornerons à signaler la Visite aux pauvres, Dans l'herbe, la Terrasse de
Saint-Germain, Tffley-Mill (Oxford), Causerie, Portrait, ravissantes
aquarelles de M. Heilbuth ; les beaux paysages de MM. Harpignies, Bé-
thune, Yon, Zuber, et ceux de Mme la baronne Nathaniel de Rotschildt,
Y Ascension difficile et autres scènes charmantes de M. Lambert, le pein-
tre des chats ; le Départ des chevaux de trois ans, le Retour de battue
aux loups et Un vieux cheval de trompette, par M. John Léwis-Brown ;
de jolies scènes galantes de M. Robert de Cuvillon ; les fantaisies d’un
caractère si personnel de M. Besnard, les types de ravissantes parisiennes
de M. Jean Béraud, les étonnants pioupious de ce grand artiste qui s'ap-
pelle Georges Jeanniot ; une intéressante suite d’aquarelles au noir d’i-
voire pour le Polyeucte de Corneille, par M. Albert Maignan ; les Débuts
d'un confesseur par le très spirituel M. Vibert; un beau soldat de l’ancien
temps, par M. Loustaunau ; de superbes dessins de M. Le Blant pour
l’illustration des Chouans de Balzac; etc.

pCHOs Artistiques

On sait que le péristyle et les groupes décoratifs de l’Opéra avaient pris
dans la dernière semaine de janvier, une physionomie singulière. L’affichage
électoral m'avait rien respecté, et, à ce propos, une réclamation intéressante
s’est produite. .

Nous ne croyons pas nécessaire de rappeler ici les rudes épreuves qu'eut à
subir autrefois le groupe de la Danse, du maître sculpteur Carpeaux.

En le débarrassant des placards qui le couvraient, il y a peu de jours, on
s’est aperçu que l'œuvre était assez gravement lézardée. La veuve du sculp-
teur Carpeaux a fait alors une démarche auprès de la direction des Beaux-Arts
pour le tiansfert du groupe de la Danse dans un de nos musées nationaux. Ainsi
pourrait-on en éviter la destruction complète.

La direction des Beaux-Arts a chargé un inspecteur de l'examen du groupe
de l’Opéra. Ce n’est que sur les conclusions du rapport fait par ce fonction-
naire qu'une décision sera prise. Au cas où ces conclusions seraient véritable-
ment alarmantes, ce groupe serait enlevé de la façade de l'édifice de M. Char-
les Garnier et remplacé par une copie.

X

La, statue de Balzac, dont on annonçait l’inauguration relativement prochaine
à Tours, semble sérieusement compromise. Le sculpteur a terminé son œuvre.
Mais-voilà que cette œuvre fait jeter de hauts cris à un certain nombre des
membres,du comité. Ces messieurs proclament que M. Fournier ne leur a pas
rendu le Balzac idéal, sérieux, penseur, dont la physionomie, disent-ils, con-
traste d’une façon aussi étrange que peu heureuse avec les figures souriantes,
épanouies, « bon enfant », sensuelles même, sous lesquelles on était jusqu’ici
accoutumé à contempler l'immortel auteur de la Comédie humaine. En un
mot, ils reprochent à l’artiste de 11e pas leur avoir donné le portrait fidèle de
Balzac. La facture de la statue n’échappe pas non plus à la critique des mem-
bres du comité ; les uns la trouvent sèche; les autres la déclarent inachevée.

La question a été agitée au sein du comité d’envoyer une délégation
à Paris, dans l’atelier de M. Fournier, pour procéder à un examen définitif
du monument et pour lui indiquer sur place dans quelle note il devrait
refaire son œuvre. Mais l’artiste, avisé du projet, refuse de recevoir toute
délégation. Il répond que la statue a été examinée avec soin, qu’elle a été
acceptée, qu’il la livrera telle qu’elle est dès qu’elle sera revenue de la fonte,
où elle se trouve actuellement.

Au point où en sont les choses, il paraît bien difficile qu’on puisse arriver
à s’entendre sans avoir recours aux tribunaux.

X

La construction du piédestal du monument élevé à Eugène Delacroix dans
le jardin du Luxembourg, touche à sa fin.

Le pourtour en marbre blanc du bassin placé en avant du monument pro-
prement dit est achevé, et 011 a placé le premier bloc de marbre ouvré devant
former le socle sur lequel s'élèvera la statue, œuvre de M.’ Dalou.

Le Gérant : SILVESTRE

Paris, — Glyplograpliie SILVESTPiE A C1*, rue Obcrkampf, 1)7
 
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