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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 16 (19 Mai 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0090

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62

L'ART ORNEMENTAL.

Turcs. Peu de morceaux d'orfèvrerie peuvent caractériser aussi bien que
celui-ci le style de cette période de transition qui est le style distinctif des
œuvres d'art exécutées sous Louis XVI.

Le corps de la soupière se compose de deux parties : la partie infé-
rieure, plus large, affecte la forme d'une coupe godronnée, montée sur
quatre pieds de feuillages et décorée de guirlandes de lauriers que ratta-
chent en quatre points différents des nœuds de ruban: la partie supérieure
est ornée de deux médaillons dont l'un représente le triomphe de Potem-
kin, et l'autre Bellone épargnant les vaincus, sans doute par allusion à la
clémence du général dont la férocité fut pourtant légendaire. Le couvercle
est couronné par un trophée d'armes surmonté d'un casque empanaché.
Les feuillages d'argent mat se détachant sur un fond en argent poli, qui

D'un autre côté, nous trouvons dans le même catalogue les articles
suivants :

« Planches gravées. »

« 568. Une suite de soixante-trois planches par Mmc la marquise de
Pompadour, d'après différentes pierres gravées de Guay, sur les dessins
de MM. Boucher, Vien et autres; on y a joint un exemplaire dudit
ouvrage, relié en un volume, maroquin rouge.

« 56q. Trois autres, d'après les dessins de F. Boucher, représentant
des enfants.

« 571. Une presse d'imprimerie en taille-douce, garnie de ses rouleaux,
tables et autres ustensiles en bois de chêne et noyer; elle est toute neuve
et très bien faite. »

forment un des traits principaux de l'or- Le frère de la marquise n'avait donc

fèvrerie à cette époque, sont ici du plus . que soixante-six des planches de cuivre

charmant effet. Le style ornemental J|ft gravées qui avaient servi à tirer les

Louis XVI est bien loin d'avoir l'exubé- WW estampes. Qu'étaient devenues les six

rance qui caractérise la période précé- NsJr autres ? On l'ignore,

dente, mais il est encore suffisamment W L'article 571 est assez curieux, en ce

riche, comme on en peut juger par notre __7<s^^f^i^^.^ tfl CITk sens quil montre 1ue la marquise avait

soupière. ^^^^^^^^^^m^m établi chez elle un véritable atelier. Non

^^^^!^^i^^^^^H|pRL-, contente d'installer dans son apparte-

Vase forme d'une noix de coco avec monture wjjSÉy^1 ']§^0ÊBÊm^'^:^^^^. ment Guay, avec tous ses ustensiles, elle

en argent doré. ^W^Pf^^^^^^^^^^^^******^. ~ llva't vou'u pouvoir faire imprimer ses

JSjsif$£j!Élf¥', ,||| estampes sous ses yeux.
Ce vase est un travail allemand du jÊfê*- .^^^^^^^k ^\ '\ Elle avait eu également le caprice
xvi" siècle. ^^^^^^^^^ - ^^j^ljÊ^k \\ ^'rc comPoser et tirer en sa pré-
Frontispice du recueil des estampes gravées d^ug^ÉjE^mj^BK Mjgk \ \j c,,c travailla elle-même. On lit venir à
par M""' de Pompadour. M^^Ip^kBF*S^ffflSBBl 9 ' Versailles des ouvriers typographes de

M"" de Pompadour, comme on sait, SfflE ' iB^lf^aiBKBHBHH il ê posa, dit-on, de ses propres mains en-
domina tout le mouvement artistique (fcwtlfiyB^^ M jl viron deux cents vers. Elle avait déjà
du XVIIIe siècle : elle en fut l'inspiratrice TjPfjB Â Jf fait imprimer, de même, le Cantique des
et la patronne: après la politique, l'art W^HIHR^Ii^lï^ÊÊnÊmm Cantiques et le Précis de l'Ecclésiaste,
fut sa passion dominante. Ce qu'on sait ^^^%Hk|C^Mil ^^mBÊp paraphrasés par Voltaire,
moins, c'est qu'elle ne se contenta pas ^^^Wfj^^^^^KSÊÊÊ^^'^^ Voici des renseignements bien corn-
d'être la protectrice des arts, mais qu'elle ^^^^^^^^^^^^É^,| plets et bien précieux, c'est pourquoi
voulut être artiste aussi. Une lettre de '^^U^0kÈVÊ^r ^7 nous avons tenu à les donner textuelle-
son frère, le marquis de Marigny, datée , ^ y ment.

