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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

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No. 90 (12 Janvier 1889) – No. 99 (16 Mars 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25561#0175
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L’ART 'FRANÇAIS

Palais de l’Industrie. En attendant cet heureux âge, nous
croyons que messieurs les artistes-hommes ne pourraient que
gagner a étudier de près la manière <Têu e de mesdames les artis-
tes-femmes. C’est humiliant pour le sexv. barbu, mais il faut bien
conveni que celles-ci sont infinime^. plus exemplaires que
ceux-là.

Le progrès constant des intéressantes! exposantes (le nombre
des sociétaires s’est augmenté de quatre-vingts dans le cours de
l’année 1888), s’affirme, cette fois, d’une façon éclatante. ' Et, ce-
pendant, nous avons à regretter certaines abstentions. C’est ainsi
que la sculpture ne nous offre aucun ouvrage de Mme Léon Ber-
taux. En revanche, Mme Nelly Coûtant envoie un Saint Jean d’une
charmante attitude enfantine, où déjà quelque chose désigne le
précurseur.

Mme Ronne’r, qui fait g ne si redoutable concurrence à M. Lam-
bert comme peintre des chats, envoie un tableau où un magnifi-
que chat blanc s’apprête à étrapgler un serin. C’est la nature
mêmè. \

Mme Elodie La Villette a réuni en un seul cadre un certain
nombre d’études et de paysages maritimes d’une justesse, d’une
sincérité et d’une puissance absolument exceptionnelles. La
vaillante artiste expose également deux marines d’un beau
caractère.

Mme Castagnafy, 'si cruellement éprouvée au cours de l’année
qui vient de finir, a peint avec ses qualités de coloriste, et surtout
avec son âme d’artiste, une cueillette de roses et une nature
morte (une bouillotte en cuivre), deux petites merveilles.

Comme peintre de fleurs, il convient de citer encore MllcJeanne
Taconet, Mme Hébert-Stevens, Mme Winaretta Singer, qui toutes
expriment, dans une interprétation bien personnelle, l’indicible
séduction de leurs modèles (au dix-huitième siècle, on eut dit :
« de leurs sœurs ! > ).

Le paysage 11’est pas moins bien représenté, et ici l’originalité
vous saute aux yeux.

Mmc Leigh, Mlle Jeanne Durand, Mllie Marie Brodbecq, ont vu,
ont apprécié la finesse des tons naturels ainsi que la transparence
de l’air, aussi leurs paysages ont-ils une saveur pénétrante, un
charme particulier.

Si nous passons.aux peintres de figures,- nous retrouvons ici
Mme VirginieDemont-Breton, toujours en verve, toujours experte
dans la notation des types, des gestes et des attitudes paysannes-
ques, Mme Huillard, Mllc Louise Mercier, protraitistes distinguées,
M1Ie Isabelle Viteau, miniaturiste d’un rare talent, qui expose un
très joli portrait du jeune fils de M. le docteur Goujon,
sénateur;. M!le Turner, auteur d’une très belle étude de
fillette des champs, au pastel, et Mnie Marie Le Fustec, qui a
reproduit avec un art extrême les traits aimables et distingués de
Mlle Berthe S...

Je n’aurai garde d’oublier, dans cette première et très incom-
plète revue de l’exposition des femmes peintres et sculpteurs, les
remarquables animaux de Mme Peyrol-Bonheur et une superbe
nature morte de MUe Alice Ronner, fille et élève de l’éminente
artiste dont je parlais plus haut.

J’espère revenir prochainement sur cette très intéressante ma-
nifestation, alors que j’aurai pu l’étudier à loiair et avec toute
l’attention qu’elle mérite. Sans doute y découvrirai-je des ouvrages
de Mmes Joséphine Houssay, Adrien Lavieille, Beaury-Saurel,
Baubry-Vaillant, Claire Lemaître, Bilinska, Valentino, Réal
del Sarte et autres artistes de talent dont les envois m’ont
échappé.

Nos Illustrations

La Portrait de Mlle Berthe S..., par Mme Marie Le Fustec, est une des
plus jolies toiles de l’exposition des femmes peintres et sculpteurs, ainsi
que nous l’avons dit dans l’article qui précède.

La Fête de la De'esse Baison, par M. Goëssin, emprunte au Centenaire
de la Révolution un surcroît d’intérêt. A la vérité, cette œuvre conscien-
cieuse, pleine d’érudition et d’unie rigoureuse exactitude historique, pou-
vait se passer de cet attrait d’actualité.

