— Messieurs, qui de nous va se dévouer et se laisser tuer pour montrer que la Révolution existe ?
porter la responsabilité de toutes les hontes qui placent la
Russie au pilori des peuples, de toutes ces horreurs qui
attirent ce pays vers le gouffre dans lequel, tôt ou tard,
les « tchinovniks » le feront crouler.
Oui, tout cela, c’est l’œuvre de laPolice Impériale Russe!...
Comme ancien attaché à la Sûreté de Varsovie, je déclare
catégoriquement, fermement, en m’appuyant sur des faits
indiscutables, que dans le Département de la Police, dans
les Bureaux de la Sûreté et dans ceux de la Gendarmerie,
la provocation règne en maîtresse. C’est un système préco-
nisé par M. le Ministre lui-même.
Le moyen radical et systématiquement appliqué par le
ministère de l’intérieur à la recherche des organisations
révolutionnaires, c’est la provocation.
Dans les rangs de tous les partis révolutionnaires exis-
tant en Russie, et même dans les partis de l’opposition, le
Gouvernement a ses « collaborateurs secrets » ; c’est l’euphé-
nisme qui sert à désigner les agents provocateurs.
Ces agents, dépendant du Département de la Police,
de la Sûreté, ou de la direction de la Gendarmerie, accom-
plissent des actes terroristes, créent des laboratoires de
bombes, des imprimeries clandestines, et fomentent ainsi
de grands procès politiques dans lesquels figurent presque
toujours des victimes habilement attirées.
Je puis affirmer que, si la provocation n’existait pas,
la majorité des procès politiques n’auraient jamais vu le
jour. Mais ces affaires procurent une vie large aux fonction-
naires : il est donc logique
qu’ils ne dédaignent aucun
moyen pour les faire naître.
La preuve de cette asser-
tion, nous la trouverons
dans quelques faits qui,
mieux que tous les essais
psychologiques, vont nous
montrer ce qu’est, en réalité,
le terrorisme policier en
Russie.
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Quand de Plehve prit la
direction du ministère de l’intérieur, il résolut d’en finir
avec la révolution et, pour cela, il commença par réformer