Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

DOI Heft:
Nr. 42 (17 Novembre 1883)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0193

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
i66

L'ART ORNEMENTAL.

qui protège le coude ; le canon de l'avant-bras; enfin la garde du gantelet
et le gantelet. Nous croyons utile de donner, d'après M. Ernest Bosc,
quelques notions historiques sur l'armure en général.

Tous les peuples de l'antiquité ont utilisé l'armure pour protéger le
corps de leurs soldats contre les coups de l'ennemi. Mais jusqu'au moyen
âge aucun peuple n'a possédé l'armure complète. Nous n'avons que des
détails fort incomplets sur l'armure des anciens peuples. C'est seulement
le casque, la cuirasse et les jambières ou cuissards que nous retrouvons
dans les monuments, les statues et les peintures. Les Romains, sous la répu-
blique, ne possédèrent que des armes d'une fabrication vulgaire et grossière.
C'est de l'empire que datent les armes luxueuses couvertes d'or et de pier-
reries. Les casques, les boucliers et les cuirasses de parade se couvrirent, à
partir de César, de perles, d'émeraudes, de saphirs et de quantités d'autres
pierres précieuses. Dans plusieurs sépultures gauloises on trouve des hommes
d'armes revêtus de leur armure complète qui ne comprenait que le casque,
une sorte de tçona ou ceinture métallique haute servant de cuirasse; parfois
une cuirasse véritable ; enfin des bracelets d'une seule pièce, assez hauts
et en forme de fuseaux, lesquels servaient à parer les coups de taille des
épées qui auraient pu porter sur les poignets et mettre immédiatement un

soldat hors de combat. Les Gaulois fabriquèrent pour les Romains des cottes
de mailles. Une inscription découverte à Monceau-le-Comte nous apprend
en effet qu'un centurion nommé Avitus fut détaché en Gaule pour sur-
veiller la fabrication des cottes de mailles dans le territoire de la cité des
Eduens (Bibracte). Les directeurs de ces ateliers étaient appelés Prœfecti
fabrum, comme nous l'apprend Végèce. Plus tard, les Gaulois adoptèrent
des cuirasses de bronze, semblables à celles dont le musée de Saint-Germain
possède quelques exemplaires. Nous savons aussi d'après Diodore que les
Gaulois portaient des ceinturons et même des cuirasses dorées et argentées,
que leurs armes étaient souvent décorées d'ornements ciselés faits avec ces
métaux et que leurs casques portaient souvent des ornements de corail.
Lucain nous dit que les Lingons avaient sur leurs boucliers des peintures
et des émaillures. Le casque découvert à Agen, en 1878, prouve que nos
ancêtres étaient fort experts dans l'art de fabriquer des armes défensives.
Ce casque a fait l'objet d'une communication à l'Académie des inscriptions
et belles-lettres dont voici l'analyse. L'élégance et la pureté de la forme de
ce casque sont frappantes ; la calotte, de forme sphérique un peu allongée,
est d'un très beau galbe ; la carène à saillie anguleuse et le listel qui en
contourne la base, une visière et un couvre-nuque original, enfin un porte-

Salière en argent, style Louis XVI.

aigrette attirent l'attention des amateurs d'armes antiques. Un ouvrier d'un
goût parfait et d'une main exercée a pu seul exécuter une pareille pièce,
avec un métal de qualité supérieure, capable de se prêter à toutes les sinuo-
sités d'un profil compliqué. Le casque est en effet d'une seule feuille de fer
travaillée au marteau, sans soudure, sans brasure. A l'époque en question,
la métallurgie de la Gaule était donc très avancée. L'origine du casque est
parfaitement établie par le lieu ou il a été rencontré; il gisait dans un
puits funéraire, au milieu d'objets de provenance gallo-romaine.

Chose singulière, les Francs, qui de Probus à Théodore le Grand ne
cessèrent d'avoir maille à partir avec les troupes romaines, les Francs igno-
raient l'usage des cuirasses, des brassards et des cuissards. Un très petit
nombre d'entre eux portaient le casque. Ils n'avaient pour toute arme défen-
sive que le petit bouclier rond ou ovale, ayant dans son milieu un umbo,
sorte de calotte en fer.

Il faut arriver au moyen âge pour voir apparaître la véritable armure
dont le guerrier était dit, armé de pied en cap. Ce n'est qu'à partir du
xie siècle que cette armure devient complète : le casque romain est aban-
donné et remplacé par le casque normand de forme conique : à la cotte
de mailles, on substitue des chemises ou plutôt des blouses recouvertes
d'écaillés de fer carrées ou rondes, cousues sur l'étoffe et imbriquées comme
des écailles de poissons; les boucliers sont plus larges, pointus à la base

et arrondis à la partie inférieure. Vers le milieu du xne siècle apparaît le
haubert, sorte de tunique à manches courtes, faite d'un tissu de mailles de
fer et portant dans le haut un capuchon maillé, nommé ventail, au-dessus
duquel on plaçait le casque. Plus tard les manches du haubert s'allongent
et le chevalier porte des gants en peau de buffle, garnis de mailles métal-
liques. Voici les pièces de l'armure d'un chevalier du moyen âge : l'armet
ou le heaume, le hausse-col, les épaulières, le bouclier, la bourguignotte,
le cabasset, le casque, le cimier, le corselet, la cotte de mailles, la cuirasse,
les cuissards, les brassards, le faucre, qui est une pièce de fer vissée sur le
côté droit de la cuirasse afin de soutenir la lance en arrêt, les gantelets, les
genouillères, les grèves, le haubert, les solerets, les tassettes, qui rattachent
la cuirasse aux cuissards, et les passe-gardes, saillies des épaulières dispo-
sées de manière à former une sorte de colleret.

Vers la fin du xnG siècle certains hommes d'armes étaient revêtus du
blanc-haubert de mailles à manches couvertes, qui est une longue chemise
de mailles qui descendait jusqu'au genou, ce qui la distinguait du hauber-
geon, haubert court et s'arrêtant à mi-cuisse. Ils étaient coiffés du chapeau
de fer : le bas de leurs jambes était protégé par des demi-grèves ou
tumelières.

Pendant les xiii°, xive et xve siècles, l'armure varie peu ; on trouve des
formes nouvelles mais point de changements importants.
 
Annotationen