du 4 février 1777, nous apprend qu'elle %O^WË&& ' _____~~:~zr^z:. Quant à la valeur des œuvres de

avait gravé un nombre assez considé- lÉf^lfc^ ^ ' ï.-i^Tr."'" ' ~ ~ M'"e de Pompadour, elle est très diver-

rable de planches. mmWVff® ' " ' ■- ___: W sèment appréciée, mais on s'accorde

«L'œuvre de M»'« de Pompadour, ^^^^SÊÊ^àk 1'' 'V'^''' ' généralement pour croire que ses maîtres

dit le marquis dans cette lettre, tel JKj^|2ÎS^3^ -fi^ÊÎÊ^^*'^*' >' faisaient de nombreuses retouches,

qu'elle l'a donné et tel que je l'ai donné Inl^^llrTHM^'l^ ^P^"' Voici comment s'expriment à ce propos

aussi à plusieurs personnes, n'est com- ^^^^^^^2*1®^^^^?v@ ÈÊr MM. de Concourt dans la remarquable

posé que de cinquante-deux planches ; ^P^^^^^^^^^^^^^^Hfi^ étude qu'ils ont publiée sur la favorite,

mais, comme elle en a fait plusieurs ^^^^|j^i^^^^ll^^P^F « Aux cotés de Guay, sur une planche que

dessins, j'ai l'honneur de vous en envoier ^^^^^^^^^^^^^^ÊS^ Boucher lui chauffait, lui vernissait, lui

un recueil qui en contient soixante-trois, ,''''^^f^s^mmiSmîm flambait, M111C de Pompadour promenait

c'est le seul qui soit ainsy complette. \'~la pointe de l'aqua-fortiste et découvrait,

Il „ «...__.__: . > 11 Vase forme l> une Noix de coco avec monture en argent dorfc. . . . , ., • „

11 y en a en outre trois estampes qu'elle sous le dessin du crayon d'acier, l'or

a gravées d'après Boucher et trois autres fravml français du svi« Biecle. du cuivre_ Car la marquise était

gravées d'après des tableaux en yvoire. une artiste : elle gravait elle-même, ou

J'ai cru vous faire plaisir d'y joindre les titres qui avaient été écrits à la
main pour les cinquante-deux estampes qui composent le recueil tel qu'il a
été donné. Je vais faire encaisser ces deux recueils et je vous les envoirai
aux carosses de Bourgogne, ainsy que vous me l'indiquez. Je serai fort
aise d'apprendre qu'ils vous sont arrivés en bon état. »

Outre ce recueil primitif, M»'° de Pompadour grava plus tard quelques
autres estampes, qui portent le chiffre total à 71. Il faut croire cependant
que ce n'est pas tout, car dans le catalogue de la collection du marquis de
Menars, par F. Basan et Ch. Joullain, imprimé chez Prault, imprimeur
du roi, en 1781, nous trouvons cette indication :

« Volumes d'estampes. »

« . . . . 53g. Suite de soixante-douze estampes gravées par M",<! la mar-
quise de Pompadour, d'après les pierres gravées de Guay, graveur du
-roi, etc. Elle est accompagnée d'une explication manuscrite. »

à peu près. Aimant l'art, elle avait voulu y mettre la main et le prati-
quer; et elle avait eu la jolie idée de s'adonner à ce petit art si plein de
caprice et d'imprévu, qu'il semble fait pour être le talent d'amateur d'une
femme. Malheureusement, l'œuvre gravé de Mme de Pompadour donne
une meilleure idée de sa bonne volonté que de son aptitude et de son zèle,
que de ses dispositions. Il calomnie son goût sincère et intelligent de l'art :
ce n'est point l'eau-forte spirituelle, hardie, fortunée et bénie jusqu'en ses
maladresses, l'eau-forte des maîtres grands et petits du xviu" siècle. Prenez
garde encore de comparer Mlnc de Pompadour à ses pairs : sa pointe est si
loin de la pointe des amateurs du temps... Une planche où elle n'a point
eu de collaborateur, les Buveurs de lait, qu'elle a copiée péniblement trait
pour trait sur une eau-forte de Boucher, trahit son peu d'intelligence du
maniement de la pointe, son manque de verve, sa timidité d'écolier à
attaquer le cuivre. »

Ce jugement nous paraît un peu sévère et la planche que nous donnons
 
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