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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 39 (27 Octobre 1883)
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154 L'ART ORNEMENTAL.

EXPLICATION DES PLANCHES

Coffret de Boulle,

dans le vide et laissent entre leur côté et celui du meuble des cavités com-
plètement perdues. Plus tard, lorsque des ébénistes voulurent rentrer dans
des formes plus sages pour ne pas perdre l'avantage pittoresque de ces.
dispositions en éventail, ils flanquèrent de petits meubles d'une sorte
d'étagère en quart de cercle, où se logeaient des bibelots à la mode, les
choses de provenance exotique ou les fines porcelaines de Sèvres ou de
Saxe. En rentrant dans la logique architecturale du meuble, ils avaient
ajouté à sa richesse et satisfait au goût du moment. »

Quoiqu'il ne s'agisse ici que d'un meuble du xvne siècle, nous nous
sommes laissé entraîner à transcrire en entier ce court résumé historique
et critique de M. Jacquemart, qui nous a paru offrir un intérêt particulier

C'est à partir du xvnc siècle seulement que le métal commence à
constituer," en France, le véritable élément décoratif du mobilier. Lui,
qui avait joué le premier rôle dans l'antiquité, était devenu pendant le
moyen âge tout à fait accessoire dans le mobilier proprement dit, et le

xv° et le xvi° siècle ne l'avaient associé à cause de la manière ingénieuse dont

au bois que d'une façon tout à fait «ST • il motive les diverses transformations

restreinte. t|j opérées dans le mobilier depuis le

Voici comment M. Jacquemart ré- JgjL, moyen âge.

sume l'histoire des transformations du /7=?*&Ê!ff5,Pour revenir à notre meuble et à

meuble depuis la Renaissance : « Pen- ïrS^^"SeB^^ son auteur> disons avec M. René Mé-

dant la Renaissance, dit-il, les préoc- fcjll^iËiiBl&a narJ l130' malSré les tentatives d'asso-

cupations sculpturales et la recherche
des formes de l'architecture entraînent
le mobilier dans une voie sérieuse,
incompatible avec les coquetteries du
bois coloré; lorsque, sur la fin, le
besoin d'une élégance un peu tapageuse
se manifeste, c'est par les applications
d'ivoire gravé et par l'adjonction des
pierres dures; l'architecture domine
encore : elle se pare de joyaux comme
les personnages de la cour.

« Sous Louis XIII le meuble se fait
grand, à l'unisson des autres ouvrages
d'art; l'ébène, que la sculpture ne
parvient pas à égayer, cherche un
appoint dans le bronze ciselé ou même
dans l'application du cuivre repoussé.
La Flandre essaye déjà d'y joindre des
encadrements d'écaillé.

« Mais voilà LouisXIV, voilà Boulle,
et le bois s'incruste d'écaillé et de mé-
taux brillants pour se mettre au niveau
du luxe des palais; le meuble est encore
officiel, pompeux, étranger à la vie
intime, ou bien il n'y pénètre pour
ainsi dire que par le côté intérieur : le
salon de réception, le cabinet de travail
du magistrat et de l'homme public.

« S'il est permis de chercher les

là qu'on les trouvera : la tablette du
bureau prend des contours; ses avant-
corps s'infléchissent en courbes bom-

ciation du bois et du métal tentées
depuis Henri IV et surtout pendant le
règne de Louis XIII, la marqueterie de
Boulle doit être considérée comme une
véritable innovation.

Le nom de Boulle a été porté par
toute une famille d'artistes, qui s'est fait
un nom pendant tout le xvue siècle, à
cause des meubles sortis de leur fa-
brique ou exécutés sous leur direction.

Le plus célèbre de cette famille est
André-Charles Boulle, fils de Jean et
neveu de Pierre Boulle, qui tous deux
étaient logés au Louvre et portaient
le titre de menuisiers du Roi. André-
Charles Boulle, né en 1642, mourut à
l'âge de quatre-vingt-dix ans. Voici en
quels termes le Mercure de France
annonce sa mort : « André - Charles
Boulle, natif de Paris, architecte, peintre
et sculpteur en mosaïques, ébéniste,
ciseleur et marqueteur ordinaire du
Roy, né en l'année 1642,1e 10 novem-
bre, est mort à Paris dans les galeries
du Louvre, où il avait l'honneur d'être
logé depuis l'année 1672. Cet illustre
artiste, dont le mérite était connu en
France et dans les pays étrangers, est
infiniment regretté par les amateurs

indices des modifications à venir, c'est .fl ég~=j^^^^aS^-^gS^teaBJt ^ des Beaux-Arts. Il laisse des fils de sa

profession, héritiers de ses talents et de
son logement aux galeries du Louvre. »
(Mars 1732.)

bées; ses pieds légèrement assouplis en jL-'. <«ss^j....l -^7^--_:/j~-—-- C'est Charles Boulle qui a perfec-

S viennent poser sur des entrejambes '- tionné, sinon inventé le meuble plaqué

en X; il y a détente dans la rigidité Retable en ébéne et argent repoussé. d'écaillé et de métal. « Les ouvrages

générale du meuble officiel admis à Travail français du temps de Louis XIII. de cet habile homme, dit Gersaint,.

Versailles et primitivement inspiré par sont toujours recherchés avidement

le génie un peu compassé des Le Brun, puis perpétué par la rigide disci-
pline des Gobelins.

« Sous la Régence et pendant les jeunes années de Louis XV, tout va
changer : les bois divers vont triompher et parer les meubles d'une forme
nouvelle; les petits appartements vont se substituer aux salons d'apparat,
la chambre à coucher va devenir le nid de la vie privée et s'entourer du
boudoir, du cabinet, de ces mille recoins élégants et commodes pour la
comédie à surprises et cachettes que va jouer la société française.

«Ainsi que de choses nouvelles! la commode véritable avec ses divisions
multiples; le caprice est poussé à tel point, que souvent la loi fondamen-
tale de l'art, la convenance, est totalement oubliée; pour créer des
perspectives à l'œil, le meuble n'a plus ses côtés parallèles, ils se courbent
en s'écartant pour aller s'accoter sur un fond beaucoup plus large que la
face antérieure, en sorte que les tiroirs, forcément rectangulaires, s'isolent

par les curieux, quoiqu'ils soient d'un goût différent de celui qui règne
aujourd'hui. C'est qu'on n'a jamais travaillé avec plus de goût, plus de
soin, plus de solidité et plus d'honneur que lui, et rien ne sortait de ses
mains qui ne fût à l'abri de tout reproche, même jusqu'aux parties qu'il
était obligé de confier au dehors. »

Dans le beau meuble de Boulle, dit M. Bosc, le bois d'ébène est
incrusté d'écaillé de sa couleur naturelle ou colorée en dessous. Les
applications d'écaillé découpée sont accompagnées d'arabesques, de
rinceaux et d'ornements de toutes sortes, découpés également dans l'étaia
et dans le cuivre, et toute la partie métallique de ces incrustations est
relevée d'un travail de gravure au burin, qui classe cette sorte de meuble
du xvii8 siècle au premier rang, surtout par la richesse de son aspect.
Charles Boulle fit école ; ses fils, ses neveux, fabriquèrent comme lui des
meubles marquetés, mais aucun d'eux n'atteignit la perfection du maître.
 
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