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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 32 (8 Septembre 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0153

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I2Ô

L'ART ORNEMENTAL.

été simplement cuits en Normandie dans des fourneaux à poterie commune.
Mais ceci, dit M. Jacquemart, ne supporte pas l'examen : il ne peut être
question de faire de la faïence dans les récipients à terre vernissée, où
l'argile n'arrive pas au delà du rouge cerise. Il existait donc des fours à
faïence là où la faïence a été cuite. D'autre part, pourquoi des artistes
étrangers habitués de longue date à la pratique auraient-ils été chercher à
Rouen ce qu'ils avaient sous la main à Paris et dans les environs, où la
terre cuite s'est faite de tout temps? Enfin, il résulte de recherches
faites par MM. Pottier et Gosselin qu'il existait à Rouen au milieu du
xvi° siècle un potier esmailleur de terre du nom de Masseot Abaquesne.
D'après M. Garnier, c'est à Abaquesne qu'il faut attribuer non seulement
les carreaux dont nous venons de parler, mais aussi ceux que possède le

d'une ornementation aussi riche et aussi recherchée que possible. Cepen-
dant, dit M. Jacquemart, le service du duc de Saint-Simon lui-même et celui
de M. de Forbin-Janson démontrent que la plupart des grands se contentaient
d'ajouter à la décoration courante le signe de leur noblesse. La mise en
faïence fut donc une circonstance utile au développement de l'industrie
céramique, mais non une cause déterminante; ce qui le prouverait surabon-
damment, c'est qu'antérieurement à 1713 on trouve déjà quantité de services
armoriés; que des pièces de grande ornementation, telles que les quatre
Saisons, bustes de proportions colossales soutenus par des gaines splendides
et composées par Vavasseur, montraient déjà la tendance de la mode vers
les décorations céramiques qui, d'un autre côté, s'infiltraient dans la riche
bourgeoisie et chez le peuple.

Louvre, sur lesquels on remarque l'écu de Mont- Nous donnons ci-contre une reproduction de

morency et l'épée de connétable, ainsi que ceux du l'un de ces quatre bustes.

musée de Sèvres, qui proviennent du château de Dans le rapide examen que nous voulons faire

Madrid et qui offrent les mêmes procédés de déco- ^U centre ^e fabrication céramique le plus impor-

ration et de fabrication. tant ^ ^rance et ^ans 'a courte esquisse des prin-

D'après d'autres documents cités par M. Gos- ^■Sp^jVIlra cipaux caractères de l'ornementation des faïences

selin, il est probable que Masseot Abaquesne ne fit iil^^B'iWi qu'il a produites aux différentes époques, nous sui-

pas de bien brillantes affaires. Ce qui est certain, jÊÊM '..^^'■f'i^^uSoL vrons pas à pas le travail de M. Garnier. Comme

c'est qu'après lui il ne reste plus aucune trace delà JÊEsÊ' '"'^t^^yBB»! Nevers, Rouen a commencé par fabriquer des plats

fabrication de la faïence à Rouen pendant le qtmÈ$t$\-. ^jÊ&*£mk et des assiettes à large bord et à bassin étroit et

xvic siècle, et qu'il faut attendre pendant près de ^W^ÊÊÊMaÊSSSI^ÊM profond, ainsi que nous l'avons déjà dit. Les artistes

cent ans avant de retrouver de nouvelles preuves ''■^SÊ^m^sÊB^ rouennais créèrent vers la fin du xvn° siècle les

de l'existence de cette industrie dans la capitale ^KraMlSHP^^ beaux décors dits à lambrequins ou à broderies. Le

normande. C'est au milieu du xvn° siècle que 'Fje^s^ décor à lambrequins fut d'abord exécuté très sim-

Nicolas Poirel, sieur de Grandval, obtint un privi- jjmSSa^^. plement en camaïeu bleu : il se composait le plus

lège de cinquante ans pour fabriquer des faïences ^fe^l1!. ^JBBflfi souvent de deux motifs alternés reliés entre eux et

dans la province de Normandie. C'est lui qui fut 'ff"ywfltî£!iSMS{^ répétés de façon à former une bordure sur le marli

l'inventeur du genre sino-français, et c'est à lui ''"^Ê^^^Su^^^^^S ^es P'ats et des assiettes et sur le pourtour des

qu'on doit, ainsi qu'à son successeur, Louis Pote- tMM^T'11* j^i^wB' vases, des aiguières et des sucriers et autres objets

rat, un grand nombre des plats armoriés, peints en >^BR|^^^fôjwmS' de forme symétrique. Ces lambrequins étaient plus

camaïeu, et de ceux où le cobalt le plus brillant ■HSBlli^wWw^ if M ou moins compliqués, mais toujours composés

s'unit à un rouge de fer intense. H^KlCi if " «M™ d'après le même principe, de palmettes de feuilles

