Cinquième année. — N» 251.
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 13 FEVRIER 1892
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire :
Directeurs artistiques :
FIRMIN JAVEL
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
SILVESTRE & Cie
ABONNEMENTS. — Paris & Départements ; un an, 12 francs ; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, IB francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
L’étude de femme, si consciencieusement traitée, où M. Valadon
affirme une fois de plus ses qualités de brillant coloriste, a figuré pen-
dant vingt-quatre heures à l’Exposition du Cercle Volney. L’artiste,
mécontent de la place qu’on lui avait donnée, a cru devoir retirer cette
toile. Nous regrettons vivement
cette détermination, qui n’a pu
être motivée que par un malen-
tendu, mais nous sommes heu-
reux de pouvoir reproduire la
savoureuse étude de M. Valadon
à notre première page.
Il a beaucoup été question, en
ces dernières semaines, de MM.
Coquelin ainé et Jean Coquelin.
Les portraits des deux excellents
comédiens, qüe M. Friant expo-
sait au Salon du Champ - de-
Mars de 1891, est donc une
«actualité». Toutefois, ce n’est
pas à ce titre seulement que
nous le publions. Le petit ta-
bleau de M. Friant présente, en
effet, sur la plupart des « por-
traits», l’avantage d’être réelle-
ment un tableau, c’est une scène
de la vie intime de deux artistes
causant de leur art, dans le
recueillement du home, loin du
public et à l’abri des fâcheux.
Quelle grâce, quel aimable
abandon M. Jourdain a su don-
ner à ces deux élégantes qui
rêvent en regardant défiler devant
elles les rives d’un fleuve. Il
semble que volontiers, on rêve-
rait avec elles ..
Et comme un voyageur Tpar un fleuve emporté,
Qui glisse sur les eaux par un beau soir d’etë
Et voit fuir sous ses yeux, 11 ille plaines fleuries
Afd pensée entraînée erre en leurs rêveries.
Si c’est là le but que s’est pro
posé M. Jourdain, il y a réussi.
Fes Paysans de (.hatcl-Cjuyon, par M. Langlois, ont été observés et
saisis dans leurs attitudes vraies, au hasard du va et vient, sans « dis-
position » préconçue. Et cependant ils nous intéressent, parce que le
peintre s’y est intéressé tout le premier. La peinture sincère et sobre
de M. Langlois est, du reste, en parfaite harmonie avec le calme et la
sérénité de ces braves gens, dont la physionomie dit bien le caractère.
LES EXPOSITIONS
LES AQUARELLISTES
La quatorzième exposition de la Société d’AquarelIistes Fran-
çais s’est ouverte, le 3 février, dans la galerie de la rue de
Sèze. Quelques nouveaux
sociétaires, tels que MM. Hen-
ry Tenrë, Georges Roche-
grosse, Roullet, Rivoire, ont
envoyé d’intéressants ouvra-
ges, et nous devons mention-
ner, comme une haute attrac-
tion, la grande aquarelle de
Meissonier: «1807»,déjà vue
à l’Exposition universelle de
1889.
C’est le matin de la bataille
de Friedland. Napoléon as-
siste, impassible, au défilé de
la Grande Armée, qui passe
devant lui dans un furieux
galop de charge aux cris mille
lois répétés de «Vive l’Em-
pereur mais à côté de cette
page sensationnelle, bon nom-
bre de morceaux méritent
d’être vus, quelques-uns mê-
me, d’être admirés: telles sont
les fantaisies et les visionssym-
boliques de M. Besnard, les
paysages de MM. Harpignies,
Edmond Yon, Béthune, Fran-
çais, la Charge et le Tarirait
du général Appert, par M.
Edouard Détaillé, les Fleurs
de Mme Madeleine Lemaire
et celles de MM. Duez et Ri-
voire, les originales et savan-
tes compositions de Georges
Kochegrosse pour l’illustra-
tion de Y Hérodiadc, de Gustave Flaubert.
