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L ART FRANÇAIS

rétablit le circulus sanguin, gêné dans toutes les autres positions.
Os homini sublime dédit... à l’animal à deux pieds, sans plumes !

Pour subir une intoxication métallique quelconque, un artiste
peintre doit y mettre de la bonne volonté, puisque toutes les
couleurs lui sont livrées dissoutes dans l’essence de thérébentine.
Mais, l’essence en question peut causer des maux de tête, des
vertiges, des éblouissements, des bourdonnements d’oreilles,
parfois certaines épreintes vésicales. Autant d’avertissements pour
ne pas séjourner trop longtemps dans l’atelier, et pour soigner la
ventilation du local affecté au labeur artistique !

Plus que les peintres à l’huile, les pastellistes sont exposés à
l’intoxication par les voies respiratoires. Aujourd’hui que l’art du
pastel subit une véritable renaissance, il est bon, en lui donnant
un sens médical, de relancer à ses adeptes l’apostrophe de Dide-
rot : 'Mémento quia pulvis es, et de les mettre en garde contre les
dangers résultant, au point de vue du saturnisme et de l’arseni-
cisme professionnels, de certains de leurs crayons si fragiles, dont
les poussières, en pénétrant dans les poumons, peuvent être ab-
sorbées par la muqueuse respiratoire, et charriées ensuite dans le
torrent sanguin.

Nous croyons suspects, à cet égard: les pastels d’ocre jaune,
de jaune de chrome, de jaune indien et certains aussi, à base de
laques. Nous pensons, aussi, que l’industrie pourrait remédier à
ces dangers, en leur substituant des pastels inoffensifs; et nous
renvoyons nos lecteurs, pour toutes ces questions, à notre
Hygiène du travail (*).

Dr E. Monin.

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LE GRAND SALON

C’est ainsi qu’on l’appelle, depuis qu’on l’a vu ouvert, le Salon
du Champs-du-Mars, et je suis heureux que l’apparition de ce
numéro spécial ait été retardée de quelques jours afin de pouvoir
constater l’étonnant succès parisien de cette journée du 14 mai; ce
que je n’aurais pu que prévoir, plus tôt.

Jamais vernissage, en effet, ne vit cohue plus élégante; et il
n’est pas un des heureux privilégiés, accoutumés d’assister à ces
fêtes artistiques, qui ait souvenir d’une répétition générale aussi
réussie.

Jamais pareille débauche d’exquise élégance n’avait grisé les
yeux; — et le charme en était d’autant plus pénétrant qu’une
matinée un peu brumeuse ne présageait certes pas la radieuse
après-midi qui a suivi.

C’était bien, — comme me le disait un ami, songeant à l’épo-
pée impériale, si grandiosement reconstituée par le maître Meis-
sonier : « le soleil d’Austerlitz ! »

Que ce mot de « parisien », seul,dont je qualifiais plus haut le
succès du mercredi 14 mai,ne prenne pas un autre sens que celui
queje lui veux attribuer. Il est exact, bien exact, pour définir cette
journée qui précédé l’ouverture d’une exposition; journée où —
tout le monde sait cela — le côté « art » est toujours un peu
sacrifié au côté « mondain » qui, souvent même, est /’unique
succès de ce s fêtes.

Ce 11’est pas ici, oh ! mais pas du tout le cas; et l’on verra
combien la suite va justifier les augures mondains. Et si ce n’est

pas mon lot, dans cette hospitalière revue, d’analyser et de discu-
ter les oeuvres exposées au Champ-de-Mars, qu’il me soit du
moins permis de dire, ce que chacun sait aujourd’hui, c’est que
l’ensemble en est remarquable.

Quelques mots maintenant, de la genèse de la Société Natio-
nale.

« La genèse ? dira-t-on, mais, qui ne la connaît ? »

Exclamation exacte : tous ceux qu’intéresse l’Art — et ils sont
légion — savent, en effet, comment s’est produite en décem-
bre dernier la scission qui vient de nous valoir cette belle mani-
festation artistique du Champ-de-Mars; personne n’ignore que
les médailles données à l’Exposition universelle, non reconnues
par la plupart des membres de la Société des Artistes, — où
l’Etat avait choisi, pourtant, bon nombre des dispensateurs de ces
récompenses — amena une rupture qui devint décisive, après
la tumultueuse séance du 26 décembre.

M. Meissonier fut profondément blessé de l’attitude tout à fait
caractéristique de certains de ses collègues; doublement atteint
dans sa dignité d’artiste et de président du Jury de l’Exposition
universelle, il se retira de la Société, suivi d’un grand nombre
d’artistes, membres aussi de ce Jury, ou récompensés par lui.

Par la suite, certaines réformes du groupe Meissonier, d’abord
repoussées, furent admises par les amis de M. Bouguereau, mais
il était trop tard ; on s’était aigri de part et d’autre, dans ces
discussions, et la rupture devenait inévitable, — on peut dire
aujourd’hui irrévocable.

Ce n’est qu’après la séparation que les dissidents se comptèrent.
Ils formaient un rameau déjà puissant. « Pourquoi, se dirent-ils,
n’exposerions-nous pas de notre côté?... » Cette interrogation
ne devait pas rester longtemps, sans réponse : la Société Nationale
des Beaux-Arts était fondée. Les adhésions arrivèrent en nombre,
et bientôt le rameau devenait arbre. On a vu les fruits qu’il vient
de donner !...

Toutes ces choses, chacun les sait. Mais ce que l’on ne sait pas,
et ce qu’il faut qu’on sache, c’est la somme prodigieuse de travail
dépensée par les membres de la nouvelle Société, pour organiser
leur exposition. Ils sont, certes, largement payés de leurs déboires
par le succès, — et la justification de leur attitude, pour s’être
fait attendre, n’en est pas moins éclatante. Mais il faut bien le
dire, c’est à l’énergie, au dévouement infatigable de tous, et plus
spécialement des militants comme Gervex, Billotte, Béraud,
Dubufe etc,, que ce résultat doit d’être acquis.

On pourrait dire par quels tourments passèrent les dissidents,
au début; quels obstacles ils durent vaincre devant cette force
d’inertie — paralysant les plus vaillants, — qu’ils rencontrèrent
d’abord. On pourrait raconter enfin par le menu, toutes les
cruelles angoisses de la première heure.

A quoi bon ! Le succès est acquis de ce jour, auprès du grand
public. On en appelle maintenant, à l’autre public, à celui qui
juge en dernier ressort; à ce public qui apporte,avec son indiffé-
rence ou son enthousiasme, la défaite ou bien le triomphe !

Dira-t-il, après avoir comparé, et revenant où sont ses préfé-
rences « Est-ce ma faute, à moi, si f aime mieux ce que j’aime que
ce que je n aime pas »?...

Georges Blavet.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

(*) Hetzel, éditeur.

Imprimerie SILVESTRE et Cie, rue Oberkambf, y y, à Paris.
 
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