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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 5 (3 Mars 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0048

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20

L'ART ORNEMENTAL.

Gouffier introduit dans ses poteries une ornementation plus chargée et
moins sévère.

La troisième période est celle de la décadence. Bernard a disparu, la
direction manque, les pièces deviennent plutôt un assemblage de morceaux
juxtaposés que le résultat d'une composition méditée et voulue. Charpentier
lui-même vient à manquer et alors les terres sont mal préparées. La fabri-
cation est tombée entre des mains inexpérimentées, guidées par un esprit
vulgaire. On sent que le maître s'est désintéressé. Cependant une création
importante sous tous les rapports vient jeter pendant cette période une
éclatante lumière sur l'histoire de la faïence fine et la relier aux fabrica-
tions contemporaines : c'est le pavage émaillé de la chapelle privée du
château d'Oiron. Les carreaux sont formés d'une terre moins épurée, mais
en tout semblable à celle des vases ; comme dans ceux-ci une masse pre-
mière forme la base du travail et une terre plus fine s'étend sur la surface.
C'est sur ce subjectile que les artistes ont peint en couleurs stanniques sur
fond niellé d'arabesques bleu pâle, sur lequel rassortent les lettres, des

celle qu'a choisie notre auteur. Rien de plus gracieux que ces trois filles
contribuant, chacune pour sa part, à une œuvre commune. Regardez
comme elles sont bien ensemble : elles paraissent s'entretenir de leur
ouvrage sans aucun souci ni conscience de leur triste mission.

COUPE EN FAÏENCE D'OIRON

Musée du Louvre.

La coupe que nous reproduisons est un des ouvrages les plus délicats
de cette fabrication merveilleuse d'Oiron, dont le caractère principal est
précisément de réunir aux qualités architecturales les plus pures cette
finesse dans l'incrustation des arabesques qui ne se rencontre, qu'on ne
retrouve nulle part ailleurs.

Nous avons dit, dans notre quatrième numéro, l'origine de cette
faïence, de quelle matière elle est faite et le travail particulier qui la
distingue. Il nous reste à faire connaître à nos lecteurs les diverses phases
qu'elle a traversées et les changements successifs monogrammes et des écussons en couleurs vives. Ce

qu'elle a subis dans le cours de son existence, pour pavage, dessiné par Bernard, fabriqué avec la terre

ainsi dire éphémère. d'Oiron et encore en place, démontrerait à lui seul

C'est à Hélène de Hangest, veuve d'Arthur Gouf- J^s» l'origine réelle de ces faïences fines. Il prouve que

fier, ancien gouverneur de François I01', qu'est due la ûjàÂ^X l'idée de l'émaillage sur terre était à l'état latent et

poterie dite d'Oiron. ^egsiK^Sà^lii^SStliSè^SÊÊ^^ n'attendait, pour se développer, que des circonstances

S'étant fixée, en 024, au château de ce nom, elle /^^^^^SS^^^^i^^^^^^fe. favorables,

entreprit d'embellir, avec l'aide du son fils aîné Claude •^^wS^^jjji^^^j^^^|^^^fe- Suivant M. Jacquemart, il faudrait compter dans

Gouffier, la demeure chère à son mari. Comment la ^^^Mfedt^gàB^^li^^Ppy la fabrication d'Oiron une quatrième période qui com-

dame de Boisy, Hélène de Hangest, eut-elle l'idée, à ^^S^Sp^^&s prend des poteries grossières, différentes des autres

cette époque antérieure à Palissy, de faire entrer la ^^^^^^^^^^ autant par le style que par la manière du travail. Mais

faïence dans l'ensemble décoratif de son habitation vfà^&&jËŒ& on n'est pas très fixé sur la valeur de cette assertion,

seigneuriale? Voilà ce que nous ignorons; mais nous laiËwÊmb

savons qui l'aida à inventer et à décorer sa faïence. pS^wÈSÈt —=J—= ~ '

