- .V 225.
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 15 AOUT 1891
Cinquième année. -
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire : Directeurs artistiques:
1 IkMIN J A\ EL Bureaux : 97, rue Oherkamp f, à Paris SILVESTRE & Cie
ABONNEMENTS. — FCrus & Dépaiitkments : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale: un an, 15 francs; six mois, 8 francs
NOS ILLUSTRATIONS
. Le rôtirait de 51fllc L..., par M. Behiner, a figuré au Salon des
Champs-Elysées, où il se distinguait par la franchise de l’exécu-
tion et par la sincérité de la recherche.
Au point de vue documentaire, le peintre a résumé la grâce
aimable, la finesse et je ne sais quelle suprême élégance qui
caractérisent la parisienne, à quelque classe sociale qu’elle appar-
tienne. Il n’est pas jusqu’à ce petit air grave et presque mélan-
colique qui ne seyc, par un contraste charmant, à ce jeune
visage où, tout à l’heure, sur un mot, sur une pensée fugitive,
sur un souvenir d'hier ou une espérance de demain, brillera le
divin sourire dans son irrésistible séduction.
A la messe, par M. Armbruster, est l’œuvre d’un artiste alle-
mand. Il ne faut donc pas s’étonner si l’on y retrouve comme
un reflet du génie analytique d’Holbein, pâle reflet, à coup sûr,
et qui laisse, à la personnalité du peintre de A la messe, son
mérite distinct.
On sait avec quelle persistance nous soutenons dans cette
revue, depuis bientôt cinq ans, les intérêts de l’art français. Si la
supériorité de notre école sur les écoles rivales pouvait encore
être contestée, il suffirait de parcourir notre collection et les
reproductions d’œuvres qu’elle renferme pour se convaincre que
nul pays n’est à même de lutter avec le nôtre sur le terrain de
l’art pur. Telle a toujours été notre conviction, et c’est ce qui
nous fait un devoir de mettre sous les yeux de nos lecteurs, à
côté des ouvrages des maîtres français, ceux que les artistes
étrangers produisent de plus remarquables.
A ce titre, le tableau de M. Armbruster, avec sa sobriété de
couleur et sa simplicité d’arrangement, méritait une place dans
notre galerie.
Longue étape, l’une des meilleures toiles de M. Eugène
Chaperon, et certainement l’une des plus intéressantes qui aient
figuré au dernier Salon des Champs-Elysées, nous ramène au
génie français dans toute sa concision.
En ce récit, pas un mot de trop. Cependant, tout ce qu’il y
avait à dire d’intéressant sur ces fantassins marchant en liberté,
le fusil passé sous le bras ou suspendu en bandoulière, les
mains battantes ou enfouies dans les poches du pantalon d’or-
donnance, le képi rejeté en arrière ou projeté surles yeux, selon
le caprice de chacun et pour sa plus grande commodité, tout est
dit avec esprit, et dans ces soldats à la physionomie si profon-
dément observée, on devinerait des caractères...
Un jour, je l’espère, l’œuvre de M. Chapron sera réunie en
une publication qui constituera un véritable musée de l’armée
française de ce temps.
Naïade, la charmante statue en plâtre que M. Hercule exposait
au Salon r’es Champs-Elysées, a valu a son auteur une médaille
de deuxième classe. Cette récompense est pleinement justifiée par
la beauté des lignes, par la souplesse de cette figure. Comme
lassée de la chaleur du jour, comme si elle eût cherché un peu
de fraîcheur au bord d’une source, la naïade s’est couchée non-
chalante, sur un lit de mousse, à l’ombre des grands arbres,
au fond de quelques bois sacré... Et nous sommes reconnais-
sants au jeune maître d’évoquer ces splendeurs pour la plus
grande joie de nos veux. F. J.
SALON DE 1891 (Champs-Elysées)
Béhmer. — Portrait de Mlle L...
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 15 AOUT 1891
Cinquième année. -
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire : Directeurs artistiques:
1 IkMIN J A\ EL Bureaux : 97, rue Oherkamp f, à Paris SILVESTRE & Cie
ABONNEMENTS. — FCrus & Dépaiitkments : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale: un an, 15 francs; six mois, 8 francs
NOS ILLUSTRATIONS
. Le rôtirait de 51fllc L..., par M. Behiner, a figuré au Salon des
Champs-Elysées, où il se distinguait par la franchise de l’exécu-
tion et par la sincérité de la recherche.
Au point de vue documentaire, le peintre a résumé la grâce
aimable, la finesse et je ne sais quelle suprême élégance qui
caractérisent la parisienne, à quelque classe sociale qu’elle appar-
tienne. Il n’est pas jusqu’à ce petit air grave et presque mélan-
colique qui ne seyc, par un contraste charmant, à ce jeune
visage où, tout à l’heure, sur un mot, sur une pensée fugitive,
sur un souvenir d'hier ou une espérance de demain, brillera le
divin sourire dans son irrésistible séduction.
A la messe, par M. Armbruster, est l’œuvre d’un artiste alle-
mand. Il ne faut donc pas s’étonner si l’on y retrouve comme
un reflet du génie analytique d’Holbein, pâle reflet, à coup sûr,
et qui laisse, à la personnalité du peintre de A la messe, son
mérite distinct.
On sait avec quelle persistance nous soutenons dans cette
revue, depuis bientôt cinq ans, les intérêts de l’art français. Si la
supériorité de notre école sur les écoles rivales pouvait encore
être contestée, il suffirait de parcourir notre collection et les
reproductions d’œuvres qu’elle renferme pour se convaincre que
nul pays n’est à même de lutter avec le nôtre sur le terrain de
l’art pur. Telle a toujours été notre conviction, et c’est ce qui
nous fait un devoir de mettre sous les yeux de nos lecteurs, à
côté des ouvrages des maîtres français, ceux que les artistes
étrangers produisent de plus remarquables.
A ce titre, le tableau de M. Armbruster, avec sa sobriété de
couleur et sa simplicité d’arrangement, méritait une place dans
notre galerie.
Longue étape, l’une des meilleures toiles de M. Eugène
Chaperon, et certainement l’une des plus intéressantes qui aient
figuré au dernier Salon des Champs-Elysées, nous ramène au
génie français dans toute sa concision.
En ce récit, pas un mot de trop. Cependant, tout ce qu’il y
avait à dire d’intéressant sur ces fantassins marchant en liberté,
le fusil passé sous le bras ou suspendu en bandoulière, les
mains battantes ou enfouies dans les poches du pantalon d’or-
donnance, le képi rejeté en arrière ou projeté surles yeux, selon
le caprice de chacun et pour sa plus grande commodité, tout est
dit avec esprit, et dans ces soldats à la physionomie si profon-
dément observée, on devinerait des caractères...
Un jour, je l’espère, l’œuvre de M. Chapron sera réunie en
une publication qui constituera un véritable musée de l’armée
française de ce temps.
Naïade, la charmante statue en plâtre que M. Hercule exposait
au Salon r’es Champs-Elysées, a valu a son auteur une médaille
de deuxième classe. Cette récompense est pleinement justifiée par
la beauté des lignes, par la souplesse de cette figure. Comme
lassée de la chaleur du jour, comme si elle eût cherché un peu
de fraîcheur au bord d’une source, la naïade s’est couchée non-
chalante, sur un lit de mousse, à l’ombre des grands arbres,
au fond de quelques bois sacré... Et nous sommes reconnais-
sants au jeune maître d’évoquer ces splendeurs pour la plus
grande joie de nos veux. F. J.
SALON DE 1891 (Champs-Elysées)
Béhmer. — Portrait de Mlle L...