Quatrième année.
N° 174.
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 23 AOUT 1890
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire: Directeurs .artistiques :
FIRMIN JAVEL Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris SILVESTRE R Cie
ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 15 francs; six mois, Q francs.
NOS ILLUSTRATIONS
que le jeune et éminent artiste, s’empresseront de lui prendre cette
idée là.
Mme ROGER-MICLOS; — buste, plâtre, par M. Antonin Caries.
LA PARTIE DE BOUCHON, par M Henri Waller.
Une artiste distinguée, Mme
au Salon des Champs-Ely-
sées, son image embellir à
la fois l’une des salles de la
peinture et le jardin de la
sculpture.
Le peintre qui avait été
choisi comme interprète, par
la jeune et brillante, artiste,
n’était autre que le maître
J.-J. Henner, et son Portrait
de Mme ‘Roger SiCiclos a été
admiré pour son grand style
et son caractère pour ainsi
dire immatériel. Tout ce que
la beauté d’un profil de femme
aux lignes parfaitement régu-
lières peut évoquer de poésie
dans votre esprit, M. Henner
l’avait écrit en d’harmonieuses
strophes.
Le buste que nous repro-
duisons, et qui est également
une très belle œuvre, pré-
sente peut-être, au point de
vue de la conformité rigou-
reuse des traits, une exacti-
tude plus frappante. Cette
description d’une séduisante
physionomie est d’une écri-
ture plus serrée, mais on y
sent la clarté de la prose plu-
tôt que le musical artifice du
vers. Ceci n’est point infé-
rieur à cela, puisque dans le
portrait et dans le buste on
retrouve également la fran-
chise du regard, sa troublante
intensité, l’aristocratie des
traits, la finesse et la pureté
de lignes de ce cou blanc et
délicat qui, selon l’expression
d’André Chénier, citée par
Musset, « se plie et de la
neige effacerait l’éclat ».
Ce buste de musicienne
repose sur le clavier d’un
piano. C’est là une de ces
fantaisies originales dont M.
Antonin Cariés est coutumier.
Vous verrez que d’autres
sculpteurs, moins bien doués
Roger-Miclos, a pu voir, cette année, i
Le sens rétrospectif ne paraît pas faire défaut à M. Henri Waller.
cat mi o Avec une liberté et une assu-
SALON DE 1890 _
y lance surprenantes, il nous
restitue non seulement l’uni-
forme, mais les types mêmes
des dragons du premier em-
pire.
Peut-être Raffet eût-il traité
cette scène différemment, et
rien ne prouve que M. Waller
ait la prétention d’effacer la
gloire de son illustre devan-
cier. Cependant, cette pein-
ture a son accent personnel,
ce dessin est curieux et sin-
cère, et l’érudition de l’ar-
tiste s’affirme en même
temps que le goût et la sûreté
visuelle de l’observateur.
Antonin Carlès. — 5Tme Roger-Miclos ; — buste, plâtre.
MATINÉE DE NOVEMBRE,
près d'Alençon.
Par M. Paul Sain.
L’école nouvejle, ou plutôt
la nouvelle école de paysage,
ne compte guère de plus fer-
vent adepte que M. Paul
Sam. Il ne faudrait pas igno-
rer, cependant, que ce jeune
peintre, dont les toiles sont
si remarquées au Palais de
l’Industrie, fût d’ailleurs un
excellent portraitiste.
Or, figure ou paysage, tout
ce que M. Paul Sain se plaît
à reproduire, il l’étudie avec
la même conscience parfois
méticuleuse. Son dessin ne
néglige nul détail perceptible,
et c’est là le seul point sur
lequel nous serions tenté de
lui chercher chicane. Lors-
qu’il a devant lui, par exem-
ple, une grande mélée de ra-
meaux surplombant un étang
assoupi, l’artiste tire de sa
vision un parti superbe.
Là, les feuillages se mas-
sent d’eux-mêmes et la repré-
sentation du paysage se pro-
duit par plans nettement indi-
N° 174.