Et maintenant, comme vous vous y attendez sans doute, nous
vous signalerons des chiens de M. de Penne, des cha s de
M. Lambert, des espagnols de M. Worms, des cardinaux de
M. Vibert, des souvenirs (?) de Venise par M. Clairin : jeune
EXPOSITION DU CERCLE VOLNEY
Valadon. —
LE NUMÉRO : 25 CENTIMES
SAMEDI 13 FEVRIER 1892
L'ART FRANÇAIS
Revue Artistique Hebdomadaire
Directeur littéraire :
Directeurs artistiques :
FIRMIN JAVEL
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
SILVESTRE & Cie
ABONNEMENTS. — Paris & Départements ; un an, 12 francs ; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, IB francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
L’étude de femme, si consciencieusement traitée, où M. Valadon
affirme une fois de plus ses qualités de brillant coloriste, a figuré pen-
dant vingt-quatre heures à l’Exposition du Cercle Volney. L’artiste,
mécontent de la place qu’on lui avait donnée, a cru devoir retirer cette
toile. Nous regrettons vivement
cette détermination, qui n’a pu
être motivée que par un malen-
tendu, mais nous sommes heu-
reux de pouvoir reproduire la
savoureuse étude de M. Valadon
à notre première page.
Il a beaucoup été question, en
ces dernières semaines, de MM.
Coquelin ainé et Jean Coquelin.
Les portraits des deux excellents
comédiens, qüe M. Friant expo-
sait au Salon du Champ - de-
Mars de 1891, est donc une
«actualité». Toutefois, ce n’est
pas à ce titre seulement que
nous le publions. Le petit ta-
bleau de M. Friant présente, en
effet, sur la plupart des « por-
traits», l’avantage d’être réelle-
ment un tableau, c’est une scène
de la vie intime de deux artistes
causant de leur art, dans le
recueillement du home, loin du
public et à l’abri des fâcheux.
Quelle grâce, quel aimable
abandon M. Jourdain a su don-
ner à ces deux élégantes qui
rêvent en regardant défiler devant
elles les rives d’un fleuve. Il
semble que volontiers, on rêve-
rait avec elles ..
Et comme un voyageur Tpar un fleuve emporté,
Qui glisse sur les eaux par un beau soir d’etë
Et voit fuir sous ses yeux, 11 ille plaines fleuries
Afd pensée entraînée erre en leurs rêveries.
Si c’est là le but que s’est pro
posé M. Jourdain, il y a réussi.
Fes Paysans de (.hatcl-Cjuyon, par M. Langlois, ont été observés et
saisis dans leurs attitudes vraies, au hasard du va et vient, sans « dis-
position » préconçue. Et cependant ils nous intéressent, parce que le
peintre s’y est intéressé tout le premier. La peinture sincère et sobre
de M. Langlois est, du reste, en parfaite harmonie avec le calme et la
sérénité de ces braves gens, dont la physionomie dit bien le caractère.
LES EXPOSITIONS
LES AQUARELLISTES
La quatorzième exposition de la Société d’AquarelIistes Fran-
çais s’est ouverte, le 3 février, dans la galerie de la rue de
Sèze. Quelques nouveaux
sociétaires, tels que MM. Hen-
ry Tenrë, Georges Roche-
grosse, Roullet, Rivoire, ont
envoyé d’intéressants ouvra-
ges, et nous devons mention-
ner, comme une haute attrac-
tion, la grande aquarelle de
Meissonier: «1807»,déjà vue
à l’Exposition universelle de
1889.
C’est le matin de la bataille
de Friedland. Napoléon as-
siste, impassible, au défilé de
la Grande Armée, qui passe
devant lui dans un furieux
galop de charge aux cris mille
lois répétés de «Vive l’Em-
pereur mais à côté de cette
page sensationnelle, bon nom-
bre de morceaux méritent
d’être vus, quelques-uns mê-
me, d’être admirés: telles sont
les fantaisies et les visionssym-
boliques de M. Besnard, les
paysages de MM. Harpignies,
Edmond Yon, Béthune, Fran-
çais, la Charge et le Tarirait
du général Appert, par M.
Edouard Détaillé, les Fleurs
de Mme Madeleine Lemaire
et celles de MM. Duez et Ri-
voire, les originales et savan-
tes compositions de Georges
Kochegrosse pour l’illustra-
tion de Y Hérodiadc, de Gustave Flaubert.
Et maintenant, comme vous vous y attendez sans doute, nous
vous signalerons des chiens de M. de Penne, des cha s de
M. Lambert, des espagnols de M. Worms, des cardinaux de
M. Vibert, des souvenirs (?) de Venise par M. Clairin : jeune
EXPOSITION DU CERCLE VOLNEY
Valadon. —