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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 47 (22 Décembre 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0213

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L'ART ORNEMENTAL.

Huchette, où il logeait, il avait avisé une voisine, la fille de Jean Aubert,
marchand apothicaire ; le père était mort, la fille vivait sous la garde de
sa mère. Mal gardée, mal défendue par douze ans de plus que son soupi-
rant, elle mettait au monde, le 4 octobre 1744, un fils reconnu un peu
moins d'un an après par ses auteurs, que le vicaire de Saint-Séverin
mariait le 20 septembre 1745. Ce mariage, auquel le père François Eisen
n'assistait pas et qui avait pour témoins un sculpteur nommé Vincenot et
un peintre nommé Jean Chevalier, donnait au jeune homme de vingt-cinq
ans une femme de trente-sept. Tout en consacrant son temps, les années
suivantes, à des illustrations de livres, Eisen faisait paraître une œuvre
suivie, une suite de livres de décorations et d'ornements. Ce sont des

vases, des tombeaux, des niches, des fontaines, des groupes de ligures,
des statues à l'usage des architectes, des sculpteurs, des ciseleurs. C'est un
vrai portefeuille pour l'artiste, un vrai manuel de l'art industriel du
temps. De page en page, l'imagination féconde et facile d'Eisen y répand
les idées, les sujets, les frontispices, les cartouches, les armoiries. Ce sont
des jeux d'amours dessinés pour des feux ou des bronzes de meubles, des
sirènes, des mufles de lions, des femmes-sphinx, des brûle-parfums ; ce
sont des figures nues toutes prêtes à être reproduites en modelage, telles
que les Trois Grâces dont nous donnons le dessin. Rien ne manque des
dessins, des modèles, des attributs que réclame le goût de la mode.

Insistons toujours avec MM. de Concourt sur ce côté du talent d'Eisen

Plaque latérale de l'arjiure du cheval de Christian 11.
(Musée historique de Dresde.)

Il est un des signes de l'art du temps qui réclame de ses petits peintres
d'être, à l'imitation de leur maître Boucher, non seulement des peintres,
mais encore des ornemanistes. L'artiste tel que le veut et tel que le fait
le xvmc siècle ne doit pas avoir seulement la science du personnage ; il faut
qu'il y joigne la science du pittoresque et du caractéristique, de cette ligne-
générale des choses, le style d'une époque. Il faut qu'il ait l'imagination du
changement, du renouvellement, du rajeunissement que demande une
société au décor de sa vie; qu'il soit l'inspirateur des formes à donner au
bronze, à l'argent, à l'or, au bois, à la porcelaine, à la faïence d'un siècle;
1 inventeur de ce que l'industrie, alors assimilée à l'art, exige des artistes,
pour la façon de la matière; le guide enfin du bronzier, du ciseleur, du
bijoutier, de tous les métiers de goût. Parmi tous, Charles Eisen eut le don

de celte invention, passant avec son génie, de motifs toujours nouveaux,
de l'enflure opulente de Meissonnier aux profils droits de Couthière.

Cette fécondité, cette merveilleuse aptitude, cette souplesse et cette
variété de talent firent d'Eisen l'illustrateur de presque tous les livres de son
temps. C'est par milliers qu'il jette au public les dessins et les vignettes.
Mais il ne se confine pas dans ce genre; il est peintre et brosse de grandes
toiles historiques, mythologiques et profanes. Il fait de la peinture sacrée
aussi; enfin, il touche à tout. Il illustre la Henriade, les Métamorphoses
d'Ovide, les Almanachs de la Musique du Roi. Enfin, en 1762, paraissent
les Contes de La Fontaine : magnifique publicité pour le vignettiste et qui
montre quel goût a pour lui le grand public de ces années, et en quel
honneur le tiennent les éditeurs. Voltaire lui écrit et le félicite. Après ces
 
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