L'influence italo-nivernaise est très sensible . 'Sï;: fâOffil^' W£~ CflM et ae rinceaux réserves en blanc sur un fond ré-
dans les premiers produits de cette fabrication ÏÊgÊÎ:: ShkIv champi en bleu. Le centre des assiettes était occupé
rouennaise du xvn° siècle qui rappelle les faïences 1h8 . ■afp jffg par un fleuron qui a subi un grand nombre de
des Conrade, et il paraît certain que les premiers 4Hb. ,bHH :Sf: ffff variations. Dans le principe, il se composait d'un
ouvriers artistes des usines normandes sont venus ;iV- ■i'v:MwMtiif w> /' Jfjff motif assez chargé, un peu lourd et représentant
de Nevers. ' ^g^nHIj.',.*»? Mm toujours au milieu de fleurs et de palmettes en rin-

Comme Nevers, dit M. Edouard Garnier, ' hHmB^1nS ceaux, se détachant en réserve sur fond bleu, deux

Rouen a commencé par fabriquer des plats et des *8Sifo' '^Bîl^'Wfflill ' animaux fantastiques, quelquefois à tête humaine,

assiettes à large bord, à bassin étroit et profond, ^hbhhhhh^^»j||b ' affrontés, c'est-à-dire se regardant en face, une

dont la forme rappelle celle des drageoirs italiens, "j^K^SPSSsISSSMÊa^^^^^^ moitié du décor tourné et répété ayant servi à

et qui étaient ornés en camaïeu bleu de motifs déta- 'jÊsSBœÈÈÊÊsmÈi iv^iv^C constituer l'autre moitié.

chés, chimères, oiseaux, fleurs, etc., imitant les tmÊBM '^Bm«8^!Ik' '' ,.C'0i: Cette répétition symétrique est, du reste, un
décors de . faïence de Savone ou ceux des porce- ]ÊÊ "^mf&St ' ^es caractères distinctifs du décor bleu rouennais ;
laines orientales. Mais cette première période d'imi- ^^l^ttKmBÊBSmSS^SIKÊBÊÊÊm même dans les motifs qui paraissent le plus com-
tation dura peu. Les artistes rouennais surtout ffËfi WÊ^SS^SÊBÊlt^^^^- plîqués, les éléments constitutifs sont toujours très
s'affranchirent bientôt des influences étrangères et ^^^^f^^t^B'^fnVm^n^^ simples, et l'on est étonné en les décomposant de
créèrent, vers la fin du xvnc siècle, les beaux décors ■ voir avec quelle ingéniosité les faïenciers rouen-
dits à lambrequins ou à broderies, si originaux, si nais les ont disposés et quel parti ils ont su en tirer,
vraiment français, qui resteront comme la plus haute L'Hiver Quand les motifs alternés et répétés à inter-
manifestation décorative de la faïence dans notre , „ .„,. . valles égaux partent du bord de la pièce et conver-

Ancienne faïence de Rouen. — Gravure de H. Ihinat. "

pays et dont les motifs alternes étaient empruntés gent vers le centre, ils forment ce qu on a appelé

pour la plupart aux étoffes, aux dentelles, à la mar- le décor de style rayonnant. Malgré la richesse

apparente de ces beaux décors, dont les combinaisons éclatantes rappellent
les rosaces des vieilles cathédrales, le principe est toujours aussi simple.

Ce sont surtout les fleurons qui décoraient le centre des plats et des
assiettes de Rouen qui ont été très variés. Le fleuron qu'on rencontre le
plus fréquemment et que toutes les fabriques, même celles qui produisaient
les faïences les plus communes, ont employé, qui a subi de nombreuses
transformations et que l'on trouve parfois associé à de riches ornements,
se compose d'une corbeille remplie de fleurs de convention toujours
disposées d'une façon symétrique. Dans tous ces fleurons, on retrouve les
mêmes principes décoratifs composés de feuilles dentées disposées en
rinceaux et formant culot et puisés soit dans les livres de l'époque, soit
dans les œuvres de Berain. Tous ces décors étaient exécutés en camaïeu
bleu, ou en bleu rehaussé de rouge de fer, avec une grande liberté de
pinceau. Un grand nombre de pièces datant de cette époque portent des

queterie, à la ferronnerie et aux fleurons et culs-de-lampe de l'époque.

Ce fut surtout à la fin du règne de Louis XIV que la fabrication prit
une extension considérable et que les potiers rouennais s'ingénièrent à
produire des services riches et luxueux dignes de figurer sur la table des
grands seigneurs. On attribue généralement les causes de cette espèce de
renaissance de pompe dans la vaisselle émaillée aux désastres de la fin du
règne de Louis XIV. On ne peut nier que ces désastres y aient eu une
certaine part. Au moment, en effet, où, à bout de ressources et environné
d'armées ennemies, le roi, selon l'expression de Saint-Simon, délibéra de
se mettre en faïence, les grands s'empressèrent de porter leur argenterie à
la Monnaie et de faire couvrir leur table de simple vaisselle peinte. Il était
nécessaire que cette vaisselle ne tranchât pas d'une façon trop désagréable
et trop pauvre avec les meubles, les tapisseries et tous les bibelots de prix
qui garnissaient les demeures princières de l'époque. On la couvrit donc
 
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