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 23 AOUT 1890
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire: Directeurs .artistiques :
FIRMIN JAVEL Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris SILVESTRE R Cie
ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 15 francs; six mois, Q francs.
NOS ILLUSTRATIONS
que le jeune et éminent artiste, s’empresseront de lui prendre cette
idée là.
Mme ROGER-MICLOS; — buste, plâtre, par M. Antonin Caries.
LA PARTIE DE BOUCHON, par M Henri Waller.
Une artiste distinguée, Mme
au Salon des Champs-Ely-
sées, son image embellir à
la fois l’une des salles de la
peinture et le jardin de la
sculpture.
Le peintre qui avait été
choisi comme interprète, par
la jeune et brillante, artiste,
n’était autre que le maître
J.-J. Henner, et son Portrait
de Mme ‘Roger SiCiclos a été
admiré pour son grand style
et son caractère pour ainsi
dire immatériel. Tout ce que
la beauté d’un profil de femme
aux lignes parfaitement régu-
lières peut évoquer de poésie
dans votre esprit, M. Henner
l’avait écrit en d’harmonieuses
strophes.
Le buste que nous repro-
duisons, et qui est également
une très belle œuvre, pré-
sente peut-être, au point de
vue de la conformité rigou-
reuse des traits, une exacti-
tude plus frappante. Cette
description d’une séduisante
physionomie est d’une écri-
ture plus serrée, mais on y
sent la clarté de la prose plu-
tôt que le musical artifice du
vers. Ceci n’est point infé-
rieur à cela, puisque dans le
portrait et dans le buste on
retrouve également la fran-
chise du regard, sa troublante
intensité, l’aristocratie des
traits, la finesse et la pureté
de lignes de ce cou blanc et
délicat qui, selon l’expression
d’André Chénier, citée par
Musset, « se plie et de la
neige effacerait l’éclat ».
Ce buste de musicienne
repose sur le clavier d’un
piano. C’est là une de ces
fantaisies originales dont M.
Antonin Cariés est coutumier.
Vous verrez que d’autres
sculpteurs, moins bien doués
Roger-Miclos, a pu voir, cette année, i
Le sens rétrospectif ne paraît pas faire défaut à M. Henri Waller.
cat mi o Avec une liberté et une assu-
SALON DE 1890 _
y lance surprenantes, il nous
restitue non seulement l’uni-
forme, mais les types mêmes
des dragons du premier em-
pire.
Peut-être Raffet eût-il traité
cette scène différemment, et
rien ne prouve que M. Waller
ait la prétention d’effacer la
gloire de son illustre devan-
cier. Cependant, cette pein-
ture a son accent personnel,
ce dessin est curieux et sin-
cère, et l’érudition de l’ar-
tiste s’affirme en même
temps que le goût et la sûreté
visuelle de l’observateur.
Antonin Carlès. — 5Tme Roger-Miclos ; — buste, plâtre.
MATINÉE DE NOVEMBRE,
près d'Alençon.
Par M. Paul Sain.
L’école nouvejle, ou plutôt
la nouvelle école de paysage,
ne compte guère de plus fer-
vent adepte que M. Paul
Sam. Il ne faudrait pas igno-
rer, cependant, que ce jeune
peintre, dont les toiles sont
si remarquées au Palais de
l’Industrie, fût d’ailleurs un
excellent portraitiste.
Or, figure ou paysage, tout
ce que M. Paul Sain se plaît
à reproduire, il l’étudie avec
la même conscience parfois
méticuleuse. Son dessin ne
néglige nul détail perceptible,
et c’est là le seul point sur
lequel nous serions tenté de
lui chercher chicane. Lors-
qu’il a devant lui, par exem-
ple, une grande mélée de ra-
meaux surplombant un étang
assoupi, l’artiste tire de sa
vision un parti superbe.
Là, les feuillages se mas-
sent d’eux-mêmes et la repré-
sentation du paysage se pro-
duit par plans nettement indi-