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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 19 (9 Juin 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0101

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74

L'ART ORNEMENTAL

EXPLICATION DES PLANCHES

Marteau de porte.

Ce magnifique marteau de porte, véritable œuvre d'art, est un travail
italien du xvic siècle. 11 représente Neptune debout, armé de son trident et
apaisant du geste deux chevaux marins qui se roulent à ses pieds dans les
flots. Il fait partie de la collection de M. le comte Aldo Annoni.

Les plus beaux marteaux de porte ou heurtoirs sont ceux qui ont été
exécutés par les ouvriers italiens du xvc et du xvi° siècle. Us étaient en
bronze, en fer forgé ou en cuivre.

Les heurtoirs constituaient un des principaux éléments décoratifs des
portes d'une belle demeure ou d'un monument public. 11 y en avait de
toutes les formes et de tous les styles. Les sujets religieux et mytholo-
giques, les personnages de fantaisie pure, les chimères, les grotesques, les
animaux fantastiques, tout a été employé dans la composition des
heurtoirs.

Console composée par F. de Cuvilliès.

Notre console a été composée par François Cuvilliès , architecte
ornemaniste.

François Cuvilliès, né à Soissons en 1608, est mort en 1768.

Un de ses oncles, dit M. Ph. Burty, entrepreneur de bâtisse à Paris,
l'amena dans la capitale en 1714 et le présenta à l'architecte du roi, Robert
de Cotte. Celui-ci l'admit au nombre de ses élèves, le prit en particulière
amitié et, en 1725, le fit nommer sous-architecte près la cour de Bavière.
On sait que Robert de Cotte, beau-frère et successeur de Mansard, fut un
architecte d'un esprit vif, qui rompit avec les lourdeurs du style Louis XIV,
créa, dans l'ornementation extérieure des édifices, des détails élégants et
li ais, et lit une révolution totale dans la distribution des intérieurs.

Notre artiste était un homme d'imagination. L'Electeur de Bavière,
depuis l'empereur Charles VIII, lui lit esquisser de nombreux projets
d'architecture dans ce style rococo qui devint en Allemagne la charge du
goût français. En 1729, on lui assignait, outre les émoluments de sa place
qui étaient de 600 florins, un logement dans le palais du duc Maximilien, à

Maxebourg. En 1 73S, on lui confia le titre de gentilhomme de bouche et de
premier architecte de S. A. S. E.

A partir de cette époque, notre gentilhomme de bouche signa François
de Cuvilliès. Mais son crayon ne chôma pas. Sa. première publication,
composée de cahiers de six feuillets numérotés, est datée de 1738.
Quelques-uns de ces cahiers, justement recherchés par les ornemanistes
modernes, et fort rares, ont été gravés par Jungwierth ; mais la majorité en
est due au burin d'un élève et ami du maître, l'architecte et graveur
Charles-Albert de Lespilliez. Elle parut à Munich sans nom d'éditeur. En
1745, Cuvilliès, qui venait de recevoir le double titre de conseiller et
d'architecte de l'empereur d'Allemagne, lit paraître sa seconde publication
à Munich et à Paris, chez Poilly. On le retrouve plus tard produisant un
compte pour les travaux des bâtiments d'Ameliembourg à Nymphembourg ;
un autre compte de jardins et de grottes qui existent encore à la résidence
royale de Munich; et encore le compte de l'Antiquarium où se trouve une
amusante fontaine tout en coquillages. De 1747 à 1756, il fournit tous les
plans des bâtiments de la Cour et ceux, notamment, de l'Opéra. L'architecte
Gundlesreimer étanfmort en 1763, Cuvilliès hérita du défunt la charge de
directeur de tous les bâtiments de la couronne, qu'il conserva jusqu'à sa
mort.

Les suites publiées à partir de 1745 par Cuvilliès chez Poilly, rue

Saint-Jacques, à l'Image Saint-Benoit, se composent de 107 pièces. On y
trouve des morceaux à divers usages, des ruines de palais, des cartouches,
des panneaux, des tables, des commodes, des consoles, des girandoles,
des torchères, des bordures de glace, des fontaines destinées à la décora-
tion des places publiques, des portes cochères, des lambris, des parties de
plafonds en voussures.

La Bibliothèque de Paris possède dans deux volumes, intitulés
Cuvilliès père H a. 28 b. et H a. 28 c, une série considérable de suites qui
contiennent des dessins de lambris, des pieds de table, de riches consoles;
un livre de serrurerie, grilles, potences, portes d'entrée de chœurs, portes
de jardin, rampes d'escaliers, serrures, targettes ; des cartouches, des
cadres, des bordures, des plafonds, des titres ornés, des épitaphes, des
frontons, des projets de maisons de campagne.

Ces livres, comme on voit, fourmillent de renseignements et sont fort
utiles à consulter.

Quoique le goût de F. de Cuvilliès se soit un peu altéré par suite de
son séjour prolongé en Allemagne, néanmoins, c'est bien le goût français
qui domine dans toutes ses compositions, qu'on peut hardiment présenter
comme des modèles et comme des types du genre rocaille arrivé à son
apogée.

La console et les panneaux décoratifs que nous reproduisons en font foi.
 
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