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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 21 (23 Juin 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0109

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L'ART ORNEMENTAL.

ovale soutenue par un piédouche e'crasé, ornementé en relief. Il est d'une
forme pleine, très pompeuse et très originale. Le décor de grotesques et de
mascarons le rend particulièrement intéressant. Ce compotier appartient
encore à la belle époque de l'art de la majolique italienne. Cette époque
ne se prolonge pas au delà de la fin du xvi° siècle. A ce moment les fabri-
ques disparaissent pour la plupart, et celles qui subsistent ne produisent
que des objets très inférieurs. On est étonné même de n'y plus rencontrer
la trace des procédés dont on avait su tirer de si magnifiques effets. Notre
compotier se rapproche beaucoup d'un vase très connu qui fait partie de la
collection de M. le baron Alphonse de Rothschild. De quelle usine est sorti
ce compotier, voilà ce qu'il n'est pas facile de déterminer d'une façon cer-
taine.

On a coutume, comme le fait remarquer M. Jacquemart, de rattacher
à Urbino toutes les peintures du style de cette fabrique signées de marques

inconnues. C'est une mauvaise méthode, car il est démontré qu'au moment
de la grande prospérité des majoliques, tous les peintres puisaient aux
mêmes sources, obéissaient au même goût et possédaient les mêmes secrets.
Ce qu'on peut remarquer, cependant, c'est que la fabrique d'Urbino produisit
un grand nombre de pièces à grotesques sur fond blanc, ce qui est préci-
sément le décor de notre compotier.

Disons, en terminant, avec M. Jacquemart, que par une remarquable
exception la fabrique d'Urbino, au milieu de la décadence générale, s'est
maintenue jusqu'à la fin du premier tiers du xvn° siècle : on pourrait même
dire qu'elle n'a jamais interrompu ses travaux, puisque plus tard on la voit
imiter la poterie orientale et renouveler son style pour le mettre en har-
monie avec le goût du jour. Les ouvrages de la famille Patanazzi sont le
dernier souffle de la puissante inspiration du xvic siècle. Le premier
membre de cette famille a signé, en toutes lettres, un plat cité par Passeri

Compotier a décor de grotesques et de mascarons &n relief.
(Majolique italienne du xvi" siècle.)

et qui est conservé au musée de South-Kensington. La famille Patanazzi
avait sa fabrique à elle, mais à partir de 1620 on n'en trouve plus trace.

Titre composé par Simon Vouet.

Voici un titre composé par Simon Vouet et gravé par Michel Dorigny.

Simon Vouet est né à Paris, en i5go, et il est mort en 1649. Il se fit,
très jeune, une grande réputation de portraitiste. Entraîné à Constantinople
par un de nos ambassadeurs, il y fit un tour de force vraiment extraordi-
naire en reproduisant les traits du sultan Achmet Ier, qu'il n'avait vu qu'une
fois. Il fut ensuite attiré en Italie parle pape Urbain VIII, qui lui fit orner
de décorations les églises de Saint-Pierre et de Saint-Laurent. Il resta
quatorze ans à Rome, puis revint en France, rappelé par Louis XIII, qui
lui donna un logement au Louvre, prit de lui des leçons de pastel et le
nomma son premier peintre. On accuse Simon Vouet de s'être livré à des
travaux artistiques indignes de son grand talent, par pure âpreté au gain.

On lui reproche surtout sa jalousie contre Poussin, qui s'exerça contre le
grand peintre et fut une des causes qui le déterminèrent à quitter la
France.

Quoi qu'il en soit de ces accusations, Simon Vouet fut un grand artiste
qui ne dédaigna pas, comme on voit, de se livrer à des compositions orne-
mentales. C'est à lui que nous devons la création de la grande école de
beaux arts d'où sont sortis Dufresnoy, Lebrun, Lesueur et Mignard, ses
élèves.

Quant à Michel Dorigny, son élève, auquel est due la gravure de notre
titre et qui était peintre aussi, il est né à Saint-Quentin en 1617, et il est mort
vers 1666. Il a gravé une vingtaine de pièces, d'après son maître, qui se
trouvent à la Bibliothèque de Paris, dans les deux volumes des œuvres de
Simon Vouet.

Indépendamment de ces pièces, on lui doit une suite de frises, d'après
Odoardo Fialetti ; une autre suite de frises, d'après Zacharie Heintz et
F. Bignon ; une pièce, Bacchanale, d'après Nicolas Poussin, et une frise
d'après le même maître.
 
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