DOI Heft:
No. 250 (6 Février 1892) – No. 259 (9 Avril 1892)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26595#0325
Cinquième année, — N» 250.
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 6 FEVRIER 1892
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire : Directeurs artistiques:
FIRMIN JAVEL
Bureaux : 97 , rue Oberkampf, à Paris
SILVESTRE & O
ABONNEMENTS.
Paris & Départements : un an, 12 francs: six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 15 francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
M. Puvis de Chavannes, dont le génie n’est plus contesté que par
quelques rares intransigeants du
classicisme, est aujourd’hui le
plus fier et le plus noble repré-
sentant de notre incomparable
école française. C’est le plus
grand artiste de ce temps, et ses
confrères eux-mêmes ne se ris-
quent plus guère à discuter sa
peinture et son coloris. Avant
peu, on le comprendra et on
l’appréciera ouvertement, mais
il faut bien reconnaître que
toute une génération de décora-
teurs s’est déjà formée à ses doc-
trines et que, depuis David,
aucun maître n’a exercé sur l’art
contemporain une influence
égale à la sienne. Nous n’avons
pas le loisir d’étudier, ici, com-
me il conviendrait, cette belle
et cordiale figure, où tout est
loyal, généreux, enthousiaste,
et dont la sincérité anime tous
les traits.
Nous nous bornerons à félici-
ter l’éminent statuaire qui a su
enfermer, sous une enveloppe
d’argile, ces brillantes qualités
que l’on retrouve dans les moin-
dres œuvres du peintre du Pau-
vre pécheur, et nos lecteurs nous
sauront certainement gré de pla-
cer sous leurs yeux le remar-
quable buste, malheureusement
inachevédans sa partieaccessoire,
de M. Puvis de Chavannes par
Auguste Rodin, œuvre très
admirée au dernier Salon du
Champ- de-Mars.
L’Exposition du Cercle de
l’Union artistique, rue Boissy-
d’Anglas, s’est ouverte lundi dernier avec son succès habituel.
Nous avons déjà publié, dans notre numéro du 30 janvier, l’un des
petits portraits les plus remarqués à cette exposition: celui de M. de
Ferry, par M. J.-J. Weerts.
Nous lui empruntons également une très curieuse impression, rap-
portée d’un voyage au Maroc par M. Brétegnier, qui a vu d’une façon
SALON DU CHAMP-DE-MARS
toute particulière cette contrée ensoleillée. Ce n’est pas la vision
d’Henri Régnault, ou de M. Benjamin Constant, ou de tel autre outran-
cier de la couleur, mais ce n’en est pas moins une intéressante « spécu-
lation». D’ailleurs, l’artiste a su
Auguste Rodin. — Lhrte de M. Puvis de Chavannes.
donner à son Mendiant aveugle
une expression des plus pathé-
tiques.
Il y a, dans la manière de
peindre de M. Edouard Sain,
une conscience, une recherche
du dessin et de la couleur, une
aspiration vers la pureté de la
forme, qui touche et qui désar-
me. Ce petit porteur d’eau ren-
contré à Capri constituait, à lui
seul, un sujet digne d’observa-
tion, et le peintre l’a traité avec
Je religieux respect d’un primi-
tif pour une madone.
Quant au Fils du meunier,
(intitulé qui ne s’explique qu’im-
parfaitement, du reste), M. Dc-
lachaux en a fait le prétexte
d’une petite scène îdvllesque
toute intime, silencieuse et
recueillie, et il y a mis.toute la
poésie sentimentale que compor-
tait cet agréable motif.
LES PETITS SAL01S
La série des « petits Salons »
s’est ouverte, le 24 janvier der-
nier, par l’Exposition de pein-
ture et de sculpture du Cercle
Artistique et Littéraire de la rue
Yolney, et, à l’heure où paraî-
tront ces lignes, l’Exposition du
Cercle de l’Union artistique, rue
Boissv-d’Anglas, sera également
ouverte au public.
Nous ne parlerons aujour-
d’hui que des ouvrages exposés
au Cercle Yolnev, et nous signalerons particulièrement deux figures
exquises de M. Henner: Ttjvrrie et Poveretta ; le 'Portrait de PC. Pieu-
11er, par M. Carolus Durai:.; les petits Portraits du général baron de
Launay et de PC. MuUer-Sœhnée, si pleins de vie, par M. J.-J. Weerts,
de très remarquables portraits encore, par MM. Emile Wauters, Jules
Lefebvre, Doucet, Gustave Courtois, Eugène Buland,. Charles Landelle,
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 6 FEVRIER 1892
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire : Directeurs artistiques:
FIRMIN JAVEL
Bureaux : 97 , rue Oberkampf, à Paris
SILVESTRE & O
ABONNEMENTS.
