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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0060
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L'ART POVR TOVS

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Xe siècle, avec une crosse nouée et terminée par une volute
noire. Au XIe siècle, les fresques de Saint-Clément nous
montrent le pape avec une croix que tient un de ses acolytes,
mais derrière lui, on porte deux crosses avec volutes très
accentuées et nœuds feuillages.

Dans le manuscrit, dit de la reine Mélisende, conservé au
British Muséum, saint Clément est figuré tenant une grande
hampe crucifère. Sur une miniature de Gand, aussi du
XII" siècle, saint Pierre tient la croix de la main gauche.
Par contre, dans un bas-relief de Rhèdes, il est représenté
avec une crosse, ainsi que Callixte, dans un manuscrit du
XII" siècle. A Douai, sur deux miniatures de manuscrits
différents, mais contemporains, saint Grégoire porte la
crosse avec le serpent au centre de la volute. Une minia-
ture au dôme de Ratisbonne représente le souverain Pontife
une crosse à la main. On voit, par ces exemples, que le pape
avait les deux insignes pendant le haut moyen âge.

Aux XIIIe et XIVe siècles, nous retrouvons des images
qui nous le montrent encore avec une crosse, par exemple
dans un manuscrit du duc d'Aremberg, dans le reliquaire
d'Orvieto, à la chapelle des Espagnols de Florence, et, ce
qui est plus notable, dans les mosaïques de la façade de
Sainte-Marie-Majeure.

Le témoignage d'Innocent III nous prouve bien que le
pape, à la fin du XIIe siècle, avait la férule comme gérarque
universel ; mais ne peut-on croire d'après cela, qu'il conser-
vait la crosse comme évêque de Rome ? Du reste, une statue
dans la façade occidentale de Burgos, nous offre une figure
d'évêque avec la férule et la crosse à la fois dans les mains.
Quant à la croix, s'il est certain que le pape l'a toujours
portée, j'aimerais mieux en chercher l'origine dans les pre-
miers monuments de l'iconographie chrétienne que dans
une légende dépourvue d'authenticité ; ainsi les sarcophages
nous montrent saint Pierre avec une haste crucifère comme
symbole de sa mission, et cette formule iconographique se
répète au IXe siècle jusque dans le triclinium de Léon III.

On cite des exemples de crosses d'ivoire des époques
primitives, notamment celle de saint Maclou, à Bruges, mais
je ne crois pas que ce genre se répandit beaucoup avant le
X° et surtout le XI° siècle. C'est au Xe que se réfère la crosse
du trésor de Metz, en ivoire, montée en cuivre, qui fut
trouvée dans un tombeau. La volute affecte la forme d'une
branche d'arbre couverte de bourgeons ; au-dessus sont
sculptés quatre hommes demi-nus, debout, tenant une urne
d'où sortent les fleuves mystiques. Sur le tour de la hampe
on lit un quatrain en l'honneur de la sainte Croix. Si cette
crosse est originaire du Xe siècle, on doit croire qu'elle a été
remaniée à une époque plus tardive.

A Saint-Hubert près de Namur, on conserve une crosse
en ivoire. Dans le manuscrit de la vie de saint Orner, les
crosses sont très longues, largement enroulés, le nœud très
bas. La bibliothèque de Parme possède un manuscrit du
Xe siècle dans lequel une miniature représente un abbé
parlant à un guerrier ; l'abbé porte une crosse assez mas-
sive, surmontée d'une volute peu fermée. (A suivre.)

LES MVSÉES, LES LIVRES
LES VENTES ********

PUBLICATIONS ARTISTIQUES :

Il sera rendu compte de tonte publication dont deux exemplaires auront été
déposés à la rédaction de L'ART POVR TOVS, 7, rue Saint-Benoît, Paris.

