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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 44 (1 Décembre 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0201

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i74

L'ART ORNEMENTAL.

EXPLICATION DES PLANCHES

Cabinet en marqueterie.

Ce magnifique cabinet appartient au Palais royal de Madrid. Il est en
marqueterie et orné de bronzes dorés ainsi que de plaques de Sèvres, pâte
tendre. C'est un des plus beaux spécimens de ces meubles Louis XVI où le
bronze doré, réduit à des proportions plus discrètes, accompagne les porce-
laines dont les plaques deviennent des ornements dominants. Le bronze
enrichit encore de ses fines ciselures les parties saillantes, mais il ne couvre
plus les grandes surfaces et se subordonne à l'architecture du meuble au
lieu de la commander.

Calice.

Notre calice est en vermeil et en argent repoussé. C'est un travail
allemand du xvnc siècle.

Jeton de l'Académie de peinture et de sculpture (1764).

Nous avons donné dans le numéro 12 de l'Art ornemental un fac-similé
du frontispice des statuts de la communauté de Saint-Luc, mais nous ne
l'avons point à ce moment accompagné d'une notice historique, nous réser-
vant de placer cette notice à côté des dessins faits pour la création d'un
jeton destiné à être donné aux membres de l'Académie de peinture.

On croit généralement que l'Académie de peinture et de sculpture s'est
établie sans difficulté sous la protection du patronage royal et de hauts
personnages. Rien n'est moins vrai. L'Académie, telle qu'elle existe actuel-
lement, cette section de l'Institut, cette Académie des Beaux-Arts, qu'un
grand nombre d'artistes considèrent comme oppressive, eut à lutter, pour
venir au monde et vivre, contre l'Académie romaine, autrement appelée
Académie de Saint-Luc, qui, étant en possession de privilèges parfaitement
déterminés, se voyait soutenue par le Parlement en sa qualité de vieille
institution. Il ne fallut pas moins que l'intervention de l'autorité souveraine
pour sauver la jeune Académie des attaques et des intrigues de la corpora-
tion des maîtres peintres. C'est un fait très intéressant et très peu connu.
Le vieux Dictionnaire des Beaux-Arts de Lacombe nous fournit à ce sujet
des renseignements curieux sur les deux Académies longtemps rivales,
et qui, après avoir essayé de fusionner, rompirent d'une façon éclatante et
définitive.

Voici d'abord pour l'Académie de Saint-Luc : Ce fut en i3oi que le
prévôt de Paris, ayant assemblé les peintres de cette ville, fit dresser des
règlements et des statuts, et établit parmi eux des jurés et gardes pour faire
la visite, leur donnant pouvoir d'empêcher de travailler tous ceux qui ne
seraient point de leur communauté. En 1430, Charles VII ajouta aux privi-
lèges contenus dans ces statuts l'exemption de toutes tailles, subsides, gué,
gardes, etc., privilèges qu'Henri III confirma par lettres patentes de 1583.
En 1613, la communauté des sculpteurs, qui s'était unie à celle des pein-
tres au commencement du xvn° siècle, fit approuver et ratifier son union
par sentence et par arrêt. Les sculpteurs jouirent alors des mêmes privi-
lèges que les maîtres peintres, et, de quatre jurés de la communauté, deux
devaient être pris parmi les peintres et deux parmi les sculpteurs. Cepen-
dant il s'introduisit, paraît-il, des abus; c'est pourquoi on ajouta, en 1619,
trente-quatre nouveaux articles aux premiers statuts, qui furent confirmés
par lettres patentes de Louis XIII, en 1622. Ce grand nombre de statuts
n'obvia pas encore à tous les inconvénients; ce qui engagea les plus habiles
artistes qui n'étaient pas de leur corps à en former un sous le titre d'Aca-
démie royale de peinture et de sculpture. A l'imitation de ceux-ci, les maîtres
peintres, c'est-à-dire les membres de l'Académie de Saint-Luc, obtinrent
pour leur communauté une déclaration du roi, en date du 17 novembre
1705, qui leur permit de tenir une école publique de dessin et d'y entrete-
nir un modèle. On y distribuait tous les ans, le jour de Saint-Luc, deux
médailles d'argent aux deux étudiants qui avaient fait le plus de progrès.
Voici maintenant le lien entre l'Académie romaine de Saint-Luc et la cor-
poration des maîtres peintres de Paris dont nous venons de parler. LAca-
démie romaine de Saint-Luc fut fondée par Mutian, peintre, qui lui légua
deux maisons et l'institua son héritière dans le cas où ses enfants ne lais-
seraient pas de postérité. L'établissement fut confirmé par des brefs des

papes Grégoire XIII et Sixte V. Cette Académie ayant désiré d'entretenir
entre elle et celle des peintres français, que Sa Majesté avait établie à Rome
en i665, un commerce d'amitié et d'instruction, ayant même nommé le
célèbre Le Brun pour son directeur et son prince, titre qu'elle n'avait
jusqu'alors accordé qu'à des peintres romains, Louis le Grand lit expédier,
en 1676, des lettres de jonction des deux corps, et fonda un revenu pour le
directeur que l'Académie de Paris y envoie, et pour la pension de dou^e
élèves gui ont remporté les premiers prix de peinture, de sculpture et
d'architecture.

Passons maintenant à Y Académie royale de peinture et sculpture. Les
poursuites que la communauté des maîtres peintres avait droit d'exercer
contre les peintres et les sculpteurs qui voulaient se conserver libres enga-
gèrent ceux-ci à se mettre sous la protection du roi et à former un corps
où l'on entrât non pour quelque somme d'argent, mais à cause de l'excel-

Calice en vermeil et en argent repoussé.
Travail allemand du xvu0 siècte. — Dessin de Saint - Elmc Gautier.

lcnce de ses talents; enfin de se procurer un état qui fût en même temps sill-
et honnête. Le Brun profita de son crédit pour solliciter l'établissement d'une
Académie de peinture et de sculpture. Il s'unit à plusieurs de ses confrères
et particulièrement à Charmois, qui, sans être peintre ni sculpteur de pro-
fession, avait fait une étude particulière des beaux-arts. Charmois dressa
une requête qui fut signée d'un grand nombre d'artistes habiles. Sur cette
requête et par la protection du chancelier Séguier, on permit aux suppliants
de se réunir dans un local où ils s'exerceraient en des études publiques
et montreraient à la jeunesse à dessiner d'après le naturel. L'Académie
remplissait avec honneur la promesse qu'elle avait faite dans sa requête,
lorsque les maîtres peintres, venant à la traverse, firent saisir les tableaux
des élèves et même ceux de l'un des académiciens. C'est alors que le
chancelier prononça un arrêt de main-levée et fit défense à aucun sujet
du roi de troubler l'Académie dans ses exercices. Cependant chaque
membre de l'Académie était obligé de faire des frais, et ces frais, quoique
modiques, finirent par sembler onéreux, si bien que le zèle de plusieurs
 
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