DOI issue:
No. 373 23 Mai 1908
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.43983#0144
An Salon des Humoristes
La France était autrefois le pays de la gaieté. Les
écrivains gaulois, les artistes gaulois étaient les
grands amuseurs de l’Europe. Mais en riant et en
faisant rire, ils savaient aussi bafouer les ridicules et
stigmatiser les vices de leur époque. La France fut la
patrie de Rabelais, le plus formidable rieur et le plus
terrible satiriste de tous les pays et de tous les temps.
Aujourd’hui, débarrassé enfin, après une lutte de
quatre siècles, des cagots et des moines, le pays de
Rabelais est tombé sous la férule des parpaillots.
Le temple s’est élevé sur les ruines de la cathé-
drale, et le coq gaulois n’est plus qu’un oiseau gro-
tesque châtré par le lugubre et calamiteux Bérenger.
Il n’y a plus, il ne doit plus y avoir de Gaulois en
France....
Mais, heureusement, il y a encore des humoristes.
*
* *
Des Humoristes ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
Qu’on nous permette cette légère critique :
Le mot n’a pas de sens. Ou plutôt, il n’offre une
signification nette et précise que dans les pays anglo-
saxons. L'humour, c’est la gaieté de l’ivrogne qui
roule dans le ruisseau en éructant d’incohérentes
âneries ; c’est le rire macabre du croque-mort en
goguette; c’est la farce de carabin. Mais oen’est ni de
l’art, ni de la littérature : c’est un produit patholo -
gique des climats brumeux.
Et pourtant, nous avons, en France, des humo-
ristes. Nous avons même un salon des humoristes !
... Ceci dit, hâtons-nous de constater que nos
« humoristes » sont aussi peu humoristes que possible,
au sens anglo-saxon du mot. Malgré Bérenger, malgré
le Temple, en plein règne des parpaillots, ils osent
être gais, légers, spirituels, gaulois. Et nous consta-
tons avec joie qu’il ne faut pas attacher d’importance
à la fallacieuse pancarte qu’ils ont collée au fronton
de ce Salon, que nous appellerons, si vous le voulez
bien, pour ne pas chicaner trop longtemps survies
mots : le salon des fantaisistes.
> *
* *
La fantaisie est scuveraine maîtresse, Mans ce
salon joyeux. On y rit, on y blague, on y pinoe libre-
ment, et depuis les illustres bouffons qui servent de
têtes de T lires à Barrère, jusqu’aux «gosses »si dou-
loureux et si comiques de notre admirable Poulbot,
chacun en prend « pour son rhume ». — Oui, oui,
nous savons rire encore, rire de tout et de tous, des
fâcheux et des bouffis, des pédants et des cuistres,
du Vice et de la Vertu ; car notre solennelle Vertu
est au moins aussi risible que le Vice de nos ancêtres.
Entrez, mesdames et messieurs, entrez au salon
des Fantaisistes, et vous rirez. Entrez vite ! c’est une
oocasion qu’il ne faut pas perdre.
*
* *
Les maîtres du dessin fantaisiste sont tous là.
Vous les connaissez : Voici Abel Faivre, dont les
saillies énormes secouent jusqu’au spasme l’épigastre
du plus morose; voici Willette qui nous amuse et no us
attendrit par ses conseils à Madeleine, sa délicieuse
petite élève ; voici Louis Morin qui voit toujours
la «vie en rose» etqui n’a de haine que pour la laideur
des Tartufes — mais comme il sait bien haïr, quand
il veut, ce délicat et pur artiste ! — Voici Wely qui
ne trouve aucun reproche à faire aux petites femmes
polissonnes et qui leur pardonne tout, pourvu qu’elles
soient jolies. Voici Poulbot déjà nommé, qui expose
une vingtaine de dessins dont beaucoup sont connus
des lecteurs de Y Assiette au Beurre, mais qui a modelé
en outre, pour ce Salon, une vingtaine de figurines
d’une vérité, d’une intensité d’expression extraordi-
n liras, et représentant tous les petits de la « laïque » :
le loustic qui passe son temps à faire des niches au
maître, la petite fille bien sage et la petite « dissipée »,
les crève-de-faim et les bien nourris, graine d’apaches
et graine de bons bougres. Voici encore Léandre,
Métivet, Neumont, Vadasz, Réalier-Dumas, Edouard
Bernard, Hermann-Paul, Ibels, Weiluc, Carlègle,
Roubille, et tant d’autres que nous ne pouvons même
pas nommer...
Après tout, appelez-les humoristes, si vous voulez.
Pour nous, ce sont des créateurs de joie, de beauté,
d'aimable et gauloise fantaisie.
BÉNÉDICTINE
■ ■ • V
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* Publicité Ch. Maillard, 8, rue Saint-Lazare, Par*
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(Une chaîne frurmette est jointe à la montre).
« Détacher ce BON et l’envoyer avec 9 fr. 50
en mandat - poste pour recevoir franco cette
élégante et bonne montre, demi-plate ».
(En cas de non-cou venante, nous l’échangerons, sans difficulté);
S'applique au pinceau sur métal après simple
nettoyage, sèche en Quelques minutes, ne dégage
pas (Todeur, résiste à la chaleur.
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