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Instytut Historii Sztuki <Posen> [Hrsg.]
Artium Quaestiones — 10.2000

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Rozprawy
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Skibiński, Szczęsny: L' église des dominicains de Colmar comme l'image de l'homme et de la société
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https://doi.org/10.11588/diglit.28185#0015
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L’ÉGLISE DES DOMINICAINS DE COLMAR COMME L’IMAGE DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ

13

L’architecture même impose une interprétation: la forme riche corre-
spond à l’autel et aux moines qui pratiquent la liturgie, la sobriété corre-
spond à la nef où se tiennent les fidèles. Mais ces religieux qui sont assis
au milieu de ce choeur architeconiquement riche font de la mendicité
parmi ceux qui se trouvent dans un espace «pauvre»; de quel droit peu-
vent-ils donc se dresser architectoniquement au-dessus de leurs bienfai-
teurs et pourquoi ces derniers y consentent-ils? La hiérarchie tradition-
nelle de la forme qui correspond à la formule: le riche au riche, est soit
mal présentée (le riche au pauvre), soit les termes riche et pauvre ou as-
cétique dans le sens architectural ne saisissent pas l’essentiel, cest-à-dire
caractérisent de façon impropre la situation formelle de l’église des domi-
nicains de Colmar.

L’architecture est le domaine de la création artistique qui ne se réfère
pas en principe à l’ordre de la nature. Mais il est connu qu’on trouve déjà
dans la théorie antique de l’architecture des indications sur les sources
naturelles de la forme architectonique dont la justification de la propor-
tion des colonnes dans les ordres qui se référent aux proportions du corps
humain, données par Vitruve. Mais on peut toujours dire que l’architec-
ture, contrairement à d’autres formes de l’art, est dépourvue de fonction
mimétique. Si l’homme qui crée une oeuvre architecturale n’imite pas la
nature, n’imite pas ce qui lui est en certain sens extérieur, il est donc né-
cessaire de reconnaître qu’il s’exprime lui-même à travers l’architecture.
Si nous poursuivons nos recherches dans un tel champ, nous pratique-
rons l’anthropologie de l’architecture. Vitruve, mentionné auparavant, a
introduit une telle interprétation anthropologique des colonnes dans son
oeuvre. En parlant de l’ordre dorique il a comparé les proportions solides
de ce genre des colonnes au corps masculin, les proportions plus sveltes
de l’ordre ionien à celles du corps mûr féminin et l’ordre corynthien aux
proportions du corps svelte d’une fille7.

Nous pouvons parvenir au sens anthropologique de l’architecture mé-
diévale par des voies très différentes, à travers les interprétations ecclé-
siologiques savantes de l’époque et à travers les interprétations contem-
poraines psychanalytiques. Pour un historien de l’architecture le sens qui
reste est celui celui qui résulte du contact direct avec des oeuvres archi-
tectoniques. Commençons par l’explication du sens de l’église à Colmar à
partir de l’opposition matérielle, la plus concrète, entre le choeur et la
nef, voire entre leurs couvertures: la voûte en pierre du choeur et la
couverture en bois de la nef.

7 La démarche anthropologique de l’urbanisme et de l’architecture est présentée par
J. Rykwert, The Idea of a Town. The Antropology of Urban Form in Rome, Italy and the
Ancient World, Cambridge (Masachussetts), London 1995; v. aussi The Dancing Column.
On Order in Architecture, Cambridge (Massachusetts), London 1996.
 
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