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Quatrième année. — N° 183.

LE NUMÉRO : 25 CENTIMES

SAMEDI 25 .OCTOBRE 1890

L'ART FRANÇAIS

Revue Artistique Hebdomadaire

Directeur littéraire s Directeurs artistiques:

FIRMIN JAVEL

Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris

SILVESTRE & O

ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 15 francs; six mois, 8 francs.

Henri Bouillon. — La Porteuse aux champs.

SALON DE 1890 (Cbamps-Élysées)

Gustave Guillaumet

On inaugure ces jours-ci, dans le cimetière Mont-
martre, le tombeau de Gustave Guillaumet, oeuvre de
M. Barrias.

Nos lecteurs se souviennent certainement d’avoir vu,
dans notre numéro du 31 mai dernier, la reproduction
d’une ravissante figure de jeune algérienne, assise et
effeuillant des fleurs sur une pierre tombale. Cette jeune
Algérienne symbolisait dans l’esprit de l’éminent statuaire
l’œuvre du maître regretté. Ce que M. Aimé Millet avait
fait pour Henry Murgër, en dressant sur le tombeau du
poète une Jeunesse effeuillant des roses, M. Barrias l’a tenté
pour le célèbre peintre de l’Orient. Il a voulu que sa
tombe fut embellie par une de ces jeunes tisseuses de Bou-
Saada ou de Biskra, c’est-à-dire par une de ces suaves figu-
res que le maître orientaliste interprétait avec tant d’origi-
nalité et de passion. La statue, nous l’avons dit, a été admi-
rée au Salon de 1890, où elle figurait à l’état de cire, et
nul doute qu’elle ne retrouve ce charme triomphant
lorsque M. Bingen l’aura transformée par le bronze.

Gustave Guillaumet était né le 26 mars 1840.

Il est mort le 14 mars 1887, en pleine maturité, en plein
talent.

Dans ses premiers travaux exécutés en Algérie, on
retrouve encore l’influence d’Eugène Delacroix. Mais peu
à peu, et par suite d’une observation de plus en plus pers-
picace de cette nature ensoleillée, de ces vastes solitudes,
de ces ciels grandioses où, comme il l’a dit lui-même, « il
n’est rien qui ne se revête de quelque beauté sévère,
étrange et pittoresque», sa personnalité se dégage et
s’affirme victorieusement. Jusqu’alors, il a peint l’Algérie
de tout le monde, à partir de ce moment il l’a conquise,
elle est à lui, à lui seul. Quelque illustres qu’ils soient, ses
devanciers la lui ont laissée toute entière. Il s’y établit en
maître, comme Courbet dans les vallées du Doubs,
comme M. Pointelin sur les sommets jurassiens.

De son séjour à Laghouat, Guillaumet devait rappor-
ter la formule définitive de la lumière et de la « fluidité
del’air ».

La Prière au ‘Désert, qu’on peut ' voir au Musée du
Luxembourg, la Famine et quelques autres toiles datent de
la période initiale. Laghouat marque le point de départ de
la seconde.

Nous l’avons tous devant les yeux, ce paysage d’une
tonalité si curieuse, si neuve, si inconnue, avec ses terrains
bosselés, d’un jaune roussâtre, ses profils de Ksours ou
habitations modestes et silencieuses, et ses personnages
aux vêtements blancs ou gris, aux attitudes ' si vraies,
si fidèlement notées, ses enfants « si adorablement enca-
puchonnés ».

L’Habitation Saharienne (1882) nous montre le peintre
épris de la lumière des intérieurs arabes, et la Seguia
(1885) prouve que le maître revenait, avec une joie tou-
jours nouvelle, à l’étude des terrains en contact avec le
ciel. C’est la tombée de la nuit; les ruelles d’un village
bizarre commencent à se plonger dans une ombre transpa-
rente, tandis que çà et là, rêvent quelques personnages
accroupis. Au bord du ruisseau, une jeune fille, debout,
 
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