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A» 13®0JTOR'H
^ONyUGE UN AGENT PROVOCATEUR
— Le tribunal vous condamne à la peine de mort... Main-
tenant, rentrez chez vous, mon automobile vous attend
devant la porte.
le Département de la Police. Le chef de la Section des
Recherches politiques, Ratchkovsky, homme rusé, sans foi
ni loi, une fieffée canaille, en un mot, lui déplut au pre-
mier abord. Ratchkovsky voulait garder la politique
intérieure pour lui tout seul et il mettait la plus mauvaise
grâce à communiquer à de Plehve les renseignements
obtenus ; des froissements se produisirent entre eux
et de Plehve obligea Ratchkovsky à quitter sa place. On com-
prend que Ratchkovsky en conçut une profonde rancune
contre le ministre.
Ratchkovsky se retira à Varsovie où, sans aucune raison
plausible, il fréquentait les Bureaux de la Sûreté Politique
et où il rencontra, au mois de juillet 1905, un des chefs du
parti révolutionnaire, Azew.
Les deux hommes eurent de fréquentes entrevues au
cours desquelles, nous en avons la preuve, fut réglé dans ses
moindres détails l’attentat où de ' Plehve devait trouver la
mort ; après quoi Azew retourna à Pétersbourg pour diriger
l’exécution de cet attentat.
Après la mort de de Plehve vint le ministère de Sviatopolk-
Mirsky qui fut d’ailleurs de courte durée et qui fut, à son tour,
remplacé par Boulyguine. C’est alors que Ratchkovsky
reprit sa place au ministère. Azew rede-
vint son subordonné et, pour donner à
son supérieur le moyen de se distinguer,
il ' proposa quelques nouvelles affaires
d’une très haute importance.
En effet, au moment même où il
rentre au service de Ratchkovsky, nous
voyons Azew présenter au comité
central du parti socialiste-révolutionnaire
trois plans d’attentats de tout premier
ordre : i° attentat contre Trépoff et
Boulyguine ; 2° attentat contre le gou-
verneur général de Kieff, Kleyguels ;
30 attentat contre le grand-duc Serge.
Trois groupes de terroristes furent
désignés pour accomplir les attentats. Le
but de Ratchkovsky était de les arrêter
au moment même de l’exécution.
Mais ce joli plan ne réussit qu’à
demi. Si la police put arriver à temps,
à Kieff ; si les terroristes qui préparaient
l’attentat contre Trépoff et Boulyguine
et qui étaient dirigés par Azew lui-même
purent être arrêtés avant que cet attentat
fût perpétré, lc complot contre le grand-
duc Serge réussit bel et bien, jusqu’au
bout. Le grand-duc Serge peut être con-
sidéré comme une victime expiatoire de
la provocation policière.
On avait fait savoir, à Moscou, qu’un
attentat se préparait contre le grand-duc. Les conjurés
étaient surveillés ; mais, de Pétersbourg, on avait
recommandé de ne pas procéder aux arrestations avant
que l’ordre en fût donné. On n’avait rien dit au grand-
duc ; on s’était contenté de demander à son entourage de
prévenir la Sûreté *de chacune de ses sorties. Or, il arriva
que Serge sortit sans protocole. La Sûreté l’ignorait; il n’y
avait pas d’agents sur son
passage. Mais Kalaïeff s’y
trouva justement ce jour-
là... et voilà comment le
grand-duc fut exécuté.
Au procureur impérial
la police déclara n’avoir
rien connu, et elle s’em¬
pressa de faire disparaître
toute trace de la sur¬
veillance.
Pour avoir « prévenu »
les attentats contre Tré¬
poff et Dournovo, Ratch¬
kovsky fut nommé, par
A» 13®0JTOR'H
^ONyUGE UN AGENT PROVOCATEUR
— Le tribunal vous condamne à la peine de mort... Main-
tenant, rentrez chez vous, mon automobile vous attend
devant la porte.
le Département de la Police. Le chef de la Section des
Recherches politiques, Ratchkovsky, homme rusé, sans foi
ni loi, une fieffée canaille, en un mot, lui déplut au pre-
mier abord. Ratchkovsky voulait garder la politique
intérieure pour lui tout seul et il mettait la plus mauvaise
grâce à communiquer à de Plehve les renseignements
obtenus ; des froissements se produisirent entre eux
et de Plehve obligea Ratchkovsky à quitter sa place. On com-
prend que Ratchkovsky en conçut une profonde rancune
contre le ministre.
Ratchkovsky se retira à Varsovie où, sans aucune raison
plausible, il fréquentait les Bureaux de la Sûreté Politique
et où il rencontra, au mois de juillet 1905, un des chefs du
parti révolutionnaire, Azew.
Les deux hommes eurent de fréquentes entrevues au
cours desquelles, nous en avons la preuve, fut réglé dans ses
moindres détails l’attentat où de ' Plehve devait trouver la
mort ; après quoi Azew retourna à Pétersbourg pour diriger
l’exécution de cet attentat.
Après la mort de de Plehve vint le ministère de Sviatopolk-
Mirsky qui fut d’ailleurs de courte durée et qui fut, à son tour,
remplacé par Boulyguine. C’est alors que Ratchkovsky
reprit sa place au ministère. Azew rede-
vint son subordonné et, pour donner à
son supérieur le moyen de se distinguer,
il ' proposa quelques nouvelles affaires
d’une très haute importance.
En effet, au moment même où il
rentre au service de Ratchkovsky, nous
voyons Azew présenter au comité
central du parti socialiste-révolutionnaire
trois plans d’attentats de tout premier
ordre : i° attentat contre Trépoff et
Boulyguine ; 2° attentat contre le gou-
verneur général de Kieff, Kleyguels ;
30 attentat contre le grand-duc Serge.
Trois groupes de terroristes furent
désignés pour accomplir les attentats. Le
but de Ratchkovsky était de les arrêter
au moment même de l’exécution.
Mais ce joli plan ne réussit qu’à
demi. Si la police put arriver à temps,
à Kieff ; si les terroristes qui préparaient
l’attentat contre Trépoff et Boulyguine
et qui étaient dirigés par Azew lui-même
purent être arrêtés avant que cet attentat
fût perpétré, lc complot contre le grand-
duc Serge réussit bel et bien, jusqu’au
bout. Le grand-duc Serge peut être con-
sidéré comme une victime expiatoire de
la provocation policière.
On avait fait savoir, à Moscou, qu’un
attentat se préparait contre le grand-duc. Les conjurés
étaient surveillés ; mais, de Pétersbourg, on avait
recommandé de ne pas procéder aux arrestations avant
que l’ordre en fût donné. On n’avait rien dit au grand-
duc ; on s’était contenté de demander à son entourage de
prévenir la Sûreté *de chacune de ses sorties. Or, il arriva
que Serge sortit sans protocole. La Sûreté l’ignorait; il n’y
avait pas d’agents sur son
passage. Mais Kalaïeff s’y
trouva justement ce jour-
là... et voilà comment le
grand-duc fut exécuté.
Au procureur impérial
la police déclara n’avoir
rien connu, et elle s’em¬
pressa de faire disparaître
toute trace de la sur¬
veillance.
Pour avoir « prévenu »
les attentats contre Tré¬
poff et Dournovo, Ratch¬
kovsky fut nommé, par