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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0062
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L'ART POVR TOVS

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Basilewski se trouvait une crosse taillée sur cette donnée.
Dans la volute, un bélier, portant une croix pattée à branches
égales, se retourne pour regarder le serpent qui le menace ;
un petit animal à longue queue, en avant, grimpe le long de
la volute ; on distingue aussi des traces de dorure et de
peinture.

Le père Martin donne une crosse d'ivoire qui se termine
par une tête de dragon. On l'attribue à saint Yves (1191
"j" 1215) ; le dragon mord la croix au lieu du bélier ; sur la
volute sont sculptés divers animaux au milieu de rinceaux ;
sur la face, une figure d'évêque avec la mitre et la crosse
sous un tabernacle roman. M. Carrand, qui possédait ce
précieux objet, a été assez heureux pour retrouver, à Beau-
vais, le nœud qui est richement orné.

Une crosse d'ivoire, attribuée à saint Godehard (f 1038),
se voit encore à Hildesheim ; elle montre aussi cette lutte
du serpent contre la croix. Dans la collection Stein, une
crosse de même style (C), porte, au lieu du bélier, un
animal qui paraît être une biche, avec un aigle qui plane
au-dessus, mais ce sujet paraît échapper au symbolisme
dont nous suivons les manifestations.

Le musée de Nuremberg possède une crosse d'ivoire qui
provient de l'église de Nonnberg, à Salzbourg ; elle porte
un agneau dans sa volute et quelques traces de peinture.
On conservait, au siècle dernier, dans le trésor de la cathé-
drale de Fulda, une crosse dont la volute encadrait un
bélier crucifère. Nous ne savons à quelle époque reporter la
crosse de saint Erhard (f 742) que l'on conserve à Ratis-
bonne. La volute en ivoire montre att milieit ttn dragon
qui mange des feuilles ou fruits et qui sort d'un nœud feuil-
lagé ; deux autres nœuds ornés d'entrelacs coupent cette
volute qui est chanfreinée ; nous avons trop peu de points
de comparaison avec le VIIIe siècle, et nous voyons, d'un
autre côté, que le dragon convient comme caractéristique à
l'époque romane.

On croirait, du reste, à tort que le sujet du bélier fut tou-
jours adopté pour l'ornementation intérieure de la volute
et nous venons même de voir une scène d'un autre genre
dans la collection Stein ; dans le trésor de Saint-Trophime,
à Arles, M. de Laurière a pris la photographie d'une crosse
de ce temps ; elle représente, au lieu de l'agneau, une scène
d'ensevelissement (/)). La tête du dragon qui termine la
volute est soutenue par une petite cariatide ; la grande face
de la volute est ornée de bêtes fantastiques. Le tombeau
peut être celui de saint Césaire, et l'ivoire destiné à conser-
ver le souvenir d'une reconnaissance de ses reliques.

LES TAUS. — Ce fut au XIe siècle que se répandirent le
plus les crosses en T, surtout dans les abbayes ; c'est ce
qui nous engage à en parler en ce moment, quoi qu'on en
trouve aussi à d'autres époques. On conserve à Salzbourg
le bâton de saint Rupert (-j- 718) terminé dans le haut par
deux volutes en serpent ; je n'ose le porter à une époque si
reculée malgré la simplicité du travail, d'autant plus qu'une
pièce du même genre, avec les deux serpents et une main
figurée au milieu du T, le rappelle et passe pour un ouvrage
du X° siècle. Une miniature du Xe siècle, de Saint-Gall, nous

montre saint Magnus avec le T. On retrouva dans le tom-
beau de Morard, abbé de Saint-Germain des Prés (f 990),
un T dans lequel la potence est un cylindre orné de grandes
palmes et bordé d'entrelacs. Il est déposé maintenant au
musée de Cluny.

La première crosse en T que le XI6 siècle nous offre avec
certitude est celle qu'on trouva en 1850 dans le tombeau
de Gérard, évêque de Limoges (j 1022) ; elle n'avait plus
que les deux extrémités, la potence d'ivoire et le cône de
cuivre, séparés par un intervalle de 2 mètres qui indiquait
la hauteur de la hampe disparue. L'ivoire se compose de
deux têtes de lion adossées, de style arabe, séparées par un
courant de postes, belle sculpture, largement et simplement
traitée. Cette découverte est non seulement importante en
elle-même, mais aussi parce qu'elle prouve que le T servait
aux évêques et n'était pas exclusivement abbatial. On a
répondu que cet objet rappelait peut-être sa dignité à l'ab-
baye de Saint-Hilaire. Le caractère de l'évêque est tellement
stipérieur, qu'il me semble plus probable qu'on a dû préfé-
rer lui en laisser l'insigne. Le musée de Chartres possède
le moulage de deux T du même genre à traverses cylin-
driques ; l'un est uni, l'autre orné de rinceaux et d'une tête
au centre.

On conserve au musée de Marseille la pierre tombale de
l'abbé saint Isarn (f 1048). A côté de la figure du défunt,
on voit représenté un T sur la traverse duquel on lit le mot
virga qui explique la fonction de suprématie et de répression
appartenant au chef d'un monastère. On croit conserver à
Chemillé le bâton abbatial de Robert d'Arbriselle (1047
\ 1117) ; la hampe est en bois, la pointe en cuivre, et la
traverse du haut, qui ressemble à une poignée, en cristal de
roche monté en cuivre. Toute la pièce a l'"45 de hauteur.

A Brienon-1'Archevêque, il existe un T semblable qu'on
dit façonné avec le bâton de saint Loup (-j- 623) ; ce bâton,
en bois grossier, est enchâssé dans une pointe et deux
douilles dorées, et surmonté d'une poignée en cristal de
roche dont une partie fait défaut maintenant ; la hampe vers
le haut est entamée par les fidèles qui sont venus y chercher
des reliques. Le père Martin, à cause du bouton de cristal
de roche qui surmonte la poignée, voyait dans cet objet un
bâton de chantre ; il oubliait que cet écrou était nécessaire
pour fixer la poignée et que sa forme arrondie ne pouvait
aucunement blesser la main. Cette relique est enfermée dans
un étui de cuir bouilli.

Il y avait à Mont-Saint-Quentin, près de Péronne, du
temps de Montfaucon (1725), deux bâtons pastoraux d'ar-
gent, fort anciens, de la longueur d'une canne, dont le diacre
et le sous-diacre se servaient pour s'appuyer dans certaines
processions au dehors ; ce curieux renseignement semble
montrer que les T n'étaient pas le privilège des abbés et,
de plus, que l'ancienne tradition qui nous rappelle les fidèles
appuyés à l'église sur des bâtons existait encore chez le
clergé.

Nous ne pouvons oublier le T de saint Héribert (f 1021),
archevêque de Cologne, que l'on conserve dans l'église de
Deutz, où il avait fondé un monastère. Ce T a la poignée
d'ivoire terminée par deux têtes de dragon, entre lesquelles
 
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