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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 169 (24 Avril 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19488#0056

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L'ART ORNEMENTAL.

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qui Massé se confiait du soin de conduire l'ouvrage et de donner aux
planches une certaine intelligence. Le Moine surtout, peu fait pour cela,
leur faisait défaire aujourd'hui ce qu'il leur avait fait faire la veille. »
Enfin cette entreprise qui avait coûté tant d'argent et tant de soins, Massé
vécut assez pour en voir le terme. La Grande Galerie de Versailles et les
deux salons qui Vaccompagnent dessinés par J. B. Massé, peintre et con-
seiller de l'Académie, parut en 1753 : il y avait près de trente ans qu'elle
avait été commencée. Cette colossale entreprise exigea le concours d'un
nombre considérable de collaborateurs, tant pour les dessins que pour la
gravure. Pour les dessins, François Le Moine fut un des principaux colla-
borateurs de Massé et son intervention compliqua parfois singulièrement
le travail. Sur ce point, Cochin dans sa notice est un peu plus explicite que

Mariette : « La gravure, dit-il, avait été commencée sur des dessins où
l'effet de la lumière indiqué par les originaux de Le Brun avait été scru-
puleusement suivi. M. Le Moine très coloriste avait de tout autres idées de
l'effet. Il aimait à étendre les reflets et à tenir les ombres tendres dans les
chairs et sur les devants ; mais la gravure avait été préparée pour des
ombres vigoureuses. M. Le Moine, avec un goût de dessin extrêmement
agréable, y répandait, par le moyen du blanc, des douceurs qui faisaient
un effet charmant et que M. Massé désirait qu'il fût donné à ses planches.
Or le graveur, obligé d'effacer et de refaire son ouvrage, était désolé. Il
n'est presque aucune de ces planches qui n'ait coûté le double du temps
qui aurait suffi sans ces changements. »

On peut, dit M. Guiffrey, se faire une idée des frais considérables

Portrait de Jkan-Baptiste Massé,
Peintre et conseiller de l'Académie royale de peinture et de sculpture.

qu'entraînaient ces honorables scrupules. D'autant plus que Massé avait
jeté son dévolu sur les plus célèbres graveurs et savait libéralement
indemniser ceux dont il employait le talent. Les cinquante-cinq planches
qui reproduisent, non seulement les peintures, mais aussi les ornements
d'angle de la Grande Galerie et du salon de la Guerre et de la Paix, portent
les noms de Cars, de Simonneau, des deux Dupuis, de Laurent, de Cochin
fils, Tardieu père et fils, Desplaces, Preisler, Beauvais, Soubeiran, Wille,
Lépicié, Liotard, Duflos, Surugue père, Thomassin, Aveline, Ravenet,
Sornique ; en tout vingt et un graveurs.

Avant de se lancer dans une entreprise aussi longue et aussi dispen-
dieuse, Massé s'était assuré le concours d'un riche joaillier nommé Gode-
froy. Toutefois les frais dépassèrent les prévisions, cela s'explique aisé-
ment par ce qui vient d'être dit, et, chose étonnante, les deux associés ne
vécurent pas, par la suite, en moins bonne intelligence. Le roi, pour

dédommager l'artiste, lui acheta les dessins au prix de cinquante mille
livres. Quant aux planches, elles devinrent la propriété exclusive de
M. Godefroy de Villetaneuse, l'héritier de l'ancien associé de Massé. Elles
sont aujourd'hui conservées à la chalcographie du Louvre et figurent sous
les numéros 796 et suivants du catalogue.

Pour se livrer tout entier aux soins qu'exigeaient la préparation et la
direction d'un pareil travail, Massé avait dû abandonner à peu près l'art
qui avait commencé et porté si haut sa réputation. Avant qu'il songeât à
la publication de la galerie de Versailles, tout son temps était pris par la
peinture du portrait en miniature et à peine pouvait-il suffire aux exigences
de sa clientèle aristocratique. Quand il se fut chargé de la pénible besogne
qui devait occuper la seconde moitié de sa vie, il dut se résigner à
n'accepter qu'un très petit nombre de commandes. Il peignit cependant le
roi, la reine, le duc de Richelieu, quelques-uns des plus grands person-
 
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