— Nous recevons de Genève une gracieuse plaquette publiée sous
les auspices de la fédération des sociétés artistiques de cette ville où
l'on semble se préoccuper assez vivement désormais d'art public.
L'ENSEIGNE & L'AFFICHE (in-8, édition « Atar »), tel est le titre de
l'opuscule, dont l'auteur, un jeune architecte, M. Henry Baudin, n'a
certes pas entendu faire un ouvrage de fond ; il a voulu attirer l'atten-
tion générale sur un moyen excellent d'orner la voie publique, moyeu
trop souvent négligé ou qui, au contraire, s'il reste dépourvu d'art, peut
prendre les proportions d'une véritable calamité. M. Baudin donne,
pour Genève en particulier, quelques exemples de hideurs en ce genre,
des réclames monstres déparant divers édifices anciens ou modernes,
qui montrent à quel degré d'aberration peut atteindre le goût d'un négo-
ciant, notable ou non. Mais, assurément, les municipalités qui tolèrent de
pareils enlaidissements sont aussi fautives que ceux qui les inventent,
les commandent et les payent, elles le sont d'autant plus que, sans
doute, elles en tirent quelque profit sous forme de taxe. Et c'est ici le
cas de rappeler, avec M. Baudin, la loi promulguée par Guillaume II
il y a peu d'années, grâce à laquelle les autorités de police peuvent
interdire toutes enseignes, inscriptions ou images qui dépareraient les
paysages situés en dehors des agglomérations urbaines ou même dans
certains districts de celles-ci. Si l'on arrive, par de semblables pres-
criptions, à prohiber les détestables écriteaux qui envahissent un peu
partout la campagne, ce sera fort heureux et nous applaudirons à
toutes leurs sévérités ; mais, dans les villes, combien n'y a-t-il pas à
faire ? Sans être de ceux qui tonnent contre toute manifestation mo-
derne en matière d'édilité, on peut demander qu'un terme soit mis à
l'exploitation des surfaces aveugles des bâtisses par la réclame du plus
mauvais goût.

Tout en traitant la question à un point de vue plus spécialement
local, M. Baudin a élargi son cadre et fait quelques excursions au
dehors : plusieurs laideurs parisiennes ne lui ont point échappé. Son
travail, illustré d'un certain nombre de bonnes vignettes, sera bien
accueilli par tous ceux qui s'inquiètent — et combien ils ont raison —
de l'esthétique des villes. Peut-être les considérations historiques et
générales sur l'origine de l'enseigne et de la réclame, forcément res-
treintes ici, auraient-elles pu céder à la place à des vues plus pratiques
sur ce qu'il y aurait à faire ; peut-être aurait-on dû montrer davan-
tage combien il faut peu, parfois, pour obtenir un bon résultat : une
meilleure entente des lignes, un point de couleur, une modeste
recherche de proportions, d'harmonie ou de contraste, suffiraient
souvent. Telle qu'elle est la plaquette que nous signalons rendra des
services, surtout si on la répand largement, et dans maintes cités on
devrait publier ainsi une sorte de manuel à l'usage de tous ceux qui
se proposent de faire de la réclame murale. Jean Maxime.

*

PRIX DE VENTE :

— Les porcelaines, de Sèvres et de Saxe surtout, sont de plus en
plus recherchées, les prix montent toujours. Mais on n'avait jamais
vu atteindre de tels prix, en vente publique, pour les porcelaines de
Saxe, comme à la récente vente de la collection von Pannwitz, à
Munich. Le New- York Herald nous renseigne sur quelques enchères :
On a adjugé au D' Ostermann, au prix fantastique de près de 44,000 fr.,
les numéros 401 et 402, deux grandes pintades, hautes de 44 centimètres,
modèles de Kandler, porcelaine sans marque faite pour Auguste le Fort,
et dont une réplique se trouve dans le salon rond du palais royal à
Dresde. M. von Pannwitz avait acheté ces pintades à M. Chappey, le
grand antiquaire parisien, il y a peu d'années, et on ne croit pas qu'il
les avait pavées plus du tiers de ce prix. Les numéros 388 et 389, une
paire de grands vases à fond jaune, à décor de fleurs et réserves avec
motifs chinois, de la manufacture de Meissen, du commencement du
XVIIIe siècle, portant la marque Augustus Rex et mesurant 34 centi-
mètres de haut, ont été adjugés 37,625 fr. Les numéros 390 et 391, une
paire de grands vases à fond bleu, portant également la marque Au-
gustus Rex, ont été adjugés 30,000 fr. Le numéro 374, un groupe arle-
quin, modèle de Kandler, a été adjugé 11,250 fr. ; le numéro 375, « Le
roi Auguste III sur un cheval blanc, tenu en laisse par un nègre »,
15,625 fr. ; le numéro 377, un petit pot à surprises, décoré de motifs
chinois dans des encadrements dorés, modèle très rare, avec la marque
des épées, 4,500 fr. Les numéros 397 et 398, « Arlequins dansant »,
ancienne époque, sans marque, 5,625 fr. Le numéro 436, un groupe de
la Comédie Italienne, modèle de Kandler, 7,625 fr. Ces prix sont
éloquents et indiquent surabondamment que le Saxe jouit d'une
faveur croissante.

Librairies-Imprimeries réunies, éditeurs, Paris. - Le gérant : Ch. Eggimann.
 
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