Paris & Départements : un an, 12 francs: six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 15 francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
M. Puvis de Chavannes, dont le génie n’est plus contesté que par
quelques rares intransigeants du
classicisme, est aujourd’hui le
plus fier et le plus noble repré-
sentant de notre incomparable
école française. C’est le plus
grand artiste de ce temps, et ses
confrères eux-mêmes ne se ris-
quent plus guère à discuter sa
peinture et son coloris. Avant
peu, on le comprendra et on
l’appréciera ouvertement, mais
il faut bien reconnaître que
toute une génération de décora-
teurs s’est déjà formée à ses doc-
trines et que, depuis David,
aucun maître n’a exercé sur l’art
contemporain une influence
égale à la sienne. Nous n’avons
pas le loisir d’étudier, ici, com-
me il conviendrait, cette belle
et cordiale figure, où tout est
loyal, généreux, enthousiaste,
et dont la sincérité anime tous
les traits.
Nous nous bornerons à félici-
ter l’éminent statuaire qui a su
enfermer, sous une enveloppe
d’argile, ces brillantes qualités
que l’on retrouve dans les moin-
dres œuvres du peintre du Pau-
vre pécheur, et nos lecteurs nous
sauront certainement gré de pla-
cer sous leurs yeux le remar-
quable buste, malheureusement
inachevédans sa partieaccessoire,
de M. Puvis de Chavannes par
Auguste Rodin, œuvre très
admirée au dernier Salon du
Champ- de-Mars.
L’Exposition du Cercle de
l’Union artistique, rue Boissy-
d’Anglas, s’est ouverte lundi dernier avec son succès habituel.
Nous avons déjà publié, dans notre numéro du 30 janvier, l’un des
petits portraits les plus remarqués à cette exposition: celui de M. de
Ferry, par M. J.-J. Weerts.
Nous lui empruntons également une très curieuse impression, rap-
portée d’un voyage au Maroc par M. Brétegnier, qui a vu d’une façon
SALON DU CHAMP-DE-MARS
toute particulière cette contrée ensoleillée. Ce n’est pas la vision
d’Henri Régnault, ou de M. Benjamin Constant, ou de tel autre outran-
cier de la couleur, mais ce n’en est pas moins une intéressante « spécu-
lation». D’ailleurs, l’artiste a su
Auguste Rodin. — Lhrte de M. Puvis de Chavannes.
donner à son Mendiant aveugle
une expression des plus pathé-
tiques.
Il y a, dans la manière de
peindre de M. Edouard Sain,
une conscience, une recherche
du dessin et de la couleur, une
aspiration vers la pureté de la
forme, qui touche et qui désar-
me. Ce petit porteur d’eau ren-
contré à Capri constituait, à lui
seul, un sujet digne d’observa-
tion, et le peintre l’a traité avec
Je religieux respect d’un primi-
tif pour une madone.
Quant au Fils du meunier,
(intitulé qui ne s’explique qu’im-
parfaitement, du reste), M. Dc-
lachaux en a fait le prétexte
d’une petite scène îdvllesque
toute intime, silencieuse et
recueillie, et il y a mis.toute la
poésie sentimentale que compor-
tait cet agréable motif.
LES PETITS SAL01S
La série des « petits Salons »
s’est ouverte, le 24 janvier der-
nier, par l’Exposition de pein-
ture et de sculpture du Cercle
Artistique et Littéraire de la rue
Yolney, et, à l’heure où paraî-
tront ces lignes, l’Exposition du
Cercle de l’Union artistique, rue
Boissv-d’Anglas, sera également
ouverte au public.
Nous ne parlerons aujour-
d’hui que des ouvrages exposés
au Cercle Yolnev, et nous signalerons particulièrement deux figures
exquises de M. Henner: Ttjvrrie et Poveretta ; le 'Portrait de PC. Pieu-
11er, par M. Carolus Durai:.; les petits Portraits du général baron de
Launay et de PC. MuUer-Sœhnée, si pleins de vie, par M. J.-J. Weerts,
de très remarquables portraits encore, par MM. Emile Wauters, Jules
Lefebvre, Doucet, Gustave Courtois, Eugène Buland,. Charles Landelle,