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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 47 (22 Décembre 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0215

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1

i88 L'ART ORNEMENTAL.

illustrations de livres de toutes sortes, Eisen illustra en 1770 les Baisers de
Dorât, et prodigua dans ce volume son double talent de dessinateur et
d'ornemaniste. Puis viennent les Baisers d'Anacréon, le Tableau de la
Volupté, Phrosine et Mélidor, le Temple de Guide, Tarsis et Zélie, etc.
Eisen est l'illustrateur patenté de la poésie. Pourquoi ne fut-il pas
de l'Académie, lui, le maître de dessin de Mm0 de Pompadour, qui
touche 7,5oo livres de traitement pour l'occupation d'un jour ou deux
par semaine? Pourquoi la favorite lui tourna-t-elle subitement le dos,
anéantissant ainsi toutes les espérances ambitieuses de l'artiste? Pujol
attribue ce retour subit à une insolence qu'il raconte ainsi : « Eisen avait
de l'esprit, mais il n'en fit pas toujours un bon usage. L'anecdote suivante
prouve qu'il était bien impudent, ou qu'il eut des absences de raison qui
dégénéraient en folie. Mmc de Pompadour, qu'il apprenait à dessiner, lui
avait commandé le dessin d'un habit pour le roi, dans un goût simple,
mais nouveau, désirant que Sa Majesté jouit d'un vêtement qui n'eût point

Les Trois Grâces.
Composition et dessin d'Eisen.

encore paru. Qu'imagine Eisen? Il s'en fait faire un semblable et se montre
à Versailles, avec cet habit, le jour même qu'on avait engagé le roi à porter
le sien en lui disant qu'il était unique. 11 encourut la disgrâce de sa protec-
trice. » En admettant que l'anecdote soit vraie, bien plus que cette légèreté,
les façons grossières et les mœurs relâchées d'Eisen étaient de nature à lui
aliéner les personnes bien élevées qui s'intéressaient à lui. Son abaissement,
il le dut, disent MM. de Concourt, à la bassesse de ses habitudes, de ses
goûts, de ses passions, à des moeurs scandaleuses même pour un temps peu
sévère, à une jeunesse de sens que l'âge ne corrigea pas, et qui ne fit que
s'exaspérer avec les années. A quarante-sept ans, il déloge du domicile
conjugal, où il laisse sa femme sexagénaire, abandonnant ses enfants, au
mariage desquels il n'assiste pas.

En 1777, la vignette était tombée dans un-profond discrédit. Eisen, se
trouvant sans ouvrage, quitta Paris et se rendit à Bruxelles où il s'établit

rue au Beurre chez un quincaillier nommé Jean-Jacques Clausse. Il était
rongé de goutte et de maladies engendrées par son libertinage et mourut
le 4 janvier 1778.

PETITE CHRONIQUE

— La Commission cantonale d'archéologie, instituée par le Conseil
d'Etat, faisait opérer depuis quelques semaines des fouilles dans les prai-
ries, aux environs de Martigny (Suisse), à l'emplacement qu'occupait
l'ancienne Octodurum. On avait découvert de gros murs, des pierres de
taille, des corniches en marbre jurassique d'un beau travail et beaucoup
de matériaux. La nature de ces vestiges indiquait que l'on était sur les
ruines d'un édifice qui avait eu une certaine importance, tel qu'un temple,
par exemple. Dans la journée du 2'i novembre, les ouvriers tombèrent sur
des pièces capitales, et exhumèrent de magnifiques fragments en bronze

Ecusson.
Composition et dessin d'Eisen.

doré de statues antiques. Ces fragments, fort bien conservés, mais couverts
de vert-de-gris, sont de la meilleure époque romaine. Ce sont un bras et
une jambe de proportions colossales; la partie antérieure du corps d'un
personnage vêtu d'une toge, avec la main et l'avant-bras droit, et enfin une
tête de taureau avec l'une des jambes de devant.

Les fouilles continuent, et, si 'l'on parvient, comme on l'espère, à
trouver les pièces qui manquent et à reconstituer ces statues, on sera en
possession de spécimens de l'art romain de la plus grande valeur. C'est
près de cet endroit que, il y a une dizaine d'années, un particulier, en
faisant des travaux de nivellement dans un pré, avait mis à découvert toute
une batterie de cuisine romaine comprenant plus de quarante objets. Cette
collection, fort curieuse en son genre, fut acquise pour le compte du
musée d'antiquités de Genève. La Commission d'archéologie fait aussi
opérer des fouilles sur un autre point de la campagne de Martigny, où se
trouvent les vestiges d'un cirque ou amphithéâtre. Ces vestiges consistent
en une muraille passablement dégradée, mais qui, en certains endroits, a
encore 3 mètres de hauteur ; elle forme une arène ovale longue de -5 mètres
sur 62.

G. Dargenty.

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Paris. — Imprimerie de l'Art, J. Rouam, imprimeur-éditeur, 41, rue de la Victoire.

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