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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 4 (24 Février 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0042

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L'ART ORNEMENTAL.

paraît-il, un véritable sanctuaire de volupté, a C'est moins dans les chefs-
d'œuvre du grand genre, disent les mémoires du temps, que l'art semble
s'être surpassé que dans les ornements de détail les plus minutieux, tels
que les chambranles de cheminée, les feux, les bras, les chandeliers, les
corniches, les morceaux de dorure et d'orfèvrerie, les serrures, les espa-
gnolettes. Pas une de ces productions qui ne soit achevée, finie, qui ne
soit à montrer comme un modèle de ce que l'industrie peut enfanter de
plus beau et de plus exquis. »

On ne pouvait rien voir, lisons-nous ailleurs, de plus précieux, de plus
fini que ces bronzes que Gouthière avait, pour ainsi dire, pétris. Le grand
salon était orné d'une corniche à console, véritable chef-d'œuvre : une
autre pièce, le salon ovale, était revêtue de glaces qui répétaient une
superbe cheminée de lapis en forme de trépied d'une richesse prodigieuse
de bronze. Depuis ces ouvrages, on n'a pas porté l'art de façonner le
bronze à un plus haut degré de perfection.

Gouthière n'a pas travaillé seul aux bronzes et aux dorures de
Luciennes, mais en 1773 il n'avait pas touché, pour les travaux de diverse

nature exécutés pour la Du Barry, moins de 124,000 livres, somme consi-
sidérable pour le temps. .

L'architecte Le Doux, qui construisit le pavillon de Luciennes, dit que
les bronzes de Gouthière furent exécutés sur des dessins et modèles de lui.
Il est probable cependant que Gouthière, qui était sculpteur en même
temps que ciseleur, travailla d'après ses propres compositions. Il a laissé
quelques dessins qui tendraient.à confirmer cette probabilité.

Ce ne fut pas seulement pour la Du Barry que travailla Gouthière, il
exécuta un nombre considérable de bronzes pour les reines de France et
d'Espagne, ainsi que pour beaucoup de grands amateurs du temps.
(A suivre).

COUPE EN FAÏENCE D'OIRON, DITE DE HENRI I!

Cette coupe est une des plus belles pièces de collection qu'on puisse
posséder. Le nombre des objets sortis de la fabrique d'Oiron est extrême-
ment restreint et, à part ceux qui se trouvent au musée céramique de

Coupe en faïence d'Oiron, dite de Henri II.

Sèvres, il ne nous a été donné d'en rencontrer qu'un ou deux bien authen-
tiques et dignes d'être remarqués dans des vitrines particulières.

Conformément à notre programme, nous nous étendrons sur ce centre
céramique d'où sont sortis de vrais chefs-d'œuvre dont on est resté long-
temps sans connaître l'origine précise. Oiron est un petit bourg situé près
de Thouars, qui fut érigé en seigneurie par la famille de Gouffier, laquelle
y fit construire un château. Le nom même de cette seigneurie, ainsi que
l'indique l'étymologie inscrite au chartrier du château, signifie rond d'oie.
Elle était, en effet, située sur une plaine considérable visitée l'hiver par de
nombreux palmipèdes.

C'est à M. Benjamin Fillon qu'on doit la découverte récente de l'ori-
gine de ces faïences.

On les appelait faïences fines, parce qu'elles se distinguaient des
faïences ordinaires par la matière dont elles sont faites. La faïence fine,
en effet, a pour base une argile particulière très blanche qu'on appelle
terre de pipe et qui contient une grande quantité d'alumine. A Oiron, la
perfection est tellement importante qu'elle fait supposer un mélange de
kaolin. La faïence fine, dit M. Jacquemart, n'est point émaillée : elle est
vernissée au plomb comme des terres communes et par conséquent tendre
à sa surface.

Les faïences d'Oiron, qui ont été pendant un temps considérées comme
des faïences anglaises, sont faites d'une pâte choisie, travaillée à la main
et très mince. Sur le premier noyau, le potier étendait une couche plus

mince encore d'une terre plus fine, plus blanche, dans laquelle il gravait
en creux, comme on peut le voir dans notre dessin, les principaux orne-
ments pour les remplir ensuite avec une argile colorée qui venait araser
la surface: c'est donc une décoration par incrustation,plutôt qu'une peinture.

PANNEAU D'UNE TENTURE DE SATIN BLANC BRODE

Ce panneau est le seul qui subsiste de la tenture de style oriental,
commandée à Venise par Charles-Quint.

C'est un chef-d'œuvre de broderie d'or, d'argent et de soie. Les cou-
leurs en sont variées et le ton général est de la plus extrême délicatesse.
On s'est évidemment inspiré, pour la composition de ce panneau, des
étoffes que le contact de l'Orient faisait affluer à Venise. On y trouve, en
effet, la lampe de mosquée, la forme des vases de fleurs, la pose des oiseaux
et tout particulièrement du paon, ainsi que la disposition architecturale en
honneur parmi les ornemanistes orientaux. L'a.igle de l'Empire, éployé
entre des gerbes de roses, s'élançant du milieu de vases extrêmement
riches, occupe le centre des [arceaux.

Ce panneau, d'une merveilleuse conservation, est le seul fragment que
l'on connaisse de cette tenture, considérée à juste titre comme le dernier
mot des splendeurs de l'art industriel vénitien à cette époque.

Il est haut de 2 m. 3i cent, et large de 1 m. 6 cent.
 
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