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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 7 (17 Mars 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0054

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2b

L'ART ORNEMENTAL.

CABINET EN LAQUE ET BRONZE DORÉ

Par Riesener et Gouthière

Il nous a paru utile de donner à nos lecteurs, dans deux numéros très
rapproche's l'un de l'autre, deux spécimens de ces objets, laque et bronze,
dont la perfection a été poussée à sa dernière limite par les grands artistes
du xvnie siècle. Le cabinet qui orne aujourd'hui notre première page est
un admirable chef-d'œuvre, où toutes les qualités architecturales et déco-
ratives du meuble se trouvent réunies. C'est un des plus précieux bijoux
sortis de la collaboration de Riesener et de Gouthière.

Nous avons terminé notre premier article biographique sur Gouthière
dans le numéro 4 de l'Art ornemental, en disant que cet artiste exécuta un
nombre considérable de bronzes pour les reines de France et d'Espagne,
ainsi que pour beaucoup de grands amateurs du temps. En tête de ces
amateurs, il faut placer le duc d'Aumont qui ne prit pas à Gouthière moins

de dix années de sa vie. Ce grand seigneur avait fait de son hôtel de la
place Louis XV une des plus splendides demeures de Paris. Il avait tiré
d'Italie les porphyres, les granits, les jaspes, les marbres antiques les plus
rares, dont la monture avait été confiée à Gouthière. On peut se rendre
compte de ce que devait être cette admirable collection par le bruit qu'elle
fit à la mort de son propriétaire.

Sept mois après la mort du duc d'Aumont, dit M. le baron Davillier,
la vente de ces effets précieux était annoncée dans les différentes feuilles
de Paris. Pendant les trois semaines que dura l'exposition, les curieux
et les oisifs se rendirent en foule à la place Louis XV pour visiter le
célèbre cabinet. « Depuis quelque temps, lit-on dans les Mémoires secrets,
à la date du 6 décembre 1782, la cour et la ville vont voir à l'hôtel du feu
duc d'Aumont les meubles précieux et effets rares qui doivent s'y mettre
en vente incessamment. C'est un spectacle véritable par la foule des jolies
femmes, des petits maîtres, des élégants qui y abondent. On juge en
parcourant tant de curiosités accumulées sans ordre et sans choix que

le possesseur avait plus de magnificence que de goût. Point de tableaux ;
des colonnes, des tables, des lustres, des marbres, des porphyres, des
granits, des jaspes d'un prix fol, voilà en quoi consistait le luxe du duc
d'Aumont, très simple d'ailleurs et dénué des connaissances exquises
qu'aurait exigées son genre de dépense. Des bronzes assez beaux sont ce
qui peut plaire le plus à l'artiste et satisfaire le vrai connaisseur dans
cette profusion de richesses. » Nous ne pouvons contrôler la valeur
de ces appréciations, ni savoir si la sévérité de ce jugement était
justifiée. Mais nous l'avons cité pour en retenir la dernière phrase,
toute à l'honneur de notre ciseleur. Ces bronzes qui pouvaient plaire
le plus à l'artiste et satisfaire le vrai connaisseur étaient tous l'œuvre de
Gouthière ; nous savons en effet que le nombre des objets exécutés par lui
pour le duc d'Aumont ne s'élève pas à moins de cinquante, ce qui est un
chiffre assez respectable.

Gouthière avait une boutique sur le quai Pelletier, à l'enseigne de
la Boucle d'Or. Ce renseignement est écrit en toutes lettres sur une pendule
de bronze doré au mat qui porte l'inscription suivante : Boi^ot fils sculpsit
et exécuté par Gouthière ciseleur cl doreur du roy. A Paris, quai

Pelletier : à la Boucle d'or, ijji. Cette adresse, dit M. Davillier, est
confirmée par une inscription du même genre ainsi conçue : Gouthière
doreur, quai Pelletier. Cette signature se trouve sur la base d'une colonne
cannelée supportant un vase à couvercle orné de guirlandes ; le tout en
bronze doré au mat, les brunis au ton vermeil. Cet objet est médiocre,
l'adresse qu'il porte prouve cependant qu'il est bien de Gouthière. Les
défectuosités de sa ciselure et de sa dorure prouvent aussi que si Gouthière
était artiste, il faisait parfois œuvre de marchand et n'hésitait pas à
exécuter dans ses ateliers des objets de second ordre pour ceux qui
voulaient dépenser peu. Cela est confirmé du reste, dit encore M. Davillier,
par une lettre de M. Natalis Rondot qui nous apprend que Gouthière ne
devait pas être seul à la tête de sa maison. Il faudrait se garder pourtant
de confondre les œuvres de notre ciseleur avec celles plus que médiocres
portant le nom de Gouthière frappé au poinçon. D'après M. Beurdeley, ces
objets inférieurs devraient être attribués à un parent établi à Dijon.

Chose très étrange, on ne trouve le nom de Gouthière dans aucun des
almanachs, guides, tablettes royales et autres livres d'adresses de la seconde
moitié du siècle dernier. C'est vainement, clit M. le baron Davillier, que
 
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