Philostratus, Flavius [Hrsg.]; Philostratus <Iunior> [Hrsg.]; Callistratus <Sophista> [Hrsg.]; Vigenère, Blaise de [Übers.]; Artus, Thomas [Übers.]: Les Images Ov Tableavx De Platte Peintvre Des Deux Philostrates Sophistes Grecs Et Des Statves De Callistrate (Paris, 1629) [Cicognara, 1933-2]

7s8 aiax locrien.

AiAX LOCRIEN.

Estvi-cy, selon le dire de Prothesilaus estoît
vaillanthomme de sapersonne, &preux aux armes,
en quoy il se parangonnoit à Diomede, & Sthenelj
mais dentendement & prudence il estoic tenu en
moindre estime, &nevou!oit presque en rien obeïr
à Agamemnon 5 parce qu il estoit nay dVn pere
sèigneur de Locres 5 qui auoit beaucoup depouuoir*
& en auoic amené vne groste trouppe de braues hom-
mes, sique tantque iauray aupoing ce glaiue icy û
bien fourby &C resplendissant, ce disoit-il à haute voix en mohstrant son
coutelas desgainé, ie nobeïray pas volontiers nyaux Atrides, ny à autre
quelconque. Telles choses, &autres semblables alloit-il disant ordinaire-
ment, d’vn fier regard, &C branssant la teste, les cheueux heriisez de sagrande
ardeur de courage. Car il disoit que ceux qui faisoient ioug sous Aga-
memnon estoient là venus pour raison d Helene, &C luy pour la gloire &C
reputation de 1 Europe, estant bien raisonnable que les Grecs dominailent
sur les barbaresde TAsie. 11 auoit au surplus vn grand serpent appriuoisé,
de la longueur de quinze pieds, qui mangeoic à sa table,&: conuersoit fami-
lieremet auecluy,lesuiuant par toutcommevnbracque. Quant à Cassàn-
dre, qu’il auoit dc vray arrachée de force de lftmage de Minerue qu’elle
auoit empoignée poursa franchise & sauuegarde, penstant qistelle luy tai-
soit sapriere, maisilne sauroit pasvioiée pourtant,ny fait autre outrage
easortequelcôquc,comme lesfables l’ont controuué,ains lauroit emme-
née cn son pauillon: & là dessus Agamemnon y estant suruenu, quand il la
veid si belle & bicn attifFée il sen seroit amouraché tout de ce pas, tellemcnt
qu îl la luy osta,dont seroit venu à sourdre vne grosse querelle & concentioii
entr’eux au departement du butin, Aiaxalleguant estre raisonnabJcque ia
priseluy demeurast,&l autrenelavoulant rendreà vnqui se feroitmôstré
ainsi impie enucrs la Deessesshrquoy il en auroit attiré plusieurs qui alloicnC
semansceblasmedeluy parle camp pour krendre odieuxenuers sarmée,
&que laDeesse enestoitfort courroucée,&endemonstroitbeaucoup de
mauuais&fascheux signes pour raisonde ce rauiilement &effort, mena-
çant lesGrecs de vouloirabandonner leur party s’ils ne mettoieut Aiax à
morte Lequel discourant en son esprit que ceste calomnic le pourroit bien

ayscment