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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 27 (4 Août 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0133

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L'ART ORNEMENTAL.
EXPLICATION DES PLANCHES

Armes de François Ior

Le médaillon de notre première page, qui représente les armes de
François Ier, est en grès sculpté : il forme la clef de voûte de la chapelle
haute du palais de Fontainebleau. Les pilastres que nous reproduisons
font également partie de la décoration de ce palais, à laquelle concoururent
tant d'artistes éminents.

François Ier, dit M. Genevay dans une très remarquable étude sur
Charles Le Brun et son influence sur l'art décoratif, s'était vraiment épris
en Italie de l'amour des belles choses : entre ses grands coups d'épée, ses
insatiables amours et ses maladroites négociations, visitant les trésors des
galeries italiennes, recherchant la conversation des artistes, les traitant
avec une noble familiarité, il était devenu admirateur passionné des illus-
tres débris de l'antiquité et des productions des maîtres incomparables du
temps, la fleur et la gloire de l'Italie. Il ne faisait, du reste, qu'imiter tous
les princes de cette prodigieuse époque, Charles-Quint, Henri VIII, les
Médicis, les Sforza, les Gonzague ; et, à son retour d'au delà des monts, il
enrichit ses palais, Fontainebleau, le Louvre, Chambord, des dépouilles
opimes que sa main libérale avait réunies.

Il fit plus; il voulut introduire l'art italien en France, l'y acclimater et,
avec une munificence vraiment royale, il appela auprès de lui quelques-uns
des peintres, des sculpteurs, des stucateurs qui faisaient la réputation de
Florence, de Bologne et de Rome. Bientôt, à Fontainebleau où il avait
déjà réuni d'autres artistes français et flamands, parut en i5i6 l'illustre
Léonard de Vinci avec ses deux élèves Saraï et Melzi. Après le grand
Léonard, mort au château de Cloux, à Amboise, vint en 1518 Andréa
Vannucchi, que le roi, plus juste et plus éclairé que les princes italiens,
tint en singulière estime et combla de présents.

En 1528, dit M. Vatout, à Fontainebleau l'espace manquait aux projets
de François Ier; en i53o, les artistes manqueront à l'espace.

Le roi fit appel à l'Italie. Rosso, ou maître Roux comme nos archives
l'appellent, répondit à la voix du souverain et eut la gloire de créer véri-
tablement l'école. Nommé peintre du roi, il avait autour de lui le Flamand
Leonardo, les Français Michel Samson et Louis Dubreuil, les Italiens
Luca Penni, Bartholomeo Miniati, Francesco Cassianimici, Gio Battista
da Bagnacavallo, Pellegrino ; les sculpteurs et stucateurs Domenico del
Barbieri, Lorenzo Naldino, Paul Pontio, maître François d'Orléans,
maître Simon, maître Claude de Paris, maître Laurent le Picard et le
graveur del Nasaro.

Comblé de bienfaits, menant le train d'un grand seigneur, Rosso enri-
chit Fontainebleau de peintures à l'huile, à la fresque, sur émail, « donna
des dessins d'orfèvrerie, composa un buffet complet pour le roi, imagina
une foule d'ornements, grotesques, moresques, arabesques, pour le château,
jusqu'à des caparaçons pour couvrir les chevaux dans les mascarades et les
fêtes ». Si l'on en croit Vasari, cè serait sur ses plans et sous sa direction
qu'aurait été construite la petite galerie de Fontainebleau. Rosso était de
ces grands artistes dont la race est perdue, qui avec la même supériorité
ciselaient un bijou, construisaient un palais et l'ornaient de sculptures, de
fresques, de stucs, d'émaux et de peintures. Ce travailleur infatigable fut
troublé dans sa brillante carrière par l'arrivée en 15 32 de Francesco'
Primaticcio, élève de Jules Romain, que le marquis de Mantoue envoyait"
à François Ie''. Les deux rivaux luttèrent avec passion jusqu'au jour où, à
la suite d'une lamentable aventure, le Rosso s'étant empoisonné, la direc--
tion de l'école demeura aux mains du Primatice. Il la conserva pendant
quatre règnes, sous François I1"', Henri II, François II, Charles IX. Sort
œuvre fut immense et, pour ne parler que de Fontainebleau, il a orné la-
galerie d'Ulysse de cinquante-huit fresques, la voûte de quatre-vingts com-
positions en camaïeu, en émail ; il décora la salle Saint-Louis, la chambre
de la duchesse d'Étampes, la galerie du bal; il dessina encore la sépulture
de François Ier, le tombeau de Henri II, et fit le monument destiné à ren-
fermer le cœur de ce prince qui devait reposer dans la ville d'Orléans. De
ses nombreux voyages en Italie il rapporta les moules des plus belles
statues antiques, le Laocoon, la Vénus de Médicis, l'Apollon Pythien, etc.,-
qu'il fit jeter en bronze, et l'Hercule de Michel-Ange qui orna longtemps-
les jardins de Fontainebleau. Courtisan heureux et habile, en l'honneur
 
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