Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

DOI Heft:
No. 7
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0046
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ART POVR TOVS

26

DOCUMENTS GRAPHIQUES

III. LES LETTRES ORNÉES1

ans entrer dans les détails histo-
^ riques qui sortent du cadre de
cette étude, nous allons examiner
quelles sont les différentes espè-
ces de lettres ornées dont nous
trouvons les modèles dans les
imprimés anciens, et qui forment,
sans contredit, la première et la
plus importante ornementation
des livres, avec les têtes de cha-
pitres, les culs-de-lampe et les entourages artistiques qui
n'apparaissent que beaucoup plus tard. Je crois que la
nomenclature qui va suivre n'a jamais été faite : du reste,
je m'empresse de déclarer qu'elle m'est toute personnelle
et qu'elle résulte entièrement de l'expérience que j'ai dû
forcément acquérir dans les travaux de recherche et de
classement auxquels je me suis livré pour mettre en ordre
les 20,000 lettres antiques de ma propre collection.

Les lettres ornées et tous les ornements qui en sont les
succédanés naturels se divisent en huit groupes :

1" LES GOTHIQUES. — Les gothiques sont les lettres
primitives, dont la forme archaïque révèle l'antiquité res-
pectable. Allemandes, françaises ou italiennes, ces lettres
se reconnaissent facilement et forment une première classe
à part. On y voit, ornant la lettre, des fleurs comme des
animaux, des figures comme des paysages. Il y règne la
plus curieuse diversité.

En dehors des gothiques, qui forment un tout inséparable,
les lettres ornées doivent être classées suivant la forme spé-
ciale qu'elles affectent et le genre d'ornementation qui les
décore. Nous trouvons alors :

2» LES ARABESQUES SUR FONDS BLANCS. — On
nomme arabesques les lettres dont les ornements sont entre-
mêlés de types animés, figures, animaux, sujets mytholo-
giques, etc. La Renaissance nous offre une incalculable
variété de ces magnifiques ornements au trait, exécutés
avec plus ou moins de richesse de composition.

3" LES ARABESQUES SUR FONDS NOIRS. — Ce
sont des ornements semblables aux précédents, c'est-à-dire
des types animés, figures, animaux, sujets mythologiques,
etc. Seulement ils sont sur fond noir ou criblé et le dessin
est réservé en traits blancs. Les arabesques sur fonds noirs
sont moins nombreuses que les arabesques sur fonds blancs,
mais elles nous offrent des modèles admirables de compo-
sition.

4° LES ORNEMENTS SIMPLES SUR FONDS
BLANCS. — Une série fort nombreuse de l'ornementation
des lettres est celle où l'ornement est pur, c'est-à-dire où il

1 Voyez les figures et la planche ci-jointes ; les caractères repro-
duites sur cette dernière forment une série assez caractéristique des
lettres ornées employées par la typographie parisienne au XVI' siècle.

ne se rencontre ni figures, ni animaux, en un mot rien
d'animal. Les enjolivements sont faits au trait, en noir, avec
fleurs ou feuillages, rinceaux ou niellures de toute espèce,
sur fond blanc. Ces lettres sont d'un genre plus grave que
les précédentes et l'aspect en est moins riche.

5° LES ORNEMENTS SIMPLES SUR FONDS NOIRS.
— Ce sont, comme les précédents, des ornements purs,
c'est-à-dire sans sujets animés. Le trait est blanc sur fonds
noirs ou seulement criblés. La collection en est merveil-
leuse. On ne s'imagine pas le parti qu'ont tiré les artistes du
XVIe siècle de ce mode d'ornementation.

6° LES PERSONNAGES. — Il serait difficile de se
faire, même approximativement, une idée du nombre consi-
dérable de lettres et d'ornements avec sujets à personnages.
Il n'existe pas de Bible (et Dieu sait s'il y en a au XVIe
siècle !) qui ne possède des lettres représentant des sujets
tirés de l'Écriture sacrée ! Pas d'Ovide, de Virgile ou de
Tite-Live qui ne nous représente, sous prétexte d'une lettre
initiale, des scènes historiques, des personnages mytholo-
giques et autres événements aussi antiques que curieux.
C'est certainement la classe d'ornements la plus nombreuse :
on n'a jamais tout vu. Il y a, il faut l'avouer, et surtout en
Italie, vers le milieu du XVIe siècle, une véritable débauche
de lettres et d'ornements à personnages dont parfois la
valeur artistique n'est pas très remarquable. Mais, vu le
genre, la France et l'Allemagne nous offrent de réels chefs-
d'œuvre.

7° LES ENFANTS. — Une des plus jolies séries que je
connaisse est celle où des jeux et des scènes d'enfants servent
de sujets d'ornements. Il y a là des merveilles. On y ren-
contre le Titien et Holbein ! Les deux illustres maîtres ont
dessiné des alphabets entiers ; c'est surtout dans les œuvres
des maîtres imprimeurs de la Suisse que l'on trouve ce type
charmant d'ornementation.

8° LETTRES SIMPLES ET ENTRELACÉES. — J'ai
gardé pour la fin une série très curieuse qui concerne les
lettres simples, c'est-à-dire à ornements rudimentaires et
celles qui se composent d'entrelacements compliqués du
plus joli effet. Des têtes de chapitres et des culs-de-lampe
fort curieux se rattachent à cette série pittoresque ; je me
propose de reproduire quelques types absolument étonnants
de ce genre extraordinaire qui consiste à poursuivre un trait
commencé, de façon qu'on ne puisse plus lui trouver ni
commencement ni fin, et cela à travers mille méandres et
sinuosités dont l'apparent désordre est certainement un effet
de l'art.

LES GOTHIQUES

Les scribes et les enlumineurs du XVe siècle, surpris par
l'envahissement de l'imprimerie qui absorbait si triomphale-
ment leur ancienne industrie, commencèrent par demander
aux maîtres imprimeurs de leur réserver au commencement
de chaque chapitre de leurs livres nouveaux une petite
place blanche où ils pussent utiliser leur talent d'écrivains :
de là, ces lettres rouges ou bleues, d'extérieur si modeste,
 
Annotationen