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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

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Nr. 49 (5 Janvier 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0221

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194

L'ART ORNEMENTAL

EXPLICATION DES PLANCHES

Bouclier en fer repoussé.

Le bouclier que nous reproduisons appartient au Musée historique de
Dresde. C'est une de ces belles armes de parade qui ne figuraient que dans
les cérémonies et n'étaient jamais utilisées à la guerre. La forme de ces
armes de luxe, dont le côté pratique était absolument négligé, varie beau-
coup. Il y en a de rondes, de pointues, d'ovales, de carrées; on en voit qui
affectent là forme d'un losange ou d'un trapèze. Ces armes étaient de
véritables pièces d'orfèvrerie, que les artistes s'efforçaient d'orner le plus
somptueusement possible pour les souverains ou les grands seigneurs qui
les leur commandaient.

Parmi les armes défensives, le bouclier est certainement la plus
ancienne. Le bouclier a varié de forme et de grandeur suivant les temps
et les lieux. Chez les Grecs et chez les Romains, il paraît avoir été de
forme ronde : les premiers l'appelaient y.G~<.c et les seconds clipeus.
Suivant Pausanias, Prcetus et Acrisius d'Argos en avaient fait usage les
premiers; c'est pourquoi Virgile le désigne sous le nom de clipeus argo-
licus. Cependant le clipeus est ordinairement représenté dans les sculptures
romaines sous une forme ovale et oblongue; de là une distinction essen-
tielle entre le clipeus proprement dit et le clipeus argolicus. Le bouclier

était assez grand pour couvrir le corps tout entier. Dans le principe, il
était fait d'osier tressé ou de quelque bois léger, mais recouvert avec
plusieurs épaisseurs de cuir de bœuf. En outre, une bordure de métal en
renforçait le pourtour. Le centre de cette arme présentait souvent une
saillie nommée ombilic, qui avait pour effet de faire dévier les traits lancés
par l'ennemi. Parfois, cette saillie était allongée et aiguë, de façon que le
bouclier pouvait servir jusqu'à un certain point d'arme offensive. Dans les
temps héroïques, les Grecs se servaient d'un baudrier pour soutenir le
bouclier; mais les inconvénients du baudrier y firent bientôt renoncer.
Voici comment on le remplaça : on lixa au côté interne du bouclier une
bande de métal, de bois ou de cuivre, qui le traversait comme le diamètre
d'un cercle et qui était elle-même croisée par de petites barres de fer, de
manière à figurer à peu près un X. Cet appareil, dont Hérodote attribue
l'invention aux Cariens, était appelé ôyatvov ou oyavv). Au pourtour intérieur
du bouclier courait une lanière de cuir arrêtée de distance en distance par
des clous et formant ainsi une série d'anses. On trouve des exemples de
cette disposition sur des vases de terre cuite de la plus haute antiquité.
Plus tard, on fixa simplement deux anses à l'intérieur du bouclier. Le
soldat passait le bras gauche dans l'une et saisissait l'autre avec la main.
Certains peuples helléniques se servaient d'un grand bouclier oblong et
convexe nommé Oupsô; à cause de sa.ressemblance avec une porte. Enfin,
on appelait bouclier béotien un bouclier ovale échancré sur chacun de ses
grands côtés. Ces boucliers volumineux et lourds n'étaient d'usage que pour
les hoplites ou soldats pesamment armés.

I. A M R H K Q I" I N It R O D H SUR FOND DE VELOURS POURPRE.

(Travail espagnol de la seconde moitié du xvr' siècle.) — Gravure de MéaliHe.

Chez les Romains, la grosse infanterie portait un bouclier qui avait la
forme d'un carré long et qui était convexe extérieurement, de façon que sa
concavité s'adaptait assez bien à la forme même du corps. Selon Tite-
Live, lorsque Servius Tullius institua le cens, les citoyens de la première
classe firent usage du clipeus, tandis que ceux de la seconde furent armés
du scutum; mais lorsque les armées romaines commencèrent à être soldées,
le scutum fut tout à fait substitué au clipeus. La forme du scutum avait sur
les autres cet avantage que, en cas de besoin, les soldats, par une manœuvre
facile, pouvaient, en élevant leur bouclier par-dessus leur tète, former une
sorte de toit au-dessous duquel ils se trouvaient à l'abri des projectiles
ennemis. D'après Polybe, le scutum était, en général, long de i m. iS cent.,
et large de 74 cent. Il était fait de deux planches collées l'une sur l'autre et
recouvertes d'une toile, puis d'une peau de veau. Les bords étaient garnis
de fer pour recevoir les coups de taille et empêcher que le bouclier se
pourrit contre terre; une plaque de fer renforçait la partie convexe. Pour
que les soldats pussent se reconnaître dans la mêlée, les boucliers étaient
peints en rouge, en blanc ou en toute autre couleur, selon les cohortes. On
y inscrivait aussi le nom du soldat auquel il appartenait, le numéro de la
cohorte et celui de la compagnie.

Dans l'armée romaine, les vélites portaient un bouclier rond qui avait
un diamètre de près d'un mètre et qui était plus léger que le clipeus et le
scutum : on l'appelait parma, et parmula quand il était plus petit. La
cavalerie était aussi armée de cette espèce de bouclier. Les Grecs faisaient
également usage de boucliers beaucoup plus légers et moins difficiles à
manier que l'aspis et le thureos. Le plus usité était la pelta, dont Iphicrate
introduisit l'usage dans l'armée athénienne : les soldats qui portaient ce
bouclier étaient nommés peltastes. La pelta était de bois léger ou d'osier

tressé recouvert de cuir et sans bordure métallique. Sa forme était ronde,
elliptique et quelquefois carrée.

Les nations barbares avaient des boucliers de formes très diverses et
en général très légers. Les uns, comme ceux des habitants de la côte
méridionale du Pont-Euxin, étaient armés de boucliers faits de cuir de
bœuf blanc avec le poil à l'extérieur; leur forme était celle d'une feuille de
lierre; un bouclier léger, construit de la même manière, faisait aussi partie
de l'armure nationale des Thraces et des peuples de plusieurs contrées de
l'Asie. Les poètes représentent les Amazones armées d'un léger bouclier
échancré sur l'un des côtés. La cetra en usage dans l'occident de l'Europe
et en Afrique était une sorte de pelta : c'était aussi une sorte de bouclier
rond couvert d'une peau d'animal. Elle faisait partie de l'armure des
Osques, ainsi que de celle des habitants de l'Espagne et de la Mauritanie.
Chez ces derniers, elle était quelquefois faite de peau d'éléphant. 11 paraît
aussi, d'après Tacite, que la cetra était également le bouclier des Bretons.
Il est donc vraisemblable que la targe des Highlanders écossais n'est autre
que la cetra des anciens habitants de la Bretagne.

Dès la plus haute antiquité, les boucliers des chefs étaient le plus
souvent ornes de figures et d'emblèmes. Tout le monde connaît la descrip-
tion que fait Eschyle du bouclier que portaient les sept chefs devant
Thèbes.

« .....Tydeus, dans sa rage, secoue l'épais ombrage du triple cimier,

chevelure de son casque. A son bouclier, c'est un carillon d'airain, des
grelots sonnant l'épouvante. Il a sur ce bouclier pour outrecuidante devise
un ciel ciselé tout constellé des feux du soir et, au centre, resplendis-
sante, la lune en son plein, la reine des astres, l'œil de la nuit »... « Capa-
n'eus a aussi une devise : un homme nu, un pyrophore, avec une torche
 
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