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'pour les contributions indirectes proprement dites, l’Octroi coûte :
A cinq huitièmes des communes, io à 15 % ;
A deux —■ — — 15 à 20 % ;
A un —- — — 20 à 30 % ;
Mais que dire des particuliers ? Une voiture... Il faut en revenir
sans cesse à cette importante partie de l’outillage industriel et commer-
cial. L’employé d’Octroi ne néglige certes pas le piéton, mais pour
lui rien ne vaut la voiture. Il la voit venir de loin, observe ses capots
lourds ou légers ; ses derniers tours de roues francs ou sinueux lui
disent quelque chose, son arrêt net ou hésitant parle à son esprit;
jusqu’aux grincements des ferrures, au crissement du frein qu’il
comprend à sa façon.
« Napées, nymphes des bocages, des vallons, des prairies, que
« n’effarouchent plus le cheval hennissant ou l’auto mugissante des
« routes, et toi Mercure, dieu de l’éloquence et des marchands, faites
« que notre tintinnabulum soit agréable aux oreilles de l’employé
« d’Octroi et nous rende son esprit favorable. »
Le voici qui s’avance vers nous, la démarche alourdie par l’armure
administrative. Il nous contourne à demi, se penche un peu avant de
mous aborder. Le geste, le regard hypnotique, dont il immobilise
l’engin si prompt à 1 ui "'échapper, semble exprimer cette pensée de
tous ses instants : la voiture, voilà l’ennemie !
Une voiture qui livre dans la banlieue de Paris avec deux che-
vaux et deux livreurs a, selon son genre de produits, le tiers ou le
quart de son temps perdu par les octrois. Un calcul modéré l’estime
dans l’inventaire annuel à 1.500 ou 2.000 francs par unité. Multi-
pliez, s’il y a lieu, ces chiffres par plusieurs. Où ces sommes seront-
elles versées, sinon dans les frais généraux, dont s’augmentent les
prix de vente au détriment de l’acheteur ? Notez que ce service de
livraisons, s’il porte sur des matières premières, sera renouvelé par
l’employeur pour la marchandise fabriquée.
Les défenseurs de l’Octroi n’ont-ils pas dit par M. Brelay, l’un
d’entre eux, qu’une famille d’ouvriers de quatre personnes avec un
salaire annuel de 2.000 francs verse à l’octroi 7,50 % de son salaire,
alors que M. Lyonnais a fait ressortir à la Chambre des Députés en
1889 qu’une famille de quatre personnes, avec un revenu de
10.000 francs, ne versait que 1,77 % de son revenu ? Qu’on dise encore
que l’octroi est à l’avantage de l’ouvrier ! ,J
En 30 ans, le montant des dettes communales s’est accru de 80 fr.
par tête. C’est que le fameux avantage qu’a l’Octroi d’être impercep-
Dessin de RADIGUET
VÉRIFICATION DES COLIS
— Saloperie! Je croyais que c’était du rhum, et c’est de l’huile de foie de morue!
'pour les contributions indirectes proprement dites, l’Octroi coûte :
A cinq huitièmes des communes, io à 15 % ;
A deux —■ — — 15 à 20 % ;
A un —- — — 20 à 30 % ;
Mais que dire des particuliers ? Une voiture... Il faut en revenir
sans cesse à cette importante partie de l’outillage industriel et commer-
cial. L’employé d’Octroi ne néglige certes pas le piéton, mais pour
lui rien ne vaut la voiture. Il la voit venir de loin, observe ses capots
lourds ou légers ; ses derniers tours de roues francs ou sinueux lui
disent quelque chose, son arrêt net ou hésitant parle à son esprit;
jusqu’aux grincements des ferrures, au crissement du frein qu’il
comprend à sa façon.
« Napées, nymphes des bocages, des vallons, des prairies, que
« n’effarouchent plus le cheval hennissant ou l’auto mugissante des
« routes, et toi Mercure, dieu de l’éloquence et des marchands, faites
« que notre tintinnabulum soit agréable aux oreilles de l’employé
« d’Octroi et nous rende son esprit favorable. »
Le voici qui s’avance vers nous, la démarche alourdie par l’armure
administrative. Il nous contourne à demi, se penche un peu avant de
mous aborder. Le geste, le regard hypnotique, dont il immobilise
l’engin si prompt à 1 ui "'échapper, semble exprimer cette pensée de
tous ses instants : la voiture, voilà l’ennemie !
Une voiture qui livre dans la banlieue de Paris avec deux che-
vaux et deux livreurs a, selon son genre de produits, le tiers ou le
quart de son temps perdu par les octrois. Un calcul modéré l’estime
dans l’inventaire annuel à 1.500 ou 2.000 francs par unité. Multi-
pliez, s’il y a lieu, ces chiffres par plusieurs. Où ces sommes seront-
elles versées, sinon dans les frais généraux, dont s’augmentent les
prix de vente au détriment de l’acheteur ? Notez que ce service de
livraisons, s’il porte sur des matières premières, sera renouvelé par
l’employeur pour la marchandise fabriquée.
Les défenseurs de l’Octroi n’ont-ils pas dit par M. Brelay, l’un
d’entre eux, qu’une famille d’ouvriers de quatre personnes avec un
salaire annuel de 2.000 francs verse à l’octroi 7,50 % de son salaire,
alors que M. Lyonnais a fait ressortir à la Chambre des Députés en
1889 qu’une famille de quatre personnes, avec un revenu de
10.000 francs, ne versait que 1,77 % de son revenu ? Qu’on dise encore
que l’octroi est à l’avantage de l’ouvrier ! ,J
En 30 ans, le montant des dettes communales s’est accru de 80 fr.
par tête. C’est que le fameux avantage qu’a l’Octroi d’être impercep-
Dessin de RADIGUET
VÉRIFICATION DES COLIS
— Saloperie! Je croyais que c’était du rhum, et c’est de l’huile de foie de morue!