Les auteurs des faïences fines incrustées sont Fran- xrarallMK»''

cois Charpentier, potier, et Jehan Bernard. La Muse fP^ml^É^ PETITE CHRONIQ^UE

d'Oiron se les était attachés en leur donnant une habi- .'JEjkK
tation près de la sienne et des fonctions rémunérées é^^^^^^^W^^

dans sa maison. Hélène était une femme très distin- ^^^^■^j^É^.aE"- — Le concours dit de Sèvres consistait, pour cette

guée, exercée aux arts, ainsi que le prouve un album "S année, en une jardinière de forme basse, pouvant

contenant un certain nombre de dessins sortis de son . servir de milieu de table. Sa longueur ne dépasse
ri ■ «. j 1 ■ , ; . - 11 • Coupe en faïence d'Oiron , „ ■ , , , ,
crayon. Il est donc probable que c est a elle que revient pas un mètre. Deux protêts seulement ont ete exposes
,„ m ,, . . . Musée du Louvre. 1 1 1 r
1 honneur d avoir dirige la partie artistique de la fabri- à l'Ecole des Beaux-Arts, ceux de MM. Léon Carrier-
cation et que le parti ornemental qui la distingue lui Belleuse et Joseph Chéret.

est dù. Ce qui semblerait le prouver, du reste, c'est qu'on voit se refléter,
sur les vases exécutés sous sa direction et celle de son fils, tous les sen-
timents qui les animèrent l'une et l'autre, et ce qui confirme cette
hypothèse enfin, c'est que la faïence d'Oiron naquit et mourut avec eux.

La faïence d'Oiron se divise, dit M. Jacquemart, en trois périodes
distinctes, déterminées par l'influence de ses inspirateurs.

Dans la première, le goût pur d'Hélène de Hangest se manifeste par la
simplicité des formes et des détails, et par une note triste qui lui est dictée
par son veuvage. Evidemment habituée à voir parmi les merveilles de
Fontainebleau les rares produits de l'art oriental, elle en emprunte les
formes et l'esprit. Sur la surface ivoirée d'une buire, de forme persane, on
voit alors courir des zones d'arabesques; des séries d'aiglons héraldiques
accompagnent le blason de Gilles de Laval, compagnon d'armes et ami
particulier d'Arthur Gouffier. Sur d'autres, destinées aux tenants de sa
famille, elle place des armoiries d'une fine ornementation incrustée d'un
brun foncé. Ce qui domine dans cette première période, c'est le noir, le
brun et le rouge d'œillet.

La seconde période comprend les ouvrages postérieurs à la mort de
Hélène de Hangest, survenue en 1537, et créés alors sous l'influence de
son fils et collaborateur. Les formes deviennent architecturales, et Claude

Le projet de M. Carrier-Belleuse, sur fond bleu, est de forme antique.
On voit, autour de la vasque, une foule de petits Amours dans toutes les
positions et armés d'urnes.

Le projet de M. Chéret, sur fond blanc, se rattache au style de la
Renaissance. A chaque angle sont assises des déesses tenant des fleurs
dans des cornes d'abondance; elles sont entourées de petits Amours qui
s'ébattent dans le royaume de Flore.

Le jury a accordé le prix à M. Joseph Chéret.

— Un nouveau concours vient d'être institué près la Manufacture
nationale de Beauvais.

Le sujet devra être la composition d'un modèle de tapisserie, d'après
un programme donné.

Le concours comportera deux épreuves.

Les concurrents admis à la seconde épreuve recevront 5oo francs.
Il ne sera accordé qu'un prix; à ce prix est attachée une somme de 2,000 fr.

L'objet du concours de 1883 est le modèle du siège, du dossier et des
manchettes d'un canapé style Louis XVI, de deux mètres de long.

Les esquisses devront être remises le 22 mai au plus tard, à l'École des
Beaux-Arts.

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41, rue de la Victoire, PARIS.

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Le Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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