Quant au tableau de M. Calmettes : Attendant la marée, c’est une de
ces touchantes évocations où l’on sent vraiment passer le souffle du
grand poète des Travailleurs de la mer.

pCHOs ^Artistiques

Notre grand statuaire, M. Rodin, travaille en ce moment au buste qui lui a
été commandé par le comité formé pour l’érection d'un monument à la mé-
moire du regretté Castagnary.

Nous n’étonnerons personne en disant que ce buste est assez avancé pour
qu'on puisse y voir déjà un véritable chef-d’œuvre.

O11 sait qu’une souscription est ouverte, depuis quelque temps, pour couvrir
les frais matériels du monument. Les adhésions arrivent, nombreuses, au
comité. Ceux des arniis de Castagnary qui n'ont pas encore souscrit, feront bien
de se hâter, l’inauguration du monument devant avoir lieu le jour anniversaire
de la mort de l’éminent directeur des Beaux-Arts.

X

On lit dans le Journal officiel du 31 janvier :

« Par suite du décès de M. Cabanel,- une place de professeur chef d’atelier de
pemtui e est vacante à l’Ecole, nationale et spéciale des Beaux-Arts. Un délai
de vingt jours est accordé aux candidats pour adresser leur demande au minis-
tre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et faire valoir leurs titres. »

X

La succession d’Alexandre Cabanel à l’Académie des Beaux-Arts est égale-
nlent ouverte, et aux candidatures déjà connues, celles de MM. Henner et Jules
Lefebvre, il convient d’ajouter celle de M. Edouard Détaillé.

Un de nos confrères est allé «interviewer» à ce sujet le célèbre peintre
militaire.

« On me conseille beaucoup, a répondu M. Détaillé, de me conformer à l’u-
sage de l’Institut qui veut qu’on se présente plusieurs fois pour prendre rang.
Il est donc très probable que, cette fois, je ne ferai que prendre rang, à moins
que mes parrains me conseillent d’attendre encore, v

X

Malgré les préoccupations du irlomenl, on a vendu, la semaine dernière, à
l’hôtel Drouot, à de très hauts prix, quelques tableaux modernes.

Ces toiles, qui formaient, la collection de feu M. Nalhan, ont produit
75,580 fr. Signalons, parmi les principales enchères, un tableau de Jules Du-
pré, le Moulin, qui a été payé 16,500 fr. ; trois éludes du même maître ont été
adjugées, la première, la Mare, 6,120 fr., sur une demande de 3,500 fr., la se-
conde, la Cabane, 4,600 fr. sur une demande de 5,000 fr., et la troisième, le
Ru du moulin* 7,600 fr., sur une demande de 8,000. Une Allée en forêt, étude
provenant de la vente Diaz, estimée 5,000 fr., a été poussée à 9,200 fr. Un pe-
tit tableau, le Tombeau, par Isabey, a été vendu 4,360 fr., sur une demande
de 4,500 fr. ; Têtes de jeunes fille, par Jacquet, appréciée 1,500, adjugée
2,050 fr., et le Retour à la ferme, par de Yuillefroy, demandé 500 fr., vendu
1,010 francs.

Ce sont surtout deux tableaux de Ribot qui ont atteint des enchères élevées ;
le premier, le Lapidé, petite toile mesurant soixante centimètres en hauteur
sur soixante-huit en largeur, sur une demande de 5,000 fr., a atteint l’enchère
de 7,900 francs. C’est la première fois, croyons-nous, qu’une œuvre de ce maî-
tre se vende un pareil prix dans une adjudication, i^c second, la Réprimande,
sur une demande de 3,500 fr., a été vendu 5,100 francs.

X

Le musée du Louvre vient de s’enrichir de trois terres cuites de Clodion,
qui lui ont été léguées par M. de Marigny. Ce legs se compose de deux grands
vases avec bas-reliefs et d’un groupe représentant une bacchante couchée près
de laquelle un enfant joue avec des raisins.

X

La peinture de l’abside de l’église de la Madeleine, l'Histoire du Chris-
tianisme, par Ziégler, menace ruine ; on se préoccupe de cet état de choses et
on cherche à y remédier; il est possible que la peinture soit remplacée par
une mosaïque ; il est certain que si la peinture doit être sacrifiée, la mosaïque
donnerait lieu à une magnifique décoration.

Le Gérant : S1LVESTRE

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Paris. — Glyptographie SILVESTRE & C'S rue Oberkampf